Qui aurait imaginé le Commendatore mettre les doigts dans la prise ? Et bien c’est fait avec la Ferrari 296 GTB hybride qui revient en revanche au style du passé alliant élégance et puissance.
Enzo Ferrari s’en retournerait dans sa tombe. Lui qui aimait tant faire chanter ses V12 pour mieux exprimer encore leur puissance, jamais il n’aurait pu imaginer qu’un de ses bolides surgisse en silence. C’est pourtant bien ce qui se passe avec la nouvelle Ferrari 296 GTB (pour Grand Turismo Berlinetta), la première hybride électrique de la marque. Car le petit cheval cabré a du se résoudre à la sobriété afin de réduire drastiquement ses émission de C02 pour échapper aux mégas malus de la nouvelle réglementation.
Au risque de perdre en performances et en plaisir de conduite. Car la dénomination 296 signifie moteur de 2,9 l biturbo, et 6 pour V6. Adieu donc la tradition des V12 ou des V8 3,9 l comme sur la F8 Tributo de 720 ch.Sur cette nouvelle Ferrari 296 GTB le V6 ne développe « que » 663 ch. Ce choix des ingénieurs de Maranello tient à leur expérience en Formule 1 où depuis 2014 les monoplaces doivent rouler avec des V6 hybrides pour baisser la consommation.
Mais aux 663 ch thermiques de la Ferrari 296 GTB il faut rajouter les 167 ch d’un moteur électrique sur la boite de vitesse, ce qui porte alors la puissance totale à… 830 ch rien que sur les roues arrières ! Avec un décoiffant 0 à 100 km/h en 2,9 secondes (200 km/h en 7,3 sec !) dans une accélération de catapulte qui vous écrase au fond du siège baquet sans discontinuer à chaque passage éclair des 8 rapports de la boite DCT. Grâce à la conception technique de ce nouveau groupe propulseur.
En effet, le choix d’un V6 ouvert à 120°( un record sur une voiture de série) a permis d’installer les 2 turbos en position centrale. D’où une réduction des trajets et des volumes d’air pour maximiser ainsi l’efficacité des conduits d’admission et d’échappement avec une pression augmentée dans les chambres de combustion. De plus, le nouveau turbo est composé d’alliages plus légers et performants avec une réduction de la taille des roues à ailettes du compresseur et de la turbine. Ce qui entraine une diminution des masses en mouvement, et donc une augmentation de la vitesse de rotation à 180 000 tours/minute.
D’où un accroissement de 24% de l’efficacité de la suralimentation par rapport aux Ferrari précédentes. Avec un temps de réponse plus rapide du turbo et un surcroit de puissance instantanée accentuée par l’appoint du moteur électrique qui se conjuguent pour donner des courbes d’accélération impressionnantes par leur constance. Avec 2 cylindres en moins, cette Ferrari 296 GTB réussit donc le prodige d’augmenter ses performances. Ce qui nécessite en corollaire un freinage renforcé par une réduction de 8% des distances de freinage grâce à un système aérodynamique de refroidissement des disques et au nouvel ABS OVO.
En liaison avec des capteurs 6W-CDS qui lui fournissent davantage d’informations, au millième de seconde sur l’adhérence des pneus arrières, que les capteurs YRS montés jusqu’ici sur les Ferrari, cet ABS donne au début des sueurs froides. Tellement il repousse les limites habituelles des freinages extrêmes, mais en toute sécurité. Un défi aux lois de la physique qui vous estomaque tellement on s’agrippe au volant et on écrase la pédale de frein par crainte de partir dans le décor. Mais non, cette hallucinante Ferrari 296 GTB ne dévie pas de sa trajectoire. Et les 830 chevaux continue de cravacher sans mollir.
Tout en réduisant paradoxalement de moitié leurs émissions de C02 à 149g/km avec un malus de seulement 1386 € pour une auto qui s’affiche à 271 114 € (sans les options !). C’est que cette hybridation permet aussi un roulage uniquement électrique en ville ou sur un petit trajet de 25 km à la vitesse bridée à 135 km/h grâce à une batterie lithium-ion de 7,45 kWh rechargeable sur secteur. Mais d’une pression plus forte sur l’accélérateur, le V6 redonne automatiquement de sa voix tonitruante à cette diva du bitume à la superbe plastique fluide et intemporelle par sa sobriété sans artifices aérodynamiques agressifs.
Et l’habitacle ressemble à une visière de casque avec le grand arc sombre du parebrise panoramique et des vitres de portières dans le prolongement, sans montant apparent. Du plus bel effet à l’extérieur, comme à l’intérieur du cockpit où la vue au volant est à couper le souffle en face de la superbe planche de bord galbée, simplement ouverte par une grande encoche, finement sertie d’un liseret métallique, et accueillant à l’intérieur l’affichage numérique de tous les instruments de bord et du GPS. Une interface à la fois esthétique et ergonomique qui n’a rien à voir avec la course aux écrans de plus en plus grands chez tous les constructeurs façon Tesla.
Ferrari,lui , cultive sa différence en assimilant au contraire le contenu technique à un « meuble » sobre et élégant tapissé de cuir en cohérence avec le design extérieur épuré. Et dans cet univers sport raffiné, le passager n’est pas oublié avec une petite barrette écran qui lui permet de suivre, comme un copilote, les performances de ce petit bolide. Grand par son prix en revanche. Mais que voulez vous. Quel constructeur vous offre en retour 7 ans d’entretien gratuit sur une voiture ? Et c’est ainsi : accéder à l’aristocratie du rêve automobile « by Ferrari » est un privilège qui n’a pas de prix…
Cylindrée : V6 biturbo de 2992 cm3 + moteur électrique
Puissance : 830 ch dont 663 en thermique
Couple maxi : 740 Nm à 6250 tr/min
0 à 100 km/h : 2,9 secondes
0 à 200 km/h : 7,3 secondes !
Vitesse max : 330 km/h
Consommation mixte : 8 l/100 km
CO2 : 149 g/km
Malus : 1386 €
Prix : à partir de 271 114 €
LES PLUS : silhouette élégante et sobre, finition intérieure, plaisir de conduite, accélérations, stabilité de la tenue de route, freinage optimisé, consommation, musicalité réussie du V6, confort des sièges baquets
LES MOINS : tableau de bord numérique un peu chargé pour une lecture rapide à grande vitesse, capacité du coffre, rayon de braquage, ergonomie compliquée de l’ordinateur de bord via un pavé tactile sur le volant,