Cette marque Motobloc fut d’avant garde grâce à une conception mécanique révolutionnaire. Mais avoir manqué le virage des usines de fabrication à la chaine entre les deux guerres lui a été fatal.
CHÂTEAU VIEUX CHEVROL, Lalande-de-Pomerol / Famille Champseix
Vue de loin, on hésite. Entre une automobile ou un fiacre avec ses armatures en bois, ses lanternes au pétrole lampant de chaque côté de la vitre verticale à l’avant, sa corne klaxon actionnée par une poire, les fenêtres aux stores en soie à franges descendus en tirant sur un pompon, ou les portières aux poignées en forme d’anneau. Et pourtant, non, il n’y a pas de cheval attelé devant. Mais un capot, et dessous, un moteur 3 litres qui pétarade une fois démarré à la manivelle.
Une voiture d’avant garde pour l’époque dans les années 1920 malgré son look XIX ème siècle. Et dont le nom de la marque provenait de l’innovation qu’elle représentait à sa naissance en 1902 : pour la première fois, moteur, embrayage et boite de vitesses étaient réunis dans un bain d’huile à l’intérieur d’un seul bloc-moteur à carter en fonte au lieu de transmissions compliquées alors par chaines ou cardans. Cette nouveauté technique du bloc moteur sera donc à l’origine de la marque Motobloc lancée à Bordeaux en 1902 sur l’idée de l’inventif ingénieur venu de l’armement, Charles Schaudel.
Dans cette épopée bordelaise figure aussi son neveu Emile Dombret ingénieur motoriste à l’origine d’une autre trouvaille : un gros volant moteur placé au milieu du villebrequin conférait ainsi aux Motobloc une absence totale de vibration et une souplesse remarquable dans les reprises. Quant à cette idée de transmission en ligne par Schaudel, elle fera école chez tous les autres constructeurs s’inspirant des Motobloc qui se faisaient remarquer par leurs succès dans les courses automobiles avec leurs gros 6 cylindres.
Dans le terrible Paris-Madrid en 1903 interrompu à Bordeaux en raison des accidents, les 3 Motobloc arrivèrent à bon port. Et une Motobloc s’inscrivit dans les cinq premiers au rallye de Monte-Carlo en 1911. Très en pointe techniquement, la marque sortira même un petit moteur à arbre à cames en tête en 1925. Et fort de sa notoriété, Motobloc ouvrira des succursales à Londres et New York. Voitures de luxe, exceptionnelles à l’époque, les Motobloc sont devenues rarissimes aujourd’hui après la disparition de la marque en 1932 : sur environ 5000 voitures produites, il n’en reste plus qu’une quinzaine roulant dans le monde !
Et un grand cru de 1921 coule des jours tranquilles à Néac sur le vignoble de Lalande-Pomerol au château Vieux Chevrol après une restauration durant 5 ans par son propriétaire passionné Jean-Pierre Champseix. « Quand j’ai découvert cette Limousine 15 HP en 2004 dans une annonce, cette auto m’a intéressé pour son histoire locale, explique -t-il. A une époque où d’autres marques comme Georges Roy ont aussi été « tuées » en Aquitaine par la concurrence de Henry Ford qui avait installé en 1921 à Bordeaux une chaine de montage de sa fameuse Ford T. »
Produite en grande série, la petite Ford T valait trois fois moins cher qu’une Motobloc encore fabriquée artisanalement à un exemplaire par jour alors que Ford en sortait 135 quotidiennement. En avance sur son temps avant 1914, Motobloc a pris du retard durant la guerre. L’usine, réquisitionnée pour fabriquer des obus et des moteurs d’avion Salmson, a manqué ensuite la révolution des chaines de montage qui fit au contraire le succès d’un André Citroën démarrant sa production d’automobiles bon marché en 1919.
Et la conception des Motobloc trop lourdes n’a pas évolué vers les caisses tout acier plus légères et fabriquées à grande cadence pour moins cher. Dans les années 20-30, les Motobloc relevait plus du carrosse à moteur que de l’automobile par le luxe de leurs finitions à l’intérieur comme ces vases soliflores en cristal de Baccarat dorés à la feuille d’or et accrochés sur les deux montants de portières. « C’était un raffinement pas si futile, car ainsi le parfum des fleurs couvrait les désagréables odeurs d’essence pour ne pas incommoder les riches passagères ! » explique Jean-Pierre Chamseix.
