Dans ses caves Besserat de Bellefon conserve un trésor caché en plus de sa fameuse Cuvée des moines aux fines bulles : une Peugeot 604 STI de presque 40 ans qui n’a quasiment jamais servi !
Besserat de Bellefon/Fabien henry
Son slogan « Giscard à la barre » l’avait porté à l’Elysée en 1974 . Et dans ce vent de jeunesse qui soufflait, avant Macron, sur la France, le nouveau président la jouait aussi « Giscard au volant » ! Préférant conduire que de se faire conduire par un chauffeur à casquette de la République. Mais pour bien tourner la page du gaullisme et du pompidolisme, le jeune VGE de 48 ans allait remiser les vieilles Citroën présidentielles au garage. Et choisir un symbole de modernité, la nouvelle berline haut de gamme qui venait de sortir en France : la Peugeot 604 !
La mode était lancée. Et il était de bon ton pour les P-DG de s’afficher aussi à bord de cette 604 de prestige qui devait sa sobre élégance au coup de crayon du designer italien Sergio Pininfarina, le « couturier » des Ferrari et des fameux cabriolets Peugeot. Spacieuse, luxueuse et confortable avec ses sièges boudinés en cuir, la Peugeot 604 était pourvue de tout ce qui se faisait de mieux à l’époque : 4 freins à disques, suspension avant Mac Pherson et à bras tirés à l’arrière, amortisseurs télescopiques, 4 vitres électriques, toit ouvrant, verrouillage centralisé, et une originalité : deux essuie glace, mais au centre et parallèles. Quand un balai est passé, le deuxième arrive derrière pour éliminer les gouttes récalcitrantes !
De 1975 à 1985 cette 604 élitiste ne sera achetée qu’à 153 252 exemplaires. Et pourtant, ce haut de gamme 604 avait aussi été conçu pour relancer les exportations de Peugeot aux Etats-Unis (il s’en vendra 612 !). Et sous le capot devait donc se loger un V8, histoire de faire jeu égal avec les voitures américaines. Mais avec le deuxième choc pétrolier de 1973 après la guerre du Kippour où le prix du baril flambait à nouveau, le V8 conçu en commun entre Peugeot Renault et Volvo, d’où son nom de PRV, allait perdre 2 cylindres pour consommer moins à la sortie de la 604 ! Et ce V8 tronqué en V6 de 2,6 l à 2 carburateurs de 136 ch souffrira toujours d’un manque de souplesse à bas régime. Ce handicap sera partiellement comblé en 1978 par la sortie de la Peugeot 604 STI avec un i comme injection qui augmentera la puissance à 144 ch et 185 km/h en vitesse max.
En Champagne à Epernay, c’est cette 604 que va choisir en 1979 le « roi de la bulle », Gaston Burtin patron fondateur de la maison Marne et Champagne qui a fait fortune dans les années 60-80 avec les enseignes d’hypermarchés alors en plein boom en leur fournissant du champagne à marques distributeurs : Veuve Emille pour Auchan, Delacoste pour Leclerc, Veuve Pasquier pour Carrefour…Avec plus de 10 millions de bouteilles par an, Gaston Burtin était devenu le N° 2 du champagne derrière Moët et Chandon. Sans héritier, il confia les clés de la maison en 1991 à sa nièce, hotesse de l’air Laurence Morrat, et son mari, kynésithérapeute. Ces néophytes se lancèrent alors dans une frénésie de rachats, Besserat de Bellefon, puis Lanson, et finirent par mettre la belle entreprise du vieux tonton de 90 ans sur la paille.
Le tout fut alors repris en 2006 par le groupe BCC de Bruno Paillard et Philippe Baijot qui y a établi le siège de la marque Besserat de Bellefon, réputée pour la finesse de ses bulles dans sa fameuse Cuvée des moines. Et novatrice par ses expériences dans la culture bio pour la préservation des sols épuisés par les herbicides et les fertilisants. « Une question de survie pour l’avenir du terroir champenois » à entendre le directeur de Besserat de Bellefon, Fabien Henry qui n’est pas pour rien biologiste de formation. Mais le plus extraordinaire dans cette histoire, où Gaston Burtin a quitté ce monde en 1995, est que 40 ans plus tard sa Peugeot 604, elle, est toujours là dans le garage avec seulement 41 000 km au compteur !
