DOMAINE MORITZ / Claude Moritz et sa famille
Cette Mercedes W111 de 1963, une 220 SEB, parait encore neuve chez ce vigneron qui l’a achetée d’occasion il y a 45 ans ! Une voiture d’avant garde à l’époque par ses innovations techniques.
Depuis le siège arrière, cette vision d’enfance était fascinante. Et il en reste encore le souvenir d’une aiguille montant verticalement comme dans un thermomètre sur le tableau de bord du conducteur au fur et à mesure de l’augmentation de la vitesse ! Plus étonnant encore : elle changeait même progressivement de couleur comme si elle reflétait les efforts et l’élévation de la température du moteur tournant de plus en plus vite sur cette Mercedes W 111 lancée en 1959.
L’Allemagne émergeait alors de l’après guerre, et de l’austérité du modèle « ponton » de la marque à l’étoile sorti en 1953 . Pour séduire la nouvelle classe moyenne, Mercedes s’émancipait en donnant des airs d’Amérique à sa luxueuse nouveauté rutilante de chromes avec ailerons arrières comme les Cadillac, mais en plus discret, et grand parebrise panoramique. Toute l’originalité de cette nouvelle Mercedes W111 (du nom de son code chassis) n’était pas non plus passée inaperçue en Alsace au jeune Claude Moritz aujourd’hui vigneron à Andlau sur le fameux Grand Cru Kastelberg.
« J’étais subjugué par cette belle auto que s’était acheté notre voisin. Je la voyais tous les jours, et rêvais d’en avoir une, raconte -t- il. Finalement en 1977, ce monsieur devenu veuf ne pouvait plus conduire, et il me l’a cédée pour 10 000 francs. Je n’avais que 21 ans à l’époque, et j’étais tout fier de me retrouver au volant d’une telle voiture ! »Aujourd’hui, malgré les années et les 150 000 km au compteur, cette Mercedes 220 SEB de 1963 paraît encore comme neuve.
Détail incroyable : sa batterie Tudor est d’origine, après 60 ans de service, tout comme les plaques d’immatriculation ! Et son 6 cylindres en ligne 2,2 l ronronne gentiment, prêt à délivrer ses 120 ch pour caracoler à 175 km/h après un tranquille 0 à 100 km/h en 14 secondes. Outre son design original qui sortait du lot avec à l’avant ses trois blocs phares verticaux sous globe en verre, la Mercedes W111 alignait les nouveautés techniques avec le premier moteur à injection avant les Peugeot 404, et le premier essieu arrière oscillant qui rendait la voiture plus stable en ligne droite ou en virage.
Elle innovait aussi en matière de sécurité en étant la première au monde conçue avec une structure avant et arrière déformable. Pour amortir les chocs (d’où ce très long coffre), et mieux protéger les passagers bénéficiant aussi des premières ceintures de sécurité rétractables, et de rembourrage sur le moyeu du volant et la planche de bord. Tout était même prévu en cas de scénario catastrophe : le parebrise s’éjectait alors automatiquement.
Sa réputation de berline de luxe, la Mercedes W111 pouvait aussi se l’attribuer par son confort avec une suspension très souple, quitte à engendrer un peu de roulis, et des sièges en cuir moelleux dans lesquels on s’enfonçait avec plaisir pour de longs trajets. Ou s’allonger quand ils se transformaient en couchette ! Le summum sera atteint en 1961 avec la 300 SE de 160 ch équipée d’un 6 cylindres de 3 litres, le plus gros moteur de la marque à l’époque, celui de la fameuse limousine imposante dite « Adenauer ».
Cette version 300 SE de la Mercedes W111 servira de vitrine de prestige à la marque qui y inclura ses dernières innovations prouvant son avance technique sur la concurrence : 4 freins à disque, lunette arrière dégivrante, vitres électriques, suspension pneumatique, fermeture centralisée des portières. Au total, entre 1959 et 1968, il se vendra 370 807 exemplaires de la Mercedes W111. Et les plus belles seront immortalisées à tout jamais par leurs versions en coupé ou cabriolet. Grâce au coup de crayon d’un génial styliste, le Français Paul Bracq qui créera aussi plus tard chez Mercedes un autre best-seller : la fameuse Pagode !