Après la faillite de Motobloc en 1932, et une tentative de reconversion dans les moteurs pour l’aéronautique et les cyclomoteurs avec des industriels locaux, une partie des employés sera récupérée pour leur savoir faire par l’avionneur Marcel Bloch dans son usine de Mérignac. Celui qui s’appellera après la guerre Marcel Dassault. La destinée de Motobloc sur les routes se terminera ainsi dans les airs…
OENOTOURISME
MON VIN PRÉFÉRÉ
A Néac, sur ce vignoble Lalande-Pomerol de 23 ha, dans la famille Champseix depuis 1958, le fils Michel et sa compagne Marion, tous deux ingénieurs agronome, ont pris la relève en 2013 en passant à la culture bio. « On a redonné de la vie microbienne aux sols avec le retour des vers de terre en arrêtant les traitements chimiques et en plantant un rang sur deux féverole, radis, seigle ou moutarde, explique -t-il. Cela a amélioré la porosité du sol et l’enracinement des vignes qui ont ainsi mieux résisté à la sécheresse en 2019-2020 avec au final un vin plus équilibré entre alcool et fruité. »
Château Vieux Chevrol 2016 : dans cet assemblage, le Merlot (80%) donne toute sa rondeur à ce vin soyeux complété à part égale, par un cabernet franc qui lui donne fruité et finesse de structure, et un Cabernet sauvignon pour renforcer son ossature et faciliter un vieillissement progressif. Résultat : un meilleur équilibre entre tannins, alcool et acidité naturelle du fruit qui va être un réducteur de l’amoindrissement dans le temps. Après 4 années d’élevage, 1 en barriques de 600 l, 1 en cuve et 2 en bouteilles, ce 2016 de caractère offre un nez riche et profond, un fruité dense, une bouche courte sur une finale cuir-cacao avec une très légère pointe d’acidité qui lui laisse ce potentiel pour atteindre son apogée entre 4 et 10 ans (14€)
_ PROFITEZ EN POUR VISITER…
*SAINT-EMILION
Le plus beau, et le plus réputé village du Bordelais.
*Accroché sur sa colline, au milieu d’un océan de vignes, tel un fier navire dont le mat domine l’horizon : la flèche du clocher de 4500 tonnes bâti au dessus de l’ église monolithe la plus vaste d’Europe. Avec ses 38 m de long et 20 m de large, elle a été taillée dans le rocher pendant 40 ans au XI ème siècle . Mais ses voutes de 11 m de hauteur sont moins élevées que celles de l’église souterraine d’Aubeterre-sur-Dronne (20 m) en Charente. Grimper les 196 marches du clocher offre en récompense des efforts un magnifique panorama sur la cité et son vignoble.
*La tour du Roy , donjon carré du XIII ème qui offre aussi en complément une belle vue sur le village dans le sens opposé de celle du clocher
*L’ancienne église des Cordeliers et son cloitre . Le troisième beau point de vue sur St-Emilion où l’on voit à la fois le donjon et le clocher de l’église troglodyte
*La porte de la Cadène, spectaculaire avec sa voute en ogive entre une immense tour carrée et un bâtiment gothique. Elle jouxte la dernière maison à pans de bois du village. La porte de la Cadène, qui n’a rien à voir avec celles des fortifications, était inclue dans la cité. Son nom viendrait du gascon “cadena” signifiant la chaine qui la fermait en séparant la population noble de la ville haute de celle plus modeste de la ville basse.
*L’église collégiale et son cloître. Bâtie entre le XII ème et le XV ème elle est une des plus imposantes de Gironde. Styles roman et gothique cohabitent jusque dans le magnifique cloître à double colonnades torsadées.
*Les anciennes halles au grain sur la place du marché où convergent toutes les ruelles de Saint- Emilion dont la fameuse en pente, le Tertre de la tente, avec son pavage chaotique.
*Les catacombes et leur nécropole avec à l’entrée une étrange coupole à double paroi dans laquelle grimpait un escalier . Autre curiosité : la grotte ermitage où vécut au VIII ème siècle St Emilion, le moine breton fondateur de la cité, et connu pour ses miracles. Un culte se développa autour de sa vénération avec la création de nombreux monastères qui accueillaient aussi les pèlerins de St Jacques de Compostelle.
*Dans les environs de Saint-Emilion :
*Les deux châteaux forts de Puisseguin
*L’imposant château de Castegens à Belvès-de-Castillon où se joue chaque année le spectacle remémorant la bataille de Castillon qui marqua la fin de la guerre de Cent Ans contre les Anglais.
*L’église Notre-Dame de Tayac, bel exemple d’architecture romane qui surplombe les étendues de vignes.
