Jamais une voiture de série n’a atteint 360 chevaux chez Peugeot avec cette 508 PSE hybride rechargeable conçue pour aller taquiner les puissantes allemandes. Tout en échappant au malus !
Finie la tradition chez Peugeot. Et inutile d’espérer. A l’inverse de ce qu’ont connu les 404, 504, 306, 406…l’actuelle berline 508 ne sera jamais déclinée en coupé ou en cabriolet. Pas rentable, trop petits volumes, parait il ! Dans le passé ces belles autos dessinées par le styliste Pininfarina n’avaient pas forcément représenté des ventes gigantesques, mais elles faisaient rêver, donnaient envie, et Peugeot en tirait au moins un bénéfice en terme d’image de marque.

Aujourd’hui, le rêve est passé à la trappe. Priorité aux records de rentabilité et de taux de C02 minimum en dessous de 95 g pour ne pas avoir à payer de pénalités à Bruxelles en tant que constructeur pollueur. Résultat : une nouvelle version de la 508 à 67 100 € (68 400 € en break !) aussi chère qu’une BMW ! Car pour « faire de la marge », Carlos Tavares ne cherche plus à faire de belles autos mais à monter en gamme en allant taquiner les grosses allemandes.

Hélas, une 508 ne jouit pas de l’esthétique flatteuse et statutaire d’une BMW ou d’une Audi pour laquelle les clients sont prêts à signer un gros chèque. Avec un avant au style tortueux qui n’est pas en cohérence avec le reste de l’auto à la ligne plus affinée. Et la 508 n’a pas rencontré en Europe le grand succès escompté depuis son lancement en 2018. Le petit Gaulois Peugeot a donc rusé. En sortant la plus puissante voiture de série de l’histoire de la marque : 360 ch ! Presque autant qu’une BMW M340i au 6 cylindres 3 litres biturbo de 374 ch.

Mais à la différence de la tonique Béhème, cette berline 508 PSE (pour Peugeot sport engineered) ne doit sa puissance qu’à son petit 4 cylindres 1600 cm3 turbo de 200 ch (le même que sur le 3008 Hybrid 4) . Avec en appoint à l’avant et à l’arrière deux moteurs électriques qui font monter sa puissance maxi à 360 ch. Et lui donne en tout électrique une autonomie de 32 km jugée suffisante pour circuler en ville. Mais pas plus loin. Sur route, les batteries viennent en soutien au moteur thermique pour lui donner un surplus de puissance tout en consommant théoriquement moins.

Résultat : la 508 PSE hybrid rechargeable revendique seulement 2,03 l/100 km. Et surtout, argument massue, un CO2 minimaliste de 46g/km. Telle est donc la botte secrète de cette 508 PSE : sportive certes, mais conçue avant tout pour être astucieusement une voiture anti malus. Elle ne paie ni écotaxe, ni TVS , en plus de son prix alors qu’une BMW équivalente est taxée d’un malus de 8000 € qui grimpe à 30 000 € sur une Mercedes Classe C AMG 390 ch.

De quoi faire réfléchir et se pencher sur le cas intéressant de cette française discrète qui a bénéficié du savoir faire des ingénieurs de Peugeot sport pour sa mutation en bolide écologiquement correct. La garde au sol de la caisse a été abaissée de 10 cm à l’avant, 1 cm à l’arrière, les trains roulants modifiés, les freins équipés de disques à 4 pistons pour plus de mordant, un rapport de pont allongé pour profiter en permanence du couple maxi de 520 Nm.

L’écartement des roues a été élargi de 2,4 cm à l’avant et 1,2 cm à l’arrière pour une meilleure assise et une tenue de route rendue impeccable avec une direction précise et la suspension pilotée qui intervient indépendamment sur chaque amortisseur en fonction du comportement de l’auto et de l’état de la route. En conduisant, on a le choix sur un sélecteur manuel entre une conduite confort, Hybrid à 330 ch (le moteur thermique se déclenche au dessus de 60 km/h), ou 4 roues motrices permanentes efficace sur chaussée glissante.

Reste l’ultime mode sport 360 ch qui donne alors toute la puissance des 3 moteurs cumulés avec des accélérations éclair, des passages de rapports plus rapides de la boite 8 vitesses automatique ( ou manuelle avec les palettes mais pas assez réactives en rétrogradage) et une direction durcie. Un régal en toute sécurité avec le moteur électrique arrière qui évite les déports en virage et les pertes de motricité. En plus dans un confort qui est préservé par la suspension plus souple que sur les allemandes malgré des grandes jantes de 20 pouces réduisant la hauteur des pneus et leur amortissement.

