Cette Chevrolet Universal rarissime, il la bichonne autant que son vignoble sur l’appellation Cadillac dont il cultive la renommée en louant ses vignes à des passionnés de vins rétribués en bouteilles.
Château du Broustaret/ Jean-Christophe Brunet
Quand on est vigneron dans le bordelais à Cadillac, il est compréhensible de s’intéresser aux américaines. Mais c’est pour une autre marque que Jean Christophe Brunet a eu le coup de foudre en 2002 : une Chevrolet Universal torpedo 6 cylindres 3,2 l de 1930 arrivée d’Uruguay chez un importateur de voitures américaines à Angoulème. « Pour moi, cette auto était extraordinaire car elle collait complètement à l’époque de mon film fétiche Gatsby le magnifique avec Robert Redford. Et au volant de cette Chevrolet Universal je revis la chanson de Souchon « Y a de la rumba dans l’air » !
De fait, exotisme garanti à bord de cette Chevrolet Universal au parebrise rabattable pour mieux gober les mouches, et voir, perché au bout du capot sur le bouchon de radiateur un aigle chromé étincelant prêt à s’envoler. Une splendide pièce d’orfèvrerie ! En cette fin des années 20 les torpédos 4-5 places à capote repliable (nommés phaëton aux USA dans la terminologie usine) ne sont plus à la mode. Alors qu’elles constituaient les modèles de base quelques années plus tôt, la clientèle leur préfère à présent les carrosseries fermées type berline ou coach plus confortables en hiver.
Le phaëton Chevrolet Universal est donc plutôt rare aujourd’hui car il n’a été produit qu’à environ 1700 exemplaires. La légende aux USA voudrait que le bureau design de la Général Motors ait copié les lignes des Hispano-Suiza pour créer la La Salle 1929 (marque intermédiaire entre Buick et Cadillac). Ce dessin a été repris sur les Cadillac et les Chevrolet de la même année, en l’adaptant au pantographe, donnant ainsi à la voiture d’entrée de gamme du groupe un style plus étiré et élégant que les Ford concurrentes.
Quant au 6 cylindres 3,2 l, 50ch, 130 km/h maxi au compteur, il sera utilisé par Chevrolet avec quelques modifications jusque dans les années 50. Chevrolet, marque emblématique des grandes heures de l’automobile américaine en 1950-60 avec ses Bel Air, Corvette et Camaro ? Détrompez vous ! Louis Chevrolet est né en Suisse le jour de Noël 1878 dans le canton de Neuchatel à la Chaux-de- Fonds ! Le berceau de l’industrie horlogère où il va se passionner, non pas aux mécaniques qui donnent l’heure mais à celles qui défient le temps par la vitesse, les automobiles.
A la fois pilote de course et mécanicien il est envoyé aux Etats-Unis par son employeur le constructeur Darracq à Suresnes (qui deviendra Talbot) pour y fabriquer et distribuer les voitures. Mais le « surdoué des pistons » se fait vite remarquer pour ses talents au volant par la marque Buick qui l’embauche comme pilote officiel. Et fort de sa notoriété par ses succès en course, il réussit à rassembler des fonds en 1911 pour créer sa propre marque automobile avec le fondateur de General Motors William C. Durant. Mais 7 ans plus tard, à la suite de désaccord où le Suisse lui a revendu ses parts et l’utilisation de son nom, la marque Chevrolet est absorbée par GM. Fidèle à sa devise « Never give up », « Jamais abandonner » , Louis Chevrolet crée alors sous la marque Frontenac une voiture de course très innovante par sa puissance et sa légèreté grâce à sa structure aluminium : elle va ainsi remporter deux fois les fameux 500 Miles d’Indianapolis. Mais ironie du sort : ruiné par la crise de 1929, il finira simple mécanicien… dans l’usine Chevrolet de Détroit !
