Champagne Kléber Jacqueminet / Isabelle et Sylvain Jacqueminet
En succédant à la célèbre berlinette, l’Alpine A310 se voulait davantage une GT confortable qu’une voiture de rallye.Et c’est bien ce qui a fait craquer ce vigneron qui aime aussi taquiner l’accélérateur.
Sylvain Jacqueminet est un fervent alpiniste. Et il ne vous dira pas le contraire. Lui qui adore grimper. Mais dans les tours ! Au volant de son Alpine A310 sur les petites routes dans les environs de Reims autour de Trépail où se situe le vignoble familial. Là où dans un hangar il a aussi en restauration deux autres autres Alpine A 310 plus une mythique berlinette A 110, la championne du monde des rallyes en 1973. « Alpinomaniaque » notre vigneron ? Fana, comme tous les jeunes de sa génération bercés par les succès en compétition de la fameuse berlinette. « Cette auto me faisait rêver, dit-il. Mais, en famille avec un bébé à mettre derrière, cette deux places très spartiate posait problème. »
C’est bien pour cette raison qu’en 1971, Jean Rédélé, le fondateur de la marque, a décidé d’élargir sa clientèle trop exclusive des sportives pures et dures comme la A 110 en construisant une GT 2+2 plus spacieuse et plus confortable, l’Alpine A310. Dans le but aussi de rivaliser avec la nouvelle Porsche 911 commercialisée en 1963. Mais pour sortir l’entreprise familiale dieppoise mise à mal financièrement par une grève et la construction d’une nouvelle usine, l’Alpine A 310 est lancée à la hâte, six mois seulement après la présentation d’un prototype au salon de Genève.
Paradoxalement, ce nouveau modèle au design innovant inspiré des Lamborghini va marquer le déclin de la marque par rapport à la prestigieuse A 110 en raison d’une finition bâclée. Car cette A310 déçoit la clientèle par ses défauts de jeunesse qui mettront du temps à être corrigés, sur l’étanchéité et les délicats réglages de trains ou de freinage. De plus, face à la Porsche 911 S 2,4 litres au 6 cylindres de 190 ch, l’Alpine A310 (plus lourde de 120 kg que la berlinette) souffre de sous motorisation avec le 4 cylindres Renault 1600 cm3 de la R16 TS poussé à 128 ch. Néanmoins, avec sa conception de chassis poutre fixé à une coque en polyester, la légèreté de l’Alpine A310 de 840 kg lui permet de taquiner le 225 km/h.
Mais pour ne rien arranger, le choc pétrolier de 1973 avec la flambée du prix de l’essence plus l’apparition des premières limitations de vitesse vont refroidir les ardeurs des conducteurs de voitures sportives. Pour limiter la casse, Renault, propriétaire de la marque depuis cette année là, lance en 1975 une A310 d’entrée de gamme « dégonflée » à 95 ch pour consommer moins à 4,9 l/100 en montant le 1600 cm3 de la R16 TX. Il faudra attendre 1976 pour qu’enfin sorte la vraie « Porsche à la française » : une Alpine A310 V6. Mais par manque de moyens pour réaliser son projet initial de 2,8 l V6 312 ch développé avec Gordini, le petit constructeur dieppois doit se contenter d’une solution de facilité en empruntant celui de la Renault 30.
Initialement, un V8 (partagé avec Peugeot et Volvo d’où son appellation PRV) auquel on avait retiré 2 cylindres pour consommer moins, et qui ne brillait pas pour son rendement avec seulement 150 ch pour 2664 cm3. Néanmoins, l’Alpine A310 peut afficher des performances à la hausse : 225 km/h après un 0 à 100 km/h en 8,2 secondes et le 1000 m arrêté en 28,5 secondes. Et pour 20 000 francs de moins que sa rivale la Porsche 911 S, plus lourde de 105 kg et moins rapide de 5 km/h en vitesse de pointe. Dés lors, les succès en compétition des Alpine A310 boostées à 193 ch et 200 ch vont redorer son blason, et les ventes.
