L’Alfa Romeo spider, ce vigneron jurassien en est fana. Il a craqué pour ce modèle cultissime habillé par le grand couturier italien de l’automobile Sergio Pininfarina. Plus qu’une voiture. Une oeuvre d’art !
Domaine Alain Gauthey
Peu de voitures ont vieilli aussi longtemps tout en gardant le charme de leur jeunesse. Et si l’Alfa Romeo spider a réussi cet exploit durant 26 ans de 1966 à 1993, il le doit à son génial géniteur : le magicien italien de la tôle, meilleur carrossier de sa génération, Sergio Pininfarina qui a dessiné, entre autres, toutes les plus belles Ferrari. Chez Alfa Romeo, il était de tradition de mettre en concurrence Bertone et Pininfarina pour leur confier la ligne des splendides coupés et cabriolets de la marque.
Mais à l’issue d’une mise en concours, l’audace de la proposition de Pininfarina l’emporta avec cette sublime silhouette ellipsoidale effilée et surbaissée. Cet Alfa Romeo spider 1600 cm3 devait initialement s’appeler « Duetto », « os de seiche », en raison de la rondeur de son arrière aplati. Mais le nom ne fut jamais inscrit sur la carrosserie en raison d’un problème juridique de droits de propriété : une marque de biscuits au chocolat utilisait déjà ce terme ! Ce qui n’empêcha pas le public de donner à l’Alfa Romeo Spider 1600 ce surnom de Duetto.
Et le lancement de ce cabriolet restera à tout jamais associé à son apparition en 1967 dans le film Le Lauréat avec la dévoreuse Anne Bancroft et Dustin Hoffman au volant, en compagnie de la délicieuse Catarina Ross et de la musique enchanteuse de Sound of silence signée Simon&Carfunkel. Un succès planétaire qui a fait entrer l’Alfa Romeo spider Duetto au Panthéon des immortels avec 126 424 exemplaires vendus. Y compris à des vedettes de cinéma comme Belmondo ou Steve Mc Queen.
Fou de belles autos, l’acteur américain en fit l’éloge en déclarant « C’est une voiture qui pardonne beaucoup (allusion à sa « rigidité spaghetti »). Et reste jolie en plus. » Rien d’étonnant donc qu’à 50 ans en 2010, Alain Gauthey vigneron dans le Jura, ait eu envie de réaliser son rêve en achetant enfin ce cabriolet Alfa Romeo spider qui avait bercé sa jeunesse. Et en choisissant un modèle 4ème génération de 1990 appelée « Tronca » en raison de l’arrière qui n’était plus l’arrondi du début, mais coupé à la serpe depuis la 2ème série 1750 cm3 en 1969.
« Avec néanmoins un retour aux sources par l’abandon des disgracieux gros pare chocs et becquet sur le coffre en plastique noir de la 3ème génération de 1983 qui avait du se plier aux normes de sécurité américaines » explique -t- il pour justifer son choix. Cette dernière version de l’Alfa Romeo spider de 1990 retrouvait la finesse de sa ligne des débuts avec des pare chocs intégrés à la carrosserie et de la même couleur, et en plus une pêche d’enfer avec le 4 cylindres 2 litres injection de 120 ch, 185 km/h. »
Son vrombissement unique en son genre par sa musicalité typique de la marque dans les graves fait vibrer tous les « Alfistes ». Et Alain Gauthey y a succombé à son tour en rachetant aussi d’occasion en 2016 un coupé GT V6 3,2 l 250 ch de 2004. Le dernier modèle à faire ronfler un vrai V6 Alfa avant que ne s’installent sous le capot des moteurs General Motors moins musicaux et moins pêchus .« Non seulement pour moi les plus belles autos sont anglaises ou italiennes. Mais Alfa incarne aussi une marque pionnière créée, on l’oublie à l’origine, par un Français ! »
Petite précision en remontant dans le temps : l’usine de Milan avait été ouverte en 1906 par le constructeur Alexandre Darracq, implanté près de Paris à Suresnes, qui voulait contourner les prohibitifs droits de douane italien en produisant sur place les voitures de sport à son nom. Mais après un dépôt de bilan trois ans plus tard, Ugo Stella administrateur de Darracq Italie réunissait des financiers et des industriels pour relancer en 1910 une production de voitures locales données pour 100 km/ en pointe sous le nom Alfa (Anonima Lombarda Fabbrica Automobil).