OENOTOURISME
SON VIGNOBLE
Au début de ses rangs de vignes du Château du Broustaret sur l’appellation Cadillac , Jean-Christophe Brunet a planté d’étranges pancartes ressemblant à des cartes de visites aux noms anglais, allemands, français… » Ce sont mes parrains explique –t- il. On en a une cinquantaine qui viennent aussi bien du Canada ou de Hawaï ! Moyennant une souscription de 155 euros, ils s’offrent un rang de vignes, sont invités à venir tailler, vendanger, vinifier et venir prendre trois ans plus tard 12 bouteilles à leurs noms. » Une façon originale de mettre en valeur son vignoble de 8 ha en cours d’obtention du nouveau label HVE (Haute Valeur Environnementale) sur une belle croupe argilo-gravière idéale pour le Cabernet et un bas de côte avec des affleurement calcaires où se plait son Merlot. Attaché à la renommée de son appellation, il s’occupe aussi du rallye de voitures anciennes « Circuit découverte de Cadillac-Côtes de Bordeaux ». C’est que les autos de collection il est tombé dedans très tôt. « A 17 ans, j’en rêvais déjà et j’avais acheté, toute rouillée mais mignonne, une vielle Simca 5 dénichée dans une annonce locale. Ma deuxième a été une Citroën Rosalie avec laquelle je me suis marié en 1989 ! »
MON VIN PRÉFÉRÉ
Cuvée XXIII 2015
Un bel assemblage où les 70% de cabernet charpentent puissamment ce vin au fruité velouté et moelleux apporté par les 30% de Merlot. Mais Jean-Christophe Brunet a un secret : « le préassemblage donne plus de rondeur et de patine que le vieillissement séparé. » Autre particularité : l’élevage de 12 mois se déroule dans des barriques d’occasion de 3 ans d’un Grand Cru bordelais qui donnent de belles notes vanillées et torréfiées ou dans de d’anciennes barriques de 300l en chêne de la forêt de Tronçais pour les fonds et les douelles en chêne américain avec un rendu finement boisé tout en rondeur . (8 €)
PROFITEZ EN POUR VISITER…
*Le château de Cadillac.Construit de 1598 à 1620, le château des ducs d’Epernon est un des premiers exemples d’architecture à la française, élevé et décoré pour le flamboyant Jean-Louis de Nogaret de La Valette, ancien mignon d’Henri III et très influent auprès d’Henri IV et Louis XIII. Les salles aux plafonds-poutres à la française et aux 8 cheminées monumentales richement décorées reviennent de loin : le château a été transformé en prison pour femme au XIX ème jusqu’en 1950 !
*Musée de la vigne et du vin. Installé à Cadillac dans une chartreuse du XVIIIème sur la route de Langon, il propose aussi à la vente les vins de la région à la dégustation et à la vente
*Saint Macaire. Charmant village médiéval entouré de remparts en haut d’une falaise dominant la Garonne avec son église romane au curieux plan en forme de trèfle, ses ruelles et sa place du Mercadiou aux passages couverts sous des arcades.
*Domaine de Malagar. La maison-musée de François Mauriac avec sa terrasse dominant les vignes. L’écrivain y vécut longtemps et écrivit dans son bureau qu’on visite Le Noeud de vipères.
Château de Roquetaillade. Imposante bâtisse féodale à Mazères, unique en son genre, construite en 1306 avec 6 énormes tours crénelées qui enserrent littéralement un puissant donjon central carré. Restauré par Viollet-le-Duc, le château comporte des pièces meublées d’époque classique avec de belles cheminées Renaissance, et une grande cuisine très spectaculaire.
*Bazas. Fief du célèbre bœuf de Bazas dont la viande délicate est appréciée des gourmets, la ville est aussi connue pour la place de la cathédrale gothique édifiée au 13ème et 14 ème, entourée d’habitations à arcades du 16ème et 17ème dont l’étonnante maison de l’Astronome avec son fronton de style flamand en escaliers. Ne surtout pas manquer la remarquable apothicairerie de l’ancien Hopital Saint-Antoine. Ici, vous entrez dans une pharmacie du XVIIIème siècle où rien n’a changé, ni le mobilier ni la centaine de pots en faïence bleue, blanche ou polychrome alignés sur les étagères.
*Ste Croix-du-Mont. Son vin liquoreux, son château de Tastes (actuelle mairie) à la terrasse avec vue panoramique vers les Pyrénées, et ses grottes en contrebas creusées dans un banc d’huitres fossiles du tertiaire.
*Loupiac Ses vins blancs célèbres déjà du temps des Romains dont il reste les vestiges de l’ancienne villa avec une piscine de 8m sur 12 au magnifique sol en mosaique.
