Dans la course à la puissance des années 90, la star des BMW allait taquiner les Ferrari ou les Jaguar. Au grand plaisir de ce vigneron de la Drôme : 30 ans après son acquisition, il la garde précieusement.
Marc Lépine / Château Bizard
Quand elle est sortie à l’automne 1989, cette BMW 850 i se voulait la première super car de la marque bavaroise qui rejoignait l’élite automobile. Celle des coupés Ferrari, Jaguar, Mercedes et Lamborghini, les seuls propulsés par de fantastiques V12 à la sonorité noble. A Munich, l’heure de la riposte avait sonné chez le constructeur qui ne voulait plus laisser le champ libre à ses concurrents germaniques Porsche et Mercedes dans la course à la puissance.
Avec ses 4 places confortables et son V12 de 5 litres aux 300 ch, cette imposante BMW 850 i de 1780 kg était davantage une GT dévoreuse d’autoroutes allemandes à 250 km/h qu’une voiture de sport virevoltant sur routes sinueuses. Mais une nouvelle version plus puissante en 1992 avec la 850 CSi 5,6 l de 380 ch remettra les pendules à l’heure. Au final, BMW aura frappé les esprits avec ce luxueux coupé à la ligne basse et superbement profilé avec son museau effilé à l’avant, et ses ailes renflées qui musclaient ses flancs.
Car avec un 0 à 100 km/h pulvérisé en 6,8 secondes, la 850 i richement aménagée dans son habitacle tapissé se cuir, accumulait les superlatifs en 1989. D’avant garde, elle était une des premières avec réglages électriques du volant et des sièges, antenne aérodynamique sur la lucarne arrière, ceintures intégrées aux sièges avant, suspension réglable entre confort ou sport, et une direction asservie se durcissant avec la vitesse (comme avant elle la Citroën SM en 1973 !). Le tout dans le feulement très discret de son V12 aux accélérations de velours qui permettait d’effectuer de longs trajets sans fatigue.
Rien d’étonnant donc que Marc Lépine qui était déjà un fidèle « Béhèmiste » ne roulant qu’en Série 5 puis 7, soit devenu en France un des premiers à acheter ce beau bolide en 1990. « C’était une évidence. Je la trouvais superbe par sa ligne intemporelle qui passe encore très bien aujourd’hui. Sans parler de son confort et de ses performances avec des accélérations très progressives, bien assise sur ses 4 gros pneus. Un régal de puissance en douceur ! » Et cette 850 i tombait à point pour lui.
Entrepreneur au Mans, il venait de reprendre le vignoble de son grand père en Provence à Allan près de Grignan.La ville du fameux château où se rendait souvent la Marquise de Sévigné chez sa fille. Mais le château familial de Bizard en ruine, et l’exploitation vinicole en déshérence nécessitaient le lancement de grands travaux obligeant Marc Lépine à descendre sur le chantier tous les week end. Une corvée ? Non, un plaisir jouissif au volant de ce coupé à une époque où les limitations de vitesse étaient moins contrôlées !
D’un petit sourire coupable, Marc Lépine, très placide en apparence, reconnait ses exploits en pleine nuit : «Il y a prescription aujourd’hui, mais j’abattais sans mal les 800 km en 5 heures grâce à cette auto vraiment extraordinaire qui filait sans problème, mis à part sa consommation de 15 à 30 l au 100. Le réservoir de 90 l n’était pas de trop ! » Mais si aujourd’hui, la voiture et le conducteur se sont assagis, pour rien au monde Marc Lépine ne se séparerait 30 ans plus tard de sa Béhème aux 162 560 km au compteur.
« Cette 850 i était en avance sur son temps, et du coup, j’ai toujours autant de plaisir à son volant. Surtout quand mes petits enfants sont aux anges lorsque je les emmène à bord ! Fabriquée de 1989 à 1999, il ne se vendra que 30 621 exemplaires de cette merveille qui souffrait du handicap d’être la plus chère de la marque, et plus onéreuse qu’une Mercedes. Pour la relancer avec un tarif plus accessible, BMW sortira en 1994 une version V8 4 l de 286 ch. Mais il faudra attendre 30 ans pour qu’une nouvelle BMW 850 prenne enfin cette prestigieuse succession !
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
BMW M 850 i : la nouvelle terreur du bitume
Le constructeur munichois monte en gamme et déclare la guerre aux supercars de luxe avec un bolide aux lignes superbes et aux performances décoiffantes. Son V8 4,4 l de 530 ch propulse ce fauve racé de 0 à 100 km/h en 3,7 secondes. Plus vite qu’une Porsche 911 ou un coupé Bentley Continental ! Ajoutez y 4 roues motrices et 4 roues directrices et vous avez la nouvelle terreur du bitume. Sensations garanties au volant, avec une précision de la direction et une tenue de route à toute épreuve. Dans l’ambiance cosy d’un habitacle tendu de cuir où la high tech s’affiche sur un tableau de bord aux instruments en affichage numérique… lire la suite
OENOTOURISME
Mes vins préférés
Quand Marc Lépine a racheté en 1980, château Bizard, la maison drômoise en ruine de son grand-père à laquelle il était très attaché pour y avoir passé enfant moult vacances, il n’y avait plus de vignes autour. « J’ai reconstitué petit à petit le vignoble de 20 ha que l’on a replanté à partir de 2000 sur ce terroir à l’appellation AOP Grignan-les- Adhémar reconnue depuis 2010 après avoir été englobé dans les Côtes du Rhône et les Côteaux du Tricastin. Sur ces argiles graveleuses et ces calcaires durs, les rangs de vignes, espacés de 2,50 m pour bénéficier d’un ensoleillement maximum, ont été plantés dans le sens Nord-Sud afin d’être ventilés par le Mistral qui chasse ainsi l’humidité et les risques de gel ou de maladies. »
Et le vignoble a redémarré sous des auspices favorables. La première cuvée en 2004 a décroché une médaille d’or à Paris pour le rosé ! Puis à nouveau l’année suivante pour le rouge Montagne de Raucoule et pour le rosé. Les blancs étonnent aussi par leur fraicheur fruitée.