Las, la guerre mit à nouveau la firme en faillite. C’est alors qu’un industriel de l’armement passionné d’automobile, Nicola Romeo reprit l’affaire afin d’y produire du matériel militaire. En 1918 naissait Alfa-Romeo pour relancer les modèles de sport de l’ingénieur Merosi chargé de préparer aussi la fameuse RL 6 cylindres. Celle qui allait être victorieuse en 1923 dans la fameuse Targa Florio. Avec dans l’équipe gagnante des pilotes un certain Enzo Ferrari… La légende Alfa Romeo était partie pour des décennies glorieuses sur les circuits !
LA NOUVEAUTÉ DU MOIS
FIAT 500e, ELLE MET LES DOIGTS DANS LA PRISE !
Rien de nouveau en vue chez Alfa Romeo qui continue de vivre sur la Giulia et le Stelvio sortis en 2016. Surtout depuis le rachat du groupe Fiat par Peugeot cette année : le nouveau propriétaire a décidé de reporter d’un an le lancement très attendu du SUV Tonale. Si bien que dans les marques italiennes (Maserati, Jeep, Chrysler) du nouveau groupe Stellantis, c’est Fiat qui joue les vedettes avec sa nouvelle 500 e 100% électrique. Plus longue et plus large de 6cm, elle offre aussi une meilleure accessibilité aux places arrières avec une version à deuxième portière du côté droit. Et son autonomie électrique de 320 km en fait la reine des petites voitures électriques, à la fois urbaine et routière avec des caractéristiques intéressantes…lire la suite
OENOTOURISME
PROFITEZ EN POUR VISITER…
-Juste au dessus du vignoble d’Alain Gauthey se dresse l’éperon rocheux de 500m qui a donné son nom au village de Saint-Laurent–la-Roche. Ce belvédère surmonté d’une immense vierge offre une vue époustouflante à 100 km sur la Bresse jusqu’aux montagnes bourguignonnes de la côte chalonnaise en face, et sur le village verdoyant (ne manquez pas les fromages du chevrier Bully!) , au vieux four banal recouvert de lauzes, dominé par la curieuse église du XIV ème. Classée monument historique, elle vaut le détour en particulier pour une immense peinture murale d’adoration des mages unique en France. La commune et l’association locale pour le patrimoine (06 60 46 27 45) recherchent des fonds pour sa restauration urgente afin d’éviter la disparition de ce témoignage étonnant de l’Histoire de la Franche Comté par la présence surprenante d’une reine de France, Anne de Bretagne, sur les murs de cette église de village. Elle avait en fait un lien de parenté avec une grande famille noble de la région à l’époque où St Laurent la Roche était un prieuré dépendant de la proche abbaye romane de Gigny (à visiter aussi!) d’où sont partis les fondateurs de la célèbre abbaye de Cluny.
– Les vestiges de la forteresse médiévale d’Arlay et le château rebâti au XVIII ème sur les caves d’un ancien couvent, avec ses salons et chambres meublés et son originale bibliothèque à la cheminée dissimulée derrière des livres postiches. Un haut lieu du vin jaune avec le vignoble attenant qui est un des plus vieux de France. www.arlay.com
–Le village de l’Etoile, pittoresque bourgade qui a donné son nom à l’un des plus réputé vin du Jura qui doit son nom aux fossiles en formes d’étoiles trouvés sur son terroir. Joli point de vue du haut de la colline où se trouve le vignoble de Philippe Vandelle qui vaut le détour pour une dégustation.
–La reculée du cirque de Baume, à voir depuis le belvédère de Crançot, juste à côté de l’hôtel-restaurant Le Belvédère à l’excellent menu local à déguster sous les grands arbres de sa terrasse délicieusement ombragée en été. Un autre point de vue complètement différent vaut la peine depuis Granges-sur-Baume où l’on plonge sur l’abbaye en contrebas qui vous invite à y descendre…
–Abbaye de Baume-les-Messieurs, fondée au VI ème siècle, on y rentre par un passage vouté, sous l’ancienne hôtellerie et le donjon, qui débouche sur la façade de l’église romane où la nef du XIIème est dallée de pierres tombales. Après l’ancien cloitre qui a conservé sa fontaine centrale, une autre cour donne accès aux anciens logements des chanoines.