*Rions. Non loin de Cadillac au bord de la Garonne, cette petite cité médiévale où l’on entre par la porte fortifiée du Lhyan est un enchantement pour déambuler dans les ruelles au milieu des maisons anciennes et de la halle du 18 ème et longer ensuite le bucolique sentier des remparts.
*Chateau royal de Cazeuneuve. Demeure des seigneurs d’Albret, cette impressionnante forteresse du 11ème enserrée au 14ème d’une puissante enceinte devint le fief d’Henri de Navarre futur roi Henri IV dont on visite encore le cabinet de travail et la chambre ainsi que celle de la reine Margot. Des intérieurs magnifiquement meublés et toujours occupés aujourd’hui par les descendants de la famille d’Albret.
*Château de Malromé. C’est ici que mourut à 37 ans le peintre Henri de Toulouse-Lautrec après y avoir vécu quelques années avec sa mère. Dégustation et vente de vin du domaine.
*Verdelais. Ce charmant village de pierres blanches fut un grand centre de pélerinage sur la route de Compostelle comme en témoigne sa basilique reconstruite au 17ème. A voir non loin de là le moulin de Cussol qui fonctionne encore avec ses grandes ailes sur sa butte d’où l’on a une belle vue panoramique.
Le château de la Brède. C’est dans cette austère forteresse gothique entourée de douves que se ressourçait Montesquieu après ses voyages pour écrire les « Lettres persanes » et « De l’esprit des lois ». Dans le vestibule sont toujours alignées ses malles de voyage, et dans sa chambre restée meublée très simplement, la cheminée garde la trace de ses souliers quand il écrivait sur ses genoux devant le feu.
LE BORDEAUX ANCIEN
-vieilles portes Cailhau et de la Grosse Cloche
-la place de la Bourse emblème de l’essor de la ville au XVIII éme, autour de deux bâtiments à l’architecture en fer à cheval d’après les plans de l’architecte Gabriel qui créa aussi la place de la Concorde à Paris
-le musée du vin et du négoce à Bordeaux installé dans de belles caves voutées du quartier des Chartrons, du nom d’un ancien couvent de chartreux transformé au 15 ème siècle en entrepôt de vins
*L’Hotel de Lalande, 1779, un des plus beaux exemples de bâtiments anciens construits par la noblesse parlementaire bordelaise. Par son superbe escalier d’honneur en fer forgé, on accède aux pièces du musée des Arts décoratifs
-la tour Pey-Berland et sa vue panoramique sur la ville et ses clochers
-le Palais Rohan, ancien palais épiscopal du XVIIIème devenu l’Hotel de ville, avec, dans les jardins, le musée des Beaux-Arts sur l’art en Europe du 15 ème au 20ème siècle
-la place du Parlement et ses façades Louis XV autour d’une cour pavée
-l’Hotel particulier Frugès chef-d’oeuvre de l’art nouveau
-l’Abbatiale Ste Croix et sa façade de style roman saintongeais
-la perspective XVIII ème du quai des Chartrons où les négociants en vin s’édifièrent de somptueuses demeures, et les anciens hangars portuaires devenus des commerces et des restaurants
-l’esplanade des Quinconces face à la Garonne
-l’ancienne base sous marine allemande devenue centre d’expositions
*La Cité du vin, le nouveau musée de verre qui vient de s’ouvrir 135-150 quai de Bacalan à Bordeaux. Un voyage étonnant sur l’Histoire de nos ceps de vigne à travers le monde et l’élaboration de nos nectars avec dégustations sensorielles sous forme de devinettes.
*Château Carbonnieux pour son grand cru, et son étonnant musée de voitures anciennes dont des teuf teuf rarissimes comme des Donnet Zedel torpedo, Doriot-Flandrin-Parant, ou Wacheux Phaeton
*Chateau de Portets, arrivez dans ce château-jardin par bateau depuis Bordeaux 2 fois par semaine /05 56 67 12 30 www.chateaudeportets.fr
*Cave Leognan Magnum, un endroit à Leognan où l’on peut déguster presque tous les vins de Pessac-Leognan sans faire la tournée des châteaux qui sont parfois fermés
05 56 64 74 08www.leognanmagnum.com