–Montagne de Raucoule, l’exemple de classique vin de la vallée du Rhône bien charpenté avec un bel équilibre aromatique à 50-50 entre Syrah et Grenache noir, le plus vendu, (10 €)
–Serre de Courrent 2016, à 70% Syrah, ce vin élevé 15 mois en fûts de chêne dégage une déclinaison d’arômes puissants et harmonieux sur une finale de velours (16 €)
–1862, à 100 % avec les meilleurs Syrah du domaine aux arômes foisonnants tout en rondeur, une cuvée emblématique de l’année de la création du vignoble par l’aïeul sur ces terres utilisées jusqu’alors pour la culture du verre à soie. Une sélection limitée de 1500 bouteilles, après un vieillissement de 4 ans dont 18 mois en barriques (35 €)
Contact@chateaubizard.fr
Profitez en pour visiter…
*Le château de Suze la Rousse en haut de son promontoire rocheux au dessus des toits du village. Cette forteresse avec ses grosses tours du Moyen age a été réaménagée à la Renaissance avec une jolie cour d’honneur intérieure. La bâtisse abrite aujourd’hui l’Université du vin.
*Rochegude : son château fort, surplombant les vignes face au mont Ventoux, et transformé à la Renaissance, puis restauré au XIX ème par Viollet le duc, est devenu un superbe Relais & Chateaux. Cet hôtel vaut d’autant plus le détour qu’il est dirigé par un passionné de voitures anciennes ! A voir aussi la petite église fortifiée NTD des Aubagnans, reste d’un prieuré du XIIème. Sa chapelle St Denis, est un des plus anciens témoignage de l’art roman de la région.
*L’abbaye médiévale de Bouchet
* Grignan : son château renaissance où se rendait fréquemment chez sa fille madame de Sévigné dont on visite la chambre. La terrasse, avec vue panoramique sur le Ventoux, les dentelles de Montmirail, et les Alpilles, recouvre curieusement l’église St Sauveur accolée en contrebas du château. Une dalle de marbre au pied du maître autel et de son retable y indique l’emplacement de la tombe de Mme de Sévigné décédée à Grignan le 18 avril 1696
*Avignon, entourée de ses remparts, et surplombée par le Rocher des Doms et sa cathédrale du XII ème à côté du gigantesque Palais des Papes fortifié du XIV ème, témoin de l’exil provençal de la cour pontificale romaine durant un siècle, le petit palais épiscopal du XV ème, la place de l’Horloge et son beffroi , seul vestige de l’époque gothique, l’extraordinaire musée Calvet et ses toiles de Corot , Manet, Toulouse-Lautrec, Mignard, Daumier, David, Géricault,… dans un hôtel particulier du XVIII ème,
la très pittoresque rue des Teinturiers pave de galets le long de la Sorgue avec ses grandes roues à aubes qui faisaient fonctionner les usines textiles jusqu’ à la fin du XIX ème, le couvent des Célestins et son cloître, les belles façades à l’entrée de la rue du Roi René, le pont Bénézet et sa chapelle, édifié en 8 ans, qui menait à Villeneuve-lès-Avignon, l’ancienne ville des cardinaux, au pied de la tour Philippe le Bel et des tours rondes du fort St André d’où la vue sur Avignon au soleil couchant est fabuleuse.
*Orange avec son célèbre theâtre romain, le mieux conservé de tout le monde antique, et son arc de triomphe sur l’ancienne voie Agrippa qui reliait Arles à Lyon.
*Vaison-la-Romaine, plus connue pour son amphitheâtre et ses ruines que les ruelles de sa vieille ville en hauteur, couronnée par un château abandonné, et accessible par un spectaculaire pont romain en pierre à une seule arche au dessus de l’Ouvèze.
*Crestet, au sud de Vaison-la-Romaine, est un des plus typiques villages du Vaucluse avec ses maisons Renaissance escaladant une colline dominée par un château du XII ème avec vue imprenable sur le Ventoux.
*Séguret, pittoresque village provencal avec son dédale de ruelles accrochées à une colline escarpée d’où l’on peut contempler les dentelles de Montmirail et la plaine du comtat Venaissin.
*Le musée de la soie au village médiéval de Taulignan, ancien haut lieu de l’industrie de la soierie au XIX ème
*Ferme aux crocodiles à Pierrelatte, unique en Europe avec ses 400 animaux et ses 10 espèces de croco dans une serre paysagée de 9500 m2 et 4000 m2 en plein air
*Distillerie d’huiles essentielles Bleu de Provence à Nyons et sa savonnerie