En 1977, année faste, Jean Ragnotti remporte le titre de Champion de France de rallye cross et Guy Fréquelin celui de Champion de France des rallyes. D’autres grands pilotes comme Michèle Mouton, Jean-Pierre Beltoise, Jean-Luc Thérier, et Bernard Béguin s’illustreront aussi au volant de l’Alpine A310. Mais pour compenser le surpoids de 150 kg du au V6 en porte à faux arrière imposant une conduite plus délicate, les trains roulants seront changés en 1981 en reprenant ceux de la R5 turbo avec des freins à disques ventilés.Et c’est précisément une Alpine V6 modifiée de 1982 que Sylvain Jacqueminet a achetée d’occasion en janvier 1983.
« C’était ma voiture de tous les jours sourit il. Une époque folle, où à 24 ans, au volant de mon Alpine A310, j’allais rejoindre en 4h 30 ma copine qui habitait à 700 km d’ici… Les escargots n’avaient pas le temps de grimper sur mes roues ! » Et son adhésion au club Alpine-Gordini de Champagne lui a valu de décrocher de nouveau clients.« Y compris les fameux pilotes du team Renault-Alpine Jean-Luc Thérier et Alain Serpaggi venus régulièrement acheter notre champagne, et qui sont devenus des amis », raconte avec plaisir Sylvain Jacqueminet. D’autant qu’il a conçu des habillages de bouteilles spécialement pour les collectionneurs d’Alpine.
Si bien que la marque Jacqueminet Kléber est devenue le champagne de référence du club. Et que chaque sortie entre membres se termine toujours par une dégustation. Au final, de 1971 à 1985, il se sera vendu près de 11 500 Alpine A310 (dont 9166 en V6). Mais le modèle suivant en 1991, la mal aimée GTA, marquera la fin de la marque en 1995. Avant sa résurrection en 2018. Grâce, à l’origine, à un passionné de compétition automobile. Un certain Carlos Tavarès quand il était encore N°2 chez Renault. Avant de passer enfin patron en 2014. Mais chez le concurrent au bord de la faillite, Peugeot-Citroën qu’il allait redresser de main de maitre !
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
ALPINE A110 GT : ELLE FAIT LE PLEIN DE CHEVAUX
Quatre ans après sa résurrection, la nouvelle Alpine A110 prend un grand coup de jeune sans rien changer extérieurement, mais sous le capot, avec son 1,8 l turbo qui sort 48 ch de plus. Si bien que l’Alpine A110 GT peut maintenant taquiner les grandes GT comme les Porsche avec une vitesse de pointe de 250 km/h ! Mais en gardant toute sa légèreté et sa vivacité qui ont toujours fait la réputation de la marque depuis les succès des fameuses berlinettes en rallyes...lire la suite
OENOTOURISME
MON VIN PRÉFÉRÉ
Ici à Trépail chez Jacqueminet, le champagne est une histoire de famille à la cinquième génération depuis les débuts par l’arrière grand père qui avait décroché une médaille d’or au salon de Paris avant 1914. Et la marque Kléber Jacqueminet n’a rien à voir avec le maréchal d’empire. « C’était le prénom de mon père ! » explique Sylvain Jacqueminet qui s’apprête à passer à son tour le flambeau à son fils Julien. Et en lui léguant un trésor qui dort au caveau. Un stock de 36 000 bouteilles à vendre qui sont une super occasion à saisir, si le cœur vous en dit, vu le rapport qualité-prix imbattable . Quinze euros pour une bouteille de Brut tradition millésimé 2015 dont le Chardonnay dégage une fraicheur gustative tout en finesse et légèreté sur des arômes d’agrumes et une minéralité tendue pleine de vivacité. La rusticité de la cave est ici un gage de la tradition d’un savoir faire scrupuleusement transmis et respecté dans la famille. «Pour réussir à faire un bon champagne Premier Cru comme le notre, il n’y a pas de secret, explique -t- il : plus la durée de prise de mousse avant le dégorgement est longue, et plus la cave est fraiche, plus les bulles sont fines. J’attends toujours minimum 15 mois après la mise en bouteille pour vendre. Et j’ai toujours gardé trois années d’avance ! » Tout l’art et la sagesse des anciens vignerons de savoir donner du temps au temps…
33 rue de Vaudemange 51 380 Trépail
03 26 57 05 75
PROFITEZ EN POUR VISITER…
REIMS
*La cathédrale, célèbre chef d’oeuvre de l’art gothique depuis 1211, où furent couronnés 25 rois de France après le baptême de Clovis en 498. La plus longue de toutes avec ses 149 m, elle a été miraculeusement rescapée après les destructions des bombardements de 14. Le fameux « Ange au sourire », statue emblématique du porche, peut en effet afficher son soulagement !
