Cette beauté tranquille à la robe sublime cache bien son jeu. Car la Ferrari Roma revient à la Dolce Vita et aux bolides glamour des années soixante qui savaient aussi arracher le bitume !
Au lieu de l‘appeler Roma, sa dernière création, Ferrari aurait pu l’appeler Nostalgia. Car cette GT féline à la ligne épurée, et aux galbes charmeurs très classiques, est un retour aux belles années 60 où ses voitures, comme la 250 GT ou la Lusso, incarnaient à la fois l’élégance et le sport. La Roma est l’antithèse des bolides de plus en plus radicaux et aux lignes agressives les faisant ressembler à des Formule 1.

Pour partir à la conquête de nouveaux clients rêvant de Ferrari, mais préfèrent la discrétion au tape à l’œil techno qui les fait fuir chez Jaguar, Porsche ou Aston Martin, le constructeur de Maranello a donc opéré un changement de cap complet. Avec une Ferrari Roma au design sage, élégant, et en même temps surprenant par sa face avant pointue en nez de requin par l’inclinaison inversée de sa calandre inédite avec grille peinte de la même couleur que la carrosserie. Et de chaque côté, les optiques horizontales confèrent un étrange regard perçant à cette Ferrari Roma.

Un félin ramassé vers l’arrière sur une poupe très courte et galbée sertie de feux horizontaux biseautés sur l’arrête du coffre, tout en harmonie. Car sur la carrosserie de la Ferrari Roma, aucun appendice aérodynamique ou prises d’air compliquées ne dénaturent la fluidité de sa ligne. Invisible, le spoiler intégré dans le bas de la lunette arrière, ne se lève qu’au dessus de 100 km/h. Et procure ainsi 95 kg d’appui supplémentaire à partir de… 250 km/h. Oui « à partir de », car les 620 chevaux de la Roma ont encore de la marge pour terminer leur galop à… 320 km/h !!!

C’est que sous ses airs de GT belle et sage à l’extérieur, la Ferrari Roma l’est beaucoup moins sous le capot où elle a tous les gênes d’une supercar sportive qui déménage sacrément ! Le V8 3,8 l biturbo est le même que sur la Portofino. Mais la Ferrari Roma affiche 20 chevaux de plus et 100 kg de moins. Ce qui lui permet d’abattre encore plus vite le 0 à 100 km/h en 3,4 secondes. Et, sidérant de brutalité, écrasé dans le fond du siège : le 200 km/h en 9,3 secondes… Mamma mia !!! Le temps qu’il faut à une Renault Mégane de 160 ch pour atteindre 100 km/h….Pendant ce temps là, une Roma est déjà très loin devant !

Le secret de cette réactivité foudroyante ? Des nouvelles turbines de turbo tournant à 5000 tours plus vite et la nouvelle boite robotisée 8 vitesses à double embrayage ultra rapide de la Ferrari de compétition SF 90 Stradale 1000 ch montée pour la première fois sur une GT. Les passages de rapport sont 20% plus rapides que sur la Portofino dont la boite 7 vitesses pèse 6 kg de plus. Ce qui permet à la Ferrari Roma de consommer moins et de baisser de 12 gr ses rejets de CO2. Mais ne l’empêche pas de payer les 20 000 € de malus avec son 255 gr/km.

Mais bon, inutile de gâcher ces moments jouissifs ressentis au volant de la Ferrari Roma. Et le concert de rocker du V8 à la voix rauque qui n’a rien à voir avec les vocalises stridentes de diva sur le V12 de la 812 Superfast. Son couple puissant (760 Nm à 3000 trs) et les passages éclairs des 8 rapports sans à-coups font que la Roma, très polyvalente, peut cruiser tranquillement à 130 km/h à seulement 1300 tours dans un ronronnement tranquille. Ou se déchainer brutalement dans un grondement de tonnerre dés qu’on enfonce l’accélérateur sur des reprises foudroyantes. Grâce au système Variable Boost Management qui fait monter le couple en fonction du rapport de vitesse sélectionnée tout en optimisant la consommation.

