A chaque génération, le Peugeot 3008 a été une révolution. Pour sa troisième édition, il ne déroge pas à la règle. A l’extérieur comme à l’intérieur. Essai de la version 100% électrique.
TOUT CHANGE Les stars ne sont pas éternelles. Mais le Peugeot 3008 qui en a été une veut le rester à sa troisième génération depuis 2016. « Alors pour ça, on a pris le parti de tout changer ! explique le chef de projet Gaëtan Demoulin. A l’extérieur en adoptant une ligne de coupé fast back, mais avec une ligne de toit qui ne s’incline qu’après la portière arrière pour ne pas nuire à l’habitabilité en hauteur des passagers. Et à l’intérieur avec une planche de bord futuriste dans son style avec sa grande dalle incurvée suspendue qui donne une vraie touche de nouveauté ! »
FORTE IMPRESSION De fait, en s’installant derrière son petit volant, à méplat, la 3008 fait fort impression. Et si le lion Peugeot ne figurait pas sur son moyeu central, on se croirait presque à bord d’une nouvelle BMW tellement la qualité des matériaux et du design est montée en gamme. La splendide planche de bord rehaussée du nouveau Panoramic i-cockpit va réconcilier les détracteurs des versions précédentes qui se plaignaient, selon leur taille, de voir le volant cacher les informations des cadrans censées être au dessus.
DÉSORMAIS DEVANT LE PAREBRISE une grande dalle incurvée de 21 pouces affiche clairement toutes les données, et s’intègre de façon très esthétique sur la planche de bord sans jouer l’appendice techno disgracieux. La guerre des boutons est aussi terminée. Au lieu de les supprimer complètement au profit du tout écran où il faut naviguer tout en quittant dangereusement la route des yeux, Peugeot adopte la solution intermédiaire avec une barrette de 10 touches tactiles (des « i-toggles » dans le jargon Peugeot !) pour configurer au choix des raccourcis de fonctions accessibles directement comme celles pour la climatisation.
NOUVELLE PLATE FORME Installé confortablement dans des sièges, qui peuvent être en option, chauffants, massant, ventilés et gonflables pour le maintien latéral, il est temps d’appuyer sur le bouton STARTpour démarre le moteur. Mais là, silence ! Car c’est l’autre grande innovation, invisible elle : « une nouvelle plateforme utilisée pour la première fois sur ce 3008 permet d’embarquer aussi bien un moteur thermique, ou, avec un minimum d’encombrement dans le plancher, des batteries de 10 cm de haut refroidies par 10 litres d’eau dans le double fond, pour cette auto 100 % électrique » explique l’ingénieur concepteur Christophe Patois.
PRUDENCE SUR LE TOUT ELECTRIQUE Néanmoins, à l’inverse de son rival, le Renault Scenic lancé uniquement en électrique, le 3008, prudent, n’a pas mis tous ses oeufs dans le même panier. Il offre aussi des versions hybrides, avec un moteur essence 1,2 l de 136 ch sans recharge (à partir de 38490 €), ou un 1,6 l de 195 ch à batterie de 21 kWh rechargeable donnant une autonomie en électrique de 80 km. Avec sa batterie 73 kWh autorisant théoriquement une autonomie de 527 km, le 3008 électrique n’a plus qu’à faire la démonstration de ses 210 ch.
COOL OU NERVEUX Et là, nouvelle surprise : inutile de chercher la manette de changement de vitesse sur la console centrale. Elle a immigré sur la planche de bord : » juste à côté du bouton de démarrage, ce qui est plus direct et ergonomique » explique Gaëtan Demoulin. En revanche, sur l’élégante console centrale se trouve le curseur de mode de conduite. La position « Normal » correspond à une puissance de 190 ch, « Eco » à 170 ch, et « Sport » à 210 ch où d’un seul coup, en gardant la même pression sur l’accélérateur que précédemment en Normal, on se sent propulsé avec des temps de réactions nettement plus forts dans les accélérations (0 à 100 km/h en 8,8 sec avec un couple de 345 Nm et 170 km/h max).
SILENCE A BORD L’insonorisation à bord est d’autant plus impressionnante, qu’en l’absence de sonorité d’un moteur thermique, les bruits de roulement et de flux d’air se montrent souvent dans les électriques plus envahissants. Ce n’est pas le cas sur cette 3008, grâce à la structure de sa plateforme et ses vitres à double épaisseur feuilletées à l’avant. Et la suspension filtre bien les irrégularités de la route, même si l’amortissement se montre plus ferme que sur le précédent 3008, car les grandes jantes de 20 pouces ne lui facilite pas la tache en réduisant la hauteur du pneu et la souplesse de l’air gonflé. Une aberration due à la dictature du style…
520 KG DE BATTERIES Malgré ses 2,1 tonnes, soit un surpoids de 700 kg par rapport à la version essence hybride, le 3008 électrique affiche une excellente tenue de route avec un très léger roulis en virages, et un maintien de cap sans bavure malgré un train avant moins incisif qu’avant. L’agrément de conduite tient aussi à sa direction légère très précise et à son impressionnant rayon de braquage de 10,60 m de diamètre accentué par sa courte démultiplication qui font littéralement virer sur place la voiture. Étonnant et super pratique en ville où une palette au volant permet de régler trois niveaux de freinage récupératif. Au final, cette 3008 alourdit par ses 520 kg de batterie offre tout de même un bon compromis confort-tenue de route.
30 MINUTES POUR RECHARGER En revanche, son allongement de 9 cm à 4,54 m, ne profite pas aux passagers arrière pour la place aux genoux, mais davantage à la longueur du coffre (520 l pas plus que le précédent 3008) pour compenser sa largeur plus étroite en raison du logement des amortisseurs reculés vers l’arrière (+6 cm d’empattement à 2,73 m) pour laisser la place aux batteries dans le plancher. Reste le sujet qui fâche sur les électriques même si ce 3008 voit sa garantie portée à 8 ans ou 160 000 km : la véritable distance disponible toujours inférieure aux données constructeurs. « Sur nos 527 km avec la batterie 73 kWh, à 110 km/h sur autoroute l’autonomie perd 30% soit 370 km avant rechargement, et 40% à 130 km/h, soit 320 km argumente Gaëtan Demoulin. Mais sur un trajet de 770 km Paris-Marseille à 110 km/h, notre 3008 n’a du s’arrêter que deux fois 30 minutes pour se recharger contre 4 fois pour un Volvo EX 30 et 3 fois pour une Tesla Y et le Scenic 420. »
BIENTÔT 700 KM D’AUTONOMIE Durant notre essai, la consommation a oscillé entre 21 kWh sur route et 24 sur autoroute. Quant aux temps de recharge, ils tournent autour de 30 minutes sur borne rapide 160 KW pour passer de 20% à 80 % (mais on n’en trouve pas partout…) à 4h 50 sur borne triphasée 11 KW, 2h 30 en 22 KW et 7 h sur wallbox 7,4 KW. Un programmeur de parcours indique les arrêts aux bornes. Et pour rallonger l’autonomie disponible, il faudra attendre 2025 avec une nouvelle version du 3008 230 ch à grosse batterie de 98 kWh autorisant une distance de 700 km. Assemblé en France à l’usine de Sochaux, le 3008 électrique bénéficie donc du bonus de 4000 euros à déduire du tarif allant de 44 990 € à 46 990 €. Pas donné, mais dans la moyenne aujourd’hui en électrique où les coûts de fabrication sont 30% plus élevés. Vive le progrès !