*Les caves à champagne dans les anciennes carrières de craie, Pommery, Veuve Cliquot et son dédale de 20 km de galeries, Taittinger sous l’ancienne abbaye Ste Nicaise, et celles de Lanson dont les galeries voutées servirent de logements pendant les bombardements de la guerre de 14, et même de chapelle avec un vestige qui subsiste aujourd’hui, une statue de la Vierge toujours accrochée sur la paroi.
*Le festival de façades Art déco, symboles de la reconstruction de la ville détruite à 80 % pendant la guerre de 14
*L’Hotel musée Le Vergeur XIII éme et Renaissance construit par un riche marchand grainetier
*L’abbaye St Remi, du nom de l’évêque qui baptisa Clovis, ses parties romanes, XVII ème et son grand cloître
*L’impressionnante porte gallo-romaine de Mars du temps où Reims s’appelait Durocortorum et dépassait en importance Lutèce qui deviendra Paris
*Le palais épiscopal du Tau et sa grande salle à voûte de bois en carène de navire renversée où se tenait le festin des rois après leur sacre. Le palais abrite aujourd’hui un musée sur la cathédrale où l’on réalise, en les voyant, que les statues d’origine sur sa façade mesuraient près de 5 mètres de hauteur !
*Hôtel Jean-Baptiste de La Salle édifié à partir de 1545. Belle cour Renaissance avec avec une tour à escalier à vis ajouré
*La demeure XIIIème des comtes de Champagne
*La villa Demoiselle, splendide témoin de l’Art Nouveau construit entre 1904 et 1908 sur la butte Ste Nicaise par Louis Majorelle pour le directeur des Caves Pommery
*Le musée des Beaux-arts, un des plus beaux de province avec ses collections de tableaux et de sculptures du XVI ème au XX ème : Le Nain, Boucher, Corot, Monet, Pissaro, Renoir, Gauguin, Maillo, Marquet, Foujita, Rouault, Manessier,…
*Le phare de Verzenay, un vrai phare au milieu d’une mer de vignes construit en 1909 par le négociant en champagne Joseph Goulet pour faire la promotion de sa maison. Le rez de chaussée faisait guingette, et en 1940 les Anglais placèrent sur le phare une batterie anti-aérienne. Après restauration en 1999 le Musée de la Vigne y a ouvert ses portes.
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POUR UNE HALTE UN CHOIX S’IMPOSE
Le Château de Sacy, appartenant à la collection Millésime, se dresse sur la montagne de Reims dans le charmant village de Sacy. Cette Maison de Maître peut accueillir tous les voyageurs passionnés d’automobiles avec un parking loin des tumultes citadins.
En plein cœur des vignes, ce joyau intimiste offre 12 chambres et suites, un restaurant avec une cuisine raffinée mettant en avant les produits du Terroir et un espace bien-être Ec(h)o en collaboration avec la marque française de cosmétique naturelle minérale Gemology.