Pour tempérer les ruades du petit cheval cabré, mieux vaut jouer du « manettino », cette petite manette rouge sur le volant inventé par Michael Schumacher à son arrivée dans la Scuderia en 1996, avec 5 positions : Wet, Confort, Sport, Esc-off, et la première fois sur une GT, Race, (le mode course réservé jusqu’ici aux modèles ultra sportif) où l’équilibre du chassis, avec le moteur en position avant central grâce à ce long capot, peut s’exprimer sans contraintes. Autant de réglages pointus anti dérapage-patinage-blocage de roue par les différentiels électroniques qui scotchent la Ferrari Roma au bitume.

Et en toute sécurité, cette GT facile à conduire défie les lois de la physique à grande vitesse dans des enchainements de virages diaboliques sans trop chasser de l’arrière même s’il faut tout de même modérer ses accélérations en sortie de courbe. Grâce aussi à une étonnante suspension magnétique pilotée qui allie confort et tenue de route malgré une garde au sol rabaissée de 12 mm par rapport à la Portofino et des jantes de 20 pouces qui amincissent réduisent beaucoup la hauteur et l’effet amortisseur des pneus taille basse.

Ce confort, on le ressent immédiatement en s’installant dans les sièges baquets électriques ventilés (un supplément à 5520 €) au maintien parfait avec dossier bien cambrée dans cet habitacle qui n’a plus rien à voir avec l‘ambiance course techno-carbone à laquelle on était habitué. La Ferrari Roma ressuscite l’esprit Dolce Vita avec une ambiance luxe, cocon raffiné, tapissé de cuir pleine fleur ou d’alcantara. Et un « mobilier » de planche de bord au nouveau design très équilibré qui divise l’habitacle en deux cellules séparées, comme sur une Aston Martin ou une Mac Laren, par une large console centrale courant jusqu’aux très symboliques places arrières tout justes bonnes pour de jeunes enfants.

Dans cette nouvelle configuration à deux cockpits individuels, le passager partage néanmoins la vie de la voiture en ayant devant lui (moyennant une option à 4200 €) son propre écran où s’affichent vitesse, sélection des radio, réglage de climatisation. Si la Ferrari Roma renoue apparemment avec la tradition d’un art de vivre, elle se la joue un max voiture pour geek avec un écran central ressemblant à un smarpthone géant où la navigation tactile est poussée un peu loin, y compris pour les réglages de ventilation à la place des boutons à l’ergonomie plus immédiate qui ont disparu. Un pavé tactile est même présent sur le volant, mais tellement minuscule que son utilisation est aléatoire en roulant.

Et même le réglage des rétroviseurs doit passer par un pavé tactile à gauche du tableau de bord pas franchement commode. Bref, à vouloir jouer la voiture branchée, Ferrari a poussé le bouchon un peu loin dans la complexité au lieu de la simplification dans l‘ergonomie qui nécessite un long apprentissage. Et que dire de la commande vocale qui vous répond si vous déclamez un « Ciao Ferrari », mais se déclenche aussi toute seule par moment avec une voix doucereuse vous demandant « Que puis- je pour vous ? ». Rien, merci ! En s’installant au volant, on se retrouve en face d’un tableau de bord noir qui s’anime dés qu’on presse le bouton Start Engine jusqu’à illumination complète du cockpit par des affichages numériques.

Car même le traditionnel, et énorme compte tours à aiguille est devenu virtuel ! En revanche il y a du positif dés que la voiture se retrouve à l’arrêt : les données du tableau de bord laissent alors place à l’image de la camera frontale ou arrière et à la vision périphérique pour les manœuvres. Au final, l’ensemble de ce beau cocktail explosif s’affiche à un prix très proche de « l’entrée de gamme » Ferrari incarné par la Portofino. A 198 205 euros avec tous ses équipements de série la Ferrari Roma est moins chère qu’une Porsche 911 Turbo championne des options équivalentes à rajouter. Et offre en plus l’entretien gratuit pendant 7 ans. Qui dit mieux ?
Cylindrée : V8 biturbo 3855 cm3
Puissance : 620 ch/52 CV
Couple maxi : 760 Nm à 3000 trs
Poids : 1472 kg
0 à 100 km/h : 3,4 sec
Vitesse max : 320 km/h
CO2 : 241 gr/km
Coffre : 272 l
Réservoir : 80 l
Prix : 198 205 €
LES PLUS : moteur souple et puissant, accélérations, précision de la direction, confort, luxe des finitions,
LES MOINS : pas d’affichage tête haute, ergonomie des écrans compliquée, places arrières minuscules