–Grottes de Baume, un fantastique voyage dans les tréfonds de la reculée à travers les salles souterraines et leurs forêts de stalactites. A voir aussi à l’extérieur les encorbellements de la cascade des tufs.
–Poligny, capitale du gruyère de Comté à l’entrée de la reculée de Vaux, son Hôtel Dieu du XVII ème avec son cloitre, sa pharmacie et ses pots en faïence, sa cuisine voutée et son réfectoire. Autres curiosités : le couvent des Clarisses fondé en 1415, la collégiale St hippolyte du XV ème et ses magnifiques statues bourguignonnes, la Grande-Rue bordée d’hôtels particuliers, l’église romane de Mouthier-Viellard et son retable en albâtre du XV ème
–Salins-les-Bains, la descente dans les galeries voutées des salines et l’énorme roue hydraulique en bois de la pompe à balancier qui remontait les eaux salées laisse un souvenir inoubliable. A voir aussi, un des plus beaux exemples du gothique bourguignon cistercien du XIII ème, l’église St Anatoile.
–Arc-et-Senans, la grandiose saline royale en demi cerce de 235 m de diamètre dessinée au XVIII ème par le grand architecte Ledoux qui avait imaginé une ville circulaire où était exploité les eaux saumâtres de Salins amenées jusque là par des conduites en bois sur une trentaine de kilomètres.
–Château-Chalon, ce vieux village pittoresque perché sur un escarpement rocheux au dessus de son fameux vignoble en pente offre un panorama splendide sur la plaine jurassienne.
–Le château du Pin, son imposant donjon carré du XV ème domine la campagne environnante.
–Lons-le-Saunier, encore une ville qui doit son nom à l’exploitation jadis de sa saline. Sa rue du Commerce est pleine de charme avec son enfilade d’arcades du XVI ème qui débouche sur la place de la Liberté où la tour de l’Horloge marque l’emplacement des anciennes fortifications de la ville. Le musée dans l’Hôtel de ville vaut le détour pour ses tableaux de Breughel, Courbet ou ses statues de Falconet et Perraud. A voir aussi l’une des plus vieilles églises de Franche Comté, St Désiré du XIème, et l’amusant musée de la Vache qui rit, Lons étant la ville natale du célèbre bovidé hilarant.
–Montaigu, c’est dans ce joli vieux village perché sur un éperon rocheux au dessus de Lons que l’auteur de la Marseillaise, Rouget de l’Isle vécut sa jeunesse. Alors que Lons-le-Saunier le revendique aussi, car sa mère y accoucha en descendant au marché de la ville !
–Le musée de véhicules anciens de Perrigny, tout proche du centre de Lons, ce hall d’exposition regroupe plus d’un cinquantaine de voitures et autant de motos où l’on retrouve avec plaisir vieilles Citroën, Peugeot ou Renault, des Simca, une superbe Hotchkiss, quelques anglaises… Un voyage dans le temps qui fait rêver petits et grands. Grâce à la passion et la patience du transporteur Paul Bonnicel à l’origine de ce musée ouvert en 2017.
393 Rte de Conliège à Perrigny Tel 03 84 48 42 07
–La ligne des Hirondelles, nom du train en partance de Dole au parcours pittoresque en forêts et montagnes qui emprunte sur 123 km 36 tunnels (dont certains au tracé en en fer à cheval !) et 18 gigantesques viaducs en courbes débouchant au dessus de Morez pour une impressionnante descente jusqu’à la gare de Saint Claude. Vues imprenables garanties. A voir, la cathédrale fortifiée et ses splendides stalles en bois sculpté.
–Dole, capitale de la Franche-Comté pendant des siècles, la ville resplendit de son histoire par ses monuments dans ses ruelles étroites et tortueuses bordées de jolies maisons à tourelles du XVème- XVIIIème aux cours intérieures avec escaliers couverts en bois ou en pierre. L’église Notre-Dame du XVI ème et son clocher carré de 75 m était le phare de la cité où un guetteur signalait jadis les incendies au porte voix. L’ancien Hôtel-Dieu Renaissance et sa splendide cour en galeries à colonnades, les collèges, les couvents et les hôtels particuliers aux cours à balustrades jalonnent la cité qui domine l’ancien quartier des tanneurs le long d’un canal. On peut y visiter la maison natale de Pasteur où son père, limogé de l’armée impériale après la chute de Napoléon, avait repris ce métier.