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
NOUVELLE MERCEDES EQE : L’ANTI TESLA DE LUXE
La marque à l’étoile contre attaque face à la Tesla Modèle S de l’américain en sortant aussi sa 100 % électrique de 292 ch. En mieux côté confort, finitions et maniabilité avec une 4 roues directrices qui font tourner sur place cette imposante berline comme une petite citadine malgré ses 4,94 m de long. En un peu moins côté puissance et accélérations. Mais avec une autonomie comparable de 650 km maxi…à condition d’avoir le pied léger…lire la suite
OENOTOURISME
MES VINS PRÉFÉRÉS
A 68 ans, Claude Moritz est un vigneron heureux et rassuré pour l’avenir. Car la relève du domaine de 9,5 hectares est assurée grâce à sa fille Caroline et son mari Jelmer Witkamp, un oenoloque néerlandais. Et comme souvent aujourd’hui à la nouvelle génération, le vignoble prend un nouveau virage en tenant compte des évolutions écologiques tout en conservant ici la tradition avec des vinifications en futs et en foudres. Après avoir été labélisé HVE (haute valeur environnementale) le vignoble familial est passé en bio en juillet 2021 pour mieux mettre en valeur ses riches terroirs Grand Cru Winzenberg, Munchberg, Wiebelsberg et celui du Kastelberg au fameux Riesling provenant de vignes soixantenaires.
-ZE Riesling 2018 Quatre terroirs Grand Cru dans la même bouteille : ce jeu de mot avec ZE laissant à penser à l’anglaise que ce Riesling se situe au dessus du lot n’est pas usurpé. Cet assemblage provenant de vignes enracinées dans du grès, du granit, des schistes ou du marno-calcaire donne une étonnante palette aromatique très fruitée sur une minéralité tranchée. Ce premier millésime 2018 à zéro sucre est une belle réussite qui vaut le détour. (16 €)
-Gewurtztraminer Grand Cru Winzenberg 2017 On ne le boit pas. On le savoure ! Un Gewurtz qui ne ressemble pas à un Gewurtz classique tellement en bouche il se montre onctueux tout en libérant des arômes fruités de pêche et d’ananas relevés par une note pimentée sur une allonge sans fin prolongeant à souhait ce plaisir. Le résultat de petit rendement sur cette vigne plantée en 1992 au marteau piqueur dans du granit (d’habitude dédié aux Riesling), et d’une fermentation lente de 6 mois (exceptionnellement ici dans de l’inox) qui affine le fruité divin de cette cuvée limitée à 800 bouteilles les bonnes années. (22,50€)
-Sylvaner 101 Sous ce nom mystérieux, une expérience très intéressante depuis 2017 de Jelmer Witkamp avec des vieilles vignes de 65 ans aux grappes pressées en entier et dont le vin élevé en barriques durant 10 mois est surprenant au nez et en bouche avec un cocktail de notes briochées, boisées et vanillées. (15€)
-Pinot Noir / La valeur montante de l’Alsace pour ceux qui préfèrent les rouges aux blancs du cru. Et celui de Claude Moritz riche et souple sur ses tanins subtils a toujours été un régal par son savoureux fruité frais s’alliant à une agréable minéralité tendue.(12€)
PROFITEZ EN POUR VISITER…
-ANDLAU et ses deux clochers qui émergent au dessus des toits et des vignobles : l’église St André, et l’abbatiale St Pierre-St Paul du XII ème avec son magnifique portail orné des plus belles sculptures romanes d’Alsace, sa crypte double et ses stalles du XV ème. A ne pas manquer aussi la jolie fontaine Renaissance, l’imposante maison de l’impératrice Richarde datant de 1623 et la vue sur le vignoble et au loin la Forêt noire depuis la terrasse des ruines du château XIVème du Haut Andlau.
