Domaine Michel Girault
Cette Floride Renault, le plus beau cabriolet jamais sorti par la marque au losange, Michel Girault en a longtemps rêvé. Un souvenir de jeunesse resté tenace depuis le lancement de cette auto en 1958.
« On me l’a vendue comme l’ex voiture de Brigitte Bardot ! » Voilà de quoi donner encore plus de charme à la Floride S de 1963 que Michel Girault, vigneron sur Sancerre, s’est enfin offert en 2004 après en avoir longtemps rêvé. « Dans ma jeunesse, j’ai été fasciné par un médecin de Sancerre qui se promenait dans une splendide Floride Renault blanche avec une superbe blonde à bord. Et je me disais à l’époque, si un jour j’en trouve une comme ça (pas la blonde !) je l’achèterai. »
Mais la vie de vigneron imposant d’autres priorités financières pour faire tourner un domaine de 16 hectares, ce n’est qu’à 58 ans qu’il a fini par trouver la perle rare après avoir vu beaucoup de Floride Renault souvent en mauvais état. « Un jour, un copain m’en a indiqué une « comme neuve » appartenant à un de ses vieux voisins qui ne s’en servait plus beaucoup. J’y suis allé. Et là je n’en suis pas revenu. Cette Floride Renault était effectivement nickel, et même conservée dans un local avec déshumidificateur !
Hélas son propriétaire y était très attaché et ne voulait pas s’en séparer. Mais au bout de plusieurs tentatives de ma part pendant six mois, il a fini par accepter car sa femme ne pouvait plus faire de voiture.» Aujourd’hui, Michel Girault qui a passé la main à ses deux fils olivier et Anthony profite de sa retraite bien méritée pour se balader tous les dimanches avec sa Floride Renault qui déclenche sur son passage admiration et applaudissements. Preuve que Louis Dreyfus, patron de Renault à l’époque, avait eu raison de donner son feu vert en 1958 au plus beau des cabriolets jamais lancé par la marque au losange.
Et si cette Floride est la Renault qui fait encore le plus sensation aujourd’hui (mis à part la R8 Gordini) elle le doit à son lieu de naissance. Car c’est en fait une belle italienne ! Dessinée à Turin chez le carrossier Pietro Frua qui lui a donné cette élégance sortant de l’ordinaire avec ses lignes tendues, son long capot aboutissant sur une face avant en oblique avec phares reculés encastrés dans les ailes, et à l’arrière ses ailes en pointe et ses flancs creusés avec grille d’aération pour refroidir le moteur. Car la Floride Renault est en fait une Dauphine rallongée (4,20m au lieu de 3,94 m) et rhabillée en plus chic par un couturier italien.
La Floride Renault est en effet dotée du même 4 cylindres arrière 845 cm3 de 34 ch propulsant à 122 km/h cette petite Dauphine qui remplaçait la 4 CV depuis 1956, et allait devenir la voiture la plus vendue de France avec 2 millions en 12 ans. Tout comme la Dauphine, la Floride Renault va se faire une réputation de voiture légère (746 kg) tenant moyennement la route à grande vitesse dans les virages en raison de son poids trop léger sur le train avant (235 kg contre 435 sur l’arrière). Si bien que certains rajouteront un sac de sable dans le coffre avant pour atténuer les effets de sa sensibilité au vent latéral ou au sur-virage, et aussi à la « rigidité spaghetti » (pas italienne pour rien !) de sa plate forme dans les changements d’appui.
Mais malgré ces points faibles, la Floride Renault va faire fureur. A l’image de l’époque de « La fureur de vivre » au cinéma avec James Dean où le plaisir au volant et l’insouciance l’emporte sur le principe de précaution d’aujourd’hui. Elégante et jolie, la Floride Renault plait aussi aux femmes. D’autant que la marque au losange s’offre les charmes de Brigitte Bardot comme égérie dans ses publicités pour la Floride Renault. Et fait rêver les clients avec des couleurs de carrosserie aux noms exotiques : blanc Kilimandjaro, vert Bornéo, jaune Bahamas…
L’intérieur cossu avec planche de bord et volant bicolores dégage une impression chic avec belle sellerie en faux cuir, boite à gants fermant à clé, allume cigare, autoradio, tout pour plaire aux Yéyés écoutant à bord Salut les copains sur Europe 1. En 1962, pour répondre à la clientèle sportive déçue par ses performances, Renault sortira une Floride S avec un moteur plus puissant, le 956 cm3 48 ch de la R8, puis un 1108 cm3 de 55 ch sur la Caravelle qui passera à 58 ch sur la Caravelle 1100 S plus rageuse avec carburateur Weber double corps la propulsant à 145 km/h.
Lancée au départ du projet comme voiture plaisir pour contrer les cabriolets de Peugeot et de Volkswagen avec sa Karmann, la Floride Renault remplira bien sa mission. Mis à part un flop aux Etats-Unis, bien qu’ayant été nommée exprès Floride pour séduire les Américains, la belle franco-italienne pas assez puissante pour les USA se sera vendue à 117 039 exemplaires de 1958 à 1968. Une jolie réussite que les coupés et cabriolets suivants n’égaleront pas avec les R15, R17, ou Mégane convertibles. Peut être pour ne plus avoir jamais fait appel aux génies italiens du design comme l’a longtemps fait avec succès Peugeot en s’associant à Pininfarina…
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
LA NOUVELLE MÉGANE E-TECH ELECTRIC
La Mégane de 2022 est à Renault ce que la Dauphine était en1955, une voiture phare de la marque. Mais contrairement à la Dauphine, la nouvelle Mégane ne sera pas déclinée en cabriolet avec une Floride bis. Dommage. La mode n’est plus aux voitures plaisir comme les décapotables mais aux SUV. La faute à la pollution où l’on préfère s’enfermer avec la clim plutôt que rouler cheveux au vent ? Toujours est il que cette nouvelle Mégane innove par son changement complet de look, son intérieur high tech et surtout sa motorisation 100 % électrique… lire la suite
OENOTOURISME
LE VIGNOBLE
Dans le petit village de Bué sur l’appellation Sancerre, Michel Girault et ses deux fils perpétuent la tradition viticole de la famille avec leur 16 hectares de vignes.