Tout rappelle dans cet écrin l’histoire du et de la Champagne. Une parenthèse pour vous faire vivre une expérience pétillante et unique…
Château de Sacy, rue des Croisettes, 51500 Sacy.
Informations et réservations : +33 (0) 26 07 60 38 – contact@chateaudesacy-reims.fr https://www.chateaudesacy-reims.fr/
*Les Halles du Boulingrin et leur spectaculaire voute en béton de 19,85 m de haut et seulement 7 cm d’épaisseur construite en 1927.
*Le fort de la Pompelle . Symbole de la résistance rémoise pendant la deuxième guerre mondiale, il fut le seul de la région à rester aux mains des Français jusqu’en 1918 au prix de 12 000 morts. Aménagé en musée des tranchées on y trouve une étonnante (et unique!) collection de 500 couvre chefs de l’armée allemande.
*La bibliothèque Carnegie, chef d’oeuvre de l’Art Déco avec son entrée en mosaïque et son gigantesque lustre suspendu en vitrail.
*Le musée automobile de Reims-Champagne, 230 autos et motos de 1908 à nos jours, un festival de Delahaye, Delage, Panhard, et de voitures à pédales ! (84 Avue Georges Clemenceau/ 03 26 82 83 84/musee-automobile-reims-champagne.com)
EPERNAY et alentours
*Flanez le long des 1500 m de l’avenue de Champagne pour admirer tous les hôtels particuliers où se sont installées les grandes marques champenoises au dessus de leurs 110 km de caves. « The most drinkable avenue of the world » comme l’avait surnommé Churchill qui était un connaisseur !
*La tour de Castellane, construite entre 1903 et 1905 comme emblème publicitaire de la marque de champagne. Gravir ses 237 marches vaut la peine pour contempler du haut de ses 65 m la ville d’Epernay et la vallée de la Marne. A voir aussi son musée sur l’élaboration du champagne.
*Le château Perrier, construit au XIX ème dans le style Louis XIII pour Charles Perrier propriétaire de la marque de champagne Perrier-Jouet. En 1940 il abrita le QG des armées britanniques, puis allemandes de 1942 à 1944. Après la libération de la ville par Patton, les Américains s’y établirent à leur tour !
*Le théâtre Gabrielle Dorziat, du nom d’une comédienne née à Epernay. Inauguré en 1902, il est un des rares théâtre à l’italienne dont la machinerie est encore dans son état d’origine. Mais on n’est pas au coeur du champagne pour rien : les nudités allégoriques des peintures du plafond du foyer chantent l’amour au milieu de guirlandes de raisins. Et sur la façade une sculpture évoque la vigne inspirant l’art théâtral !
*L’abbaye de Hautvillers, fondée en 650, et célèbre par son moine Dom Pérignon (1639-1715) pour ses trouvailles novatrices dans l’élaboration du champagne par assemblage de crus différents.
*Le château de La Marquetterie à Pierry. Ce pur joyau Louis XV a été construit en 1734 par un neveu du grand architecte Gabriel. Pendant la Grande guerre, le maréchal Foch en fit son quartier général. Et son énorme Renault à 6 roues, avec laquelle il sillonnait les champs de bataille, y est d’ailleurs exposée. Tombé sous le charme du château alors qu’il y était en service à l’état major en 1915, Pierre Taittinger le racheta en 1932.
*L’abbatiale St Pierre d’Orbais . Avec son architecture monumentale et sa flèche gothique qui se voit de loin, elle a été élevée au XII ème par Jean d’Orbais. Celui-ci en aurait fait le prototype de la cathédrale de Reims dont il sera le premier maitre d’oeuvre.
*Le mémorial de Dormans, sa grande tour et son ossuaire rassemblent les restes de 1500 soldats de toutes nationalités (dont seuls 11 furent identifiés) qui furent tués pendant les combats sur le front de la Marne.