–MITTELBERGHEIM joli bourg accroché à flanc de coteau avec sa place de l’Hôtel-de-Ville bordée de maisons Renaissance
–RIQUEWIHR C’est parce qu’il a toujours été épargné par les guerres et les destructions que ce gros bourg réputé pour son Riesling conserve ses remparts, ses rues, son château des ducs de Wurtemberg et ses magnifiques maisons du XVIème. Un festival architectural étourdissant.
–OBERNAI Un des plus beaux villages d’Alsace : sa place du Marché bordée de maisons très caractéristiques avec leurs teintes dorées, son ancienne halle aux blés de 1554, son beffroi du XIIIème, l’Hotel-de-Ville au beau balcon sculpté de 1604
–LE HAUT KOENIGSBOURG Sur son promontoire à la vue époustouflante dominant à 700 m la plaine d’Alsace, cet imposant château fort médiéval restauré en 1908 par Guillaume II est impressionnant par ses enchainements de tours, de bastions, de fossés, de machicoulis autour de son grand donjon carré si reconnaissable de très loin. Une remontée dans le temps de la vie au Moyen Age avec sa basse cour, sa forge, ses écuries, son moulin pour tenir en cas de siège.
–KAYSERSBERG Le magnifique village natal d’Albert Schweitzer dont on visite la maison a gardé toutes ses rues médiévales qui sont un vrai musée en plein air de la vie alsacienne. Tout y est émerveillement entre l’extraordinaire retable de l’église Ste Croix, le pont fortifié, le puit Renaissance, les ruines du château dominant la ville, les multiples maisons à colombages en bois, l’Hôtel-de-Ville à la belle façade Renaissance-Rhénane et sa cour intérieure
–EGUISHEIM Plein de charme à 7 km de Colmar, ce village circulaire entouré de ses remparts est un bijou par ses maisons aussi originales les unes que les autres par leurs étonnantes architectures en bois qui s’adaptent à l’exigüité des sinueuses ruelles pavées. Un enchantement.
–COLMAR
A pied ou en barque sur les canaux de la « Petite Venise », la ville est le point de départ idéal pour découvrir la route des Vins depuis l’endroit le plus pittoresque, la place de l’Ancienne Douane avec ses maisons à pans de bois et l’imposant bâtiment de la douane de 1480 recouvert de tuiles vernissées.
–Musée d’art d’Unterlinden dans un ancien couvent du XIIIème, son cloitre gothique- Renaissance, et son exceptionnel retable d’Issenheim dans la chapelle
–La rue des marchands qui concentre la maison Pfister de 1537, petit bijou de l’architecture locale avec sa façade peinte et sa tour d’angle en bois, la maison Schongauer, la maison au cygne.
Un passage sous les arcades en face du musée Bartholdi rejoint la place de la Cathédrale où on peut admirer la collégiale St Martin en grès rouge, et le plus vieil édifice de Colmar, la maison Adolphe (1350) et l’ancien corps de garde (1575) à la splendide loggia d’où étaient proclamées les condamnations. A ne pas manquer non plus la maison des têtes dans la rue du même nom, non loin de l’église des Dominicains étonnante par la légèreté de l’alignement de ses longs piliers sans chapiteau et ses vitraux du XIVème
–La « Petite Venise » avec ses canaux qui sillonnent les anciens quartiers des Tanneurs et le quai de la poissonnerie aux maisons de pêcheurs à colombages de toutes les couleurs. A ne pas manquer, la maison des chevaliers de St Jean (1608) qui ressemble à un palais vénitien avec ses deux galeries superposées en façade, la place du marché aux fruits et sa maison Kern de la Renaissance. Le sculpteur Bartholdi, né ici, a laissé quantité d’oeuvres dans Colmar, dont une réplique de sa statue de la Liberté. Enfin, les petits comme les grands s’émerveillent au Musée animé des jouets et des petits trains. Ouvert en 1993 dans un ancien cinéma de quartier il expose plus de 1 000 jouets sur trois niveaux de visite.