En revanche, le confort sonore est presque excessif pour une sportive à qui manque un petit vroum-vroum en supplément d’âme. Du coup, les accélérations paraissent linéaires et sans relief alors qu’on est tout de même plaqué dans le fond de son siège.Mais à vouloir la pousser dans ces retranchements durant cet essai, la 508 PSE a laissé apparaître aussi une autre réalité qui ne correspond pas forcément à ses atouts sur le papier. La régénération électrique en décélération et au freinage n’est pas aussi efficace que sur d’autres marques.

Et pour peu qu’on roule en tout électrique à 140 km/h sur autoroute, l’indicateur du niveau de la batterie est vite arrivé à zéro (mais il reste une réserve de sécurité de 20% dans la batterie pour qu’elle ne perde pas sa capacité de recharge insiste -t- on chez Peugeot ). Toujours est il que réaliser la consommation officielle WLTP de 2,03 l au 100 km est une vraie gageure. D’autant qu’on n’achète pas une voiture puissante pour conduire comme un escargot. Au mieux, en se faisant un peu plaisir pour profiter de la vivacité de la 508 PSE, la consommation en hybride tourne entre 6,4 l et 7,5 l.

Mais une fois l’autonomie électrique épuisée, cette 508 PSE hybride, de 1850 kg sans passagers à bord, se retrouve pénalisée par ses 400 kg supplémentaires de batteries+ moteurs électriques par rapport à la 508 essence avec le même moteur 1600 cm3. Et la consommation est alors montée à 12,3 l en 4 roues motrices et 12,7 l en sport, très loin des 2,03 l correspondant aux 46g/km de co2… Et si on roule vite, il faut donc s’arrêter plus rapidement car la capacité du réservoir a été réduite de 62 l à 43 l pour laisser de la place aux batteries dans le plancher ! En revanche, elles ne nuisent pas à la capacité du coffre qui reste la même à 487 l et 1537 l banquette rabattue.

Quant à la recharge de la batterie de 11,5 kw, elle prend 7h sur une prise domestique 8 ampères, 4h sur une 16 amp et 1h 45 sur une wallbox 32 amp. Sachant que l’on peut régler sur l’écran central une réserve de 10 km ou 20 Km d’autonomie en électrique en prévision d’une arrivée en ville. Et par ailleurs, Peugeot assure un service qui prend en charge toutes les démarches pour l’installation d’une wallbox chez soi. L’autre point fort de cette 508 PSE est son niveau très complet d’équipements de série alors que certains sont à rajouter en option sur une BMW.

A bord , rien ne manque dans la panoplie high tech : affichage tête haute des vitesses et des limitations, vision infrarouge de nuit avec détection jusqu’à 200 m des piétons ou des animaux, radar de manoeuvre pour éviter des obstacles en marche arrière, 4 prises usb, sièges électriques chauffants et massants, phares LED anti éblouissant en croisement et toutes les assistances à la conduite semi autonome et en matière de sécurité. Pas donnée pour une Peugeot, on en a quand même pour son argent avec cette 508 PSE !
–Cylindrée : 1600 cm3 turbo 4 cyl de 200 ch en hybride rechargeable
-2 moteurs électriques avant-arrière
–Puissance cumulée : 360 ch
–Couple maxi : 520 Nm
–Vitesse max : 250 km/h
–0 à 100 km/h : 5,2 sec
–1000 m arrêté : 24,5 sec
–Consommation moyenne : WLTP 2,03 l/100 km
–CO2 : 46 g/km
–Ni malus ni bonus (valant plus de 50000 € elle n’a pas droit aux 2000 € d’aide aux hybrides)
–Batterie 11,5 kw
–Puissance 117 kw
–Temps de recharge :
7h sur prise domestique 8 amp
4 h sur 16 amp
1 h 45 sur wallbox 32 amp
PRIX : 67 100 € et 67 400 € en break
LES PLUS :
-360 ch sans malus ni TVS
-nervosité
-tenue de route
-bon équilibre entre confort et performance
-niveau d’équipements de série
LES MOINS :
-son prix
-sonorité fade
-boite auto pas assez réactive en manuelle aux palettes dans les rétrogradages
-GPS dépassé et mauvaise ergonomie des touches piano pas assez inclinées