–La Silicieuse 2020 / Une belle fraicheur en bouche sur un nez citronné, une trame fruitée marine avec une tension saline du silex qui se prolonge en longueur sous le palais.
–Les Beaux regards 2019 / Un assemblage de pinots avec 15% de vendanges entières qui resserrent ce vin rouge tout en lui donnant plus de mâche et de fraicheur après un an d’élevage dont 30% en futs d’un an qui procurent un léger boisé sur une bouche fruitée et soyeuse.
–P’tit Gus 2018 / Provient d’un parcelle d’un vieil oncle qui apostrophait ainsi les passants. Ce vin fait merveille par sa souplesse du au terroir argileux et son attaque profonde au nez qui persiste sur une belle allonge de pierre à fusil. Ce festival d’arômes subtil tient aussi à l’assemblage de 4 fûts à chauffes différentes après un an d’élevage en grappes entières.
–Le Chêne Marchand 2018 / Le domaine possède 12 ares de cette appellation renommée pour refléter son terroir racé 100 % calcaire très minéral avec son attaque crayeuse, son nez citronné et son allonge aromatisée dans la fraicheur.
PROFITEZ EN POUR VISITER…
-Sancerre, et ses ruelles médiévales perchés sur le piton rocheux dominant les vignobles alentour et le village voisin de Chavignol célèbre pour ses fameux fromages.
-Ménétrol sous Sancerre, charmant village où il fait bon déambuler
–Guerigny et son ancienne grande forge devenue un musée. Ancres, canons, boulets… les forges ont été le fer de lance de la construction navale nationale. A tel point, qu’en 1755, elles ont reçu le titre honorifique de Forges Royales,
–Vailly-sur-Sauldre pour son étonnante grange pyramidale unique en France. Construite au XVème elle tient sans murs porteurs uniquement grâce à sa magnifique charpente.Les granges pyramidales appartenaient généralement à plusieurs familles qui les utilisaient comme espace de stockage et comme lieu festif pour organiser des banquets, des mariages…
–Buranlure et son imposant château-fort du XVème avec des parties réaménagées de style Renaissance. Au 18e siècle, un pont de pierre à une arche a remplacé l’ancien pont-levis et permet l’accès au château. L’entrée dans la cour intérieure se fait en passant sous une tour carrée. Cette cour est entourée de bâtiments construits en utilisant les restes du château féodal primitif dont il reste des vestiges. Face à l’entrée, le fond de la cour est occupé par un bâtiment dont la façade est coupée en deux par une tourelle d’escalier.
–Le musée rétromécanique de Vailly-sur-Sauldre. Exposition de voitures françaises permettant de retrouver sur un même site les automobiles berlines conçues pendant les 15 années de l’après guerre 39/45 où la relance industrielle timide provoquait des délais de livraison de 1 à 6 ans. Présence d’une loco à vapeur merlin de 1885.
–La Charité-sur-Loire et sa grandiose église romane Notre Dame à la nef de 120m de long qui laisse imaginer ce qu’était l’abbatiale de Cluny, détruite à la Révolution, encore plus grande. A voir aussi son prieuré au cloitre reposant. Durant la grande époque clunisienne, pas moins de 200 moines y vivaient. L’église a failli disparaître en 1840 au profit du tracé de la Route Royale Paris-Nevers qui traversait la nef… Mais Prosper Mérimée passait par là et l’a sauvée de la destruction en la classant « Monument Historique ». Depuis 1998, l’église Notre-Dame est inscrite sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO en tant qu’étape majeure sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France.
–Cosne sur Loire, pour les enfants, avec ses promenades en cyclorail sur l’ancienne voie ferrée passant sur un viaduc, et une balade dans les ruelles aux maisons à pans de bois et un détour devant la surprenante façade du cinéma art-déco. A voir aussi à Pouilly sur Loire la Tour du Pouilly, un ancien relais de poste devenu un musée sensoriel du vin local sur le savoir faire des vignerons. Le site possède également une Cave aux Arômes qui vous propose de percevoir toute l’originalité de la riche palette aromatique des vins de la région. Et pour admirer d’en haut le panorama du vignoble de Pouilly, grimpez sur la tour de Saint Andelain, un ancien château-d’eau transformé en belvédère.
Musée de La Louise à Vielmanay : un détour pittoresque qui vaut la peine pour plonger dans l’ambiance conviviale du café épicerie d’autrefois où les jeux de cartes et l’absinthe étaient usage courant. L’épicière proposait une multitude d’articles, ici en situation. Un retour à l’esprit « bazar » où tout était consommable, à l’unité si nécessaire. A ne pas manquer aussi le musée d’école pour revivre vos souvenirs d’écolier dans la classe reconstituée de 1930 avec le tableau noir, les cartes de géographie au mur, les pupitres, les plumes Sergent-major et l’encre qui tachait les doigts ! (momentanément fermé pour covid)