*Montagne et ses moulins
*Saint Hippolyte Sur le plateau de Ferrand dominant les vignes se trouve un château du XVII ème et des grottes aménagées dans des anciennes carrières monumentales.
*Saint-Sulpice-de-Faleyrens, témoin d’un lointain passé, en plus de son église romane, c’est là que se trouvait en bord de Dordogne le port de St-Emilion, dit de pierrefitte, du nom d’un menhir de 5 mètres de haut qui s’y dresse encore.
*St Michel-de-Montaigne, à 20 km de St-Emilion. Du château du célèbre philosophe reste la tour du XIV ème où il trouvait l’inspiration pour écrire. Reconstruit au XIX ème le château, très marqué Viollet-Le-Duc, possède une architecture originale avec un mélange de styles médiéval, Renaissance et néo-gothique
LIBOURNE et environs
*Construite comme toutes les bastides du Moyen-Age sur le modèle à l’équerre des camps romains, l’ancienne place Royale de Libourne bordée d’arcades est le point central de la ville où se tient depuis 600 ans le marché le plus prestigieux de la région le mardi, le vendredi, et le dimanche.
*L’Hôtel de ville, et son beffroi du XV ème, remanié dans un style néo-gothique. Belle cour intérieure
*Le musée des Beaux-Arts avec ses collections de Rodin, Princeteau ou Jordaens au deuxième étage de l’Hôtel de ville
*La tour Richard et la tour Barrée, vestige des anciennes fortifications en bordure des quais
*La chapelle Notre-Dame-de-Condat. Seul vestige du château de Condat, sa nef unique gothique présente une particularité : la présence à Bordeaux de Viollet-Le-Duc a permis de la revêtir des mêmes peintures que celles de la Sainte Chapelle à Paris !
*La caserne Proteau, ex école de gendarmerie, et son splendide grand escalier de pierre. Les bâtiments vont être transformés en hôtel de luxe.
*Abzac, son château XVII ème à l’imposante cour carrée entourée de cinq bâtiments à toiture périgourdine s’ouvre sur son vignoble. Et la terrasse du château domine la rivière avec à ses pieds un imposant moulin barrage du XVIIIème.
*Le château de Vayres, un des plus beaux monuments d’Aquitaine, est un balcon sur la Dordogne avec ses jardins à la française, qui descendent jusqu’au bord du fleuve. Son architecture conjugue harmonieusement Moyen Age, Renaissance et classicisme du XVII ème.
*Le Moulin de Porchères Construit en pierres de taille en 1850 dans un cadre bucolique sur l’Isle qui se jette à Libourne dans la Dordogne, il est un des derniers moulins à avoir conservé toutes ses machines de minoterie.
*Guitres A voir, l’abbatiale romane Notre-Dame , perchée sur son rocher surplombant la vallée de l’Isle, est une des plus grandes de Gironde. Elle surprend par ses dimensions et sa charpente du XV ème en forme de coque de bateau renversée. Autre détour qui vaut la peine : la gare-musée construite en 1875 d’où part encore pour une promenade en forêt un vieux train à vapeur avec des wagons de 1900 aux banquettes en bois.
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POUR UNE HALTE UN CHOIX S’IMPOSE
Envie d’une escapade en tout quiétude au cœur d’un domaine viticole confidentiel ? FAGE est le country break idéal. A deux pas de Bordeaux et de Saint-Émilion, l’hôtel 4* affilié « Les Collectionneurs », propose de rêver dans l’une de ses 26 chambres très cosy, en pleine nature. La tranquillité et la douceur de vivre sont assurées dans cette maison de famille vigneronne. Jouxtant l’établissement, le parking accueille votre automobile en toute sécurité (parking non fermé mais veilleur de nuit sur site).
Le restaurant, bistronomique au déjeuner et gastronomique au dîner, et sa terrasse valent également le détour, où avec audace, l’ultra saisonnalité et les produits locaux sont mis à l’honneur par le Chef Clément COSTES. Au fil des heures, la maison se transforme selon vos envies et vous invite à plonger dans le monde du vin et de la belle cuisine à travers des moments de vie quotidiens immanquables : explorer une collection de dégustations haute en couleurs avec Gustavo, vivre l’instant FAGE, un apéro convivial et gourmand proposé tous les jours à nos clients de l’hôtel, ou encore suivre les pas du vigneron et découvrir ce métier passion. FAGE marie avec élégance le confort et les services d’un hôtel 4 étoiles, et l’esprit authentique d’une maison de famille vigneronne. Au plaisir de vous recevoir.
05 56 68 56 16