« Il faut dire qu’il ne se servait de sa 604 que pour aller de son bureau à son domicile à quelques rues de là. La voiture connaissait le trajet ! » sourit un connaisseur. Après quelques travaux de restauration et de remise en route, la « 604 de Gaston » a retrouvé une nouvelle jeunesse. Et par fidélité à sa mémoire, son emplacement de parking dans la cour est toujours indiqué par une plaque à son nom ! Car la voiture est encore de sortie pour les soirées prestige de Besserat de Bellefon. « On l’utilise pour transporter les clients VIP qui sont surpris par son état quasi neuf, raconte Fabien Henry. Et quand on leur dit que c’était la même que celle de Giscard, nos invités Américains nous demandent perplexes : « What, Giscard ?”
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
La nouvelle 508 SW
Après la nouvelle 508 berline qui perdait 6 cm en hauteur pour se donner un look de coupé, Peugeot persiste avec la version break qui casse les codes en privilégiant le style et la performance au volume de chargement qui n’a plus rien à voir avec les breaks carrés capables de transporter une armoire normande ou une famille nombreuse. A l’intérieur, adieu classicisme : place au I-cockpit avec tableau de bord digital au niveau du parebrise au dessus d’un petit volant sport et les fameuses touches piano comme sur la 3008…lire la suite
OENOTOURISME
Mon champagne préféré
Cuvée des Moines Brut
La particularité de la marque est de ne pas pratiquer la fermentation malolactique pour sortir des vins de longue garde qui conservent ainsi toute leur fraicheur aromatique. Mais cette cuvée brut est devenue le best seller de la marque créée en 1843 depuis que Victor Besserat décida en 1930 de confectionner un champagne onctueux moins agressif en bulles afin de pouvoir accompagner tout un repas, à la demande du directeur du grand restaurant « la Samaritaine de luxe » à Paris. Sa technique utilisait moins de liqueur sucrée de tirage, d’où une pression moindre en gaz dans la bouteille qui donne ainsi des bulles 30 % plus fines et favorise le développement en cave d’une mousse légère et crémeuse. Un champagne à la sensation typée qui ne prend pas la tête ! (33 €
PROFITEZ EN POUR VISITER…
REIMS
*La cathédrale, célèbre chef d’oeuvre de l’art gothique depuis 1211, où furent couronnés 25 rois de France après le baptême de Clovis en 498. La plus longue de toutes avec ses 149 m, elle a été miraculeusement rescapée après les destructions des bombardements de 14. Le fameux « Ange au sourire », statue emblématique du porche, peut en effet afficher son soulagement !
*Les caves à champagne dans les anciennes carrières de craie, Pommery, Veuve Cliquot et son dédale de 20 km de galeries, Taittinger sous l’ancienne abbaye Ste Nicaise, et celles de Lanson dont les galeries voutées servirent de logements pendant les bombardements de la guerre de 14, et même de chapelle avec un vestige qui subsiste aujourd’hui, une statue de la Vierge toujours accrochée sur la paroi.
*Le festival de façades Art déco, symboles de la reconstruction de la ville détruite à 80 % pendant la guerre de 14
*L’Hotel musée Le Vergeur XIII éme et Renaissance construit par un riche marchand grainetier
*L’abbaye St Remi, du nom de l’évêque qui baptisa Clovis, ses parties romanes, XVII ème et son grand cloître
*L’impressionnante porte gallo-romaine de Mars du temps où Reims s’appelait Durocortorum et dépassait en importance Lutèce qui deviendra Paris
*Le palais épiscopal du Tau et sa grande salle à voûte de bois en carène de navire renversée où se tenait le festin des rois après leur sacre. Le palais abrite aujourd’hui un musée sur la cathédrale où l’on réalise, en les voyant, que les statues d’origine sur sa façade mesuraient près de 5 mètres de hauteur !
*Hôtel Jean-Baptiste de La Salle édifié à partir de 1545. Belle cour Renaissance avec avec une tour à escalier à vis ajouré
*La demeure XIIIème des comtes de Champagne
*La villa Demoiselle, splendide témoin de l’Art Nouveau construit entre 1904 et 1908 sur la butte Ste Nicaise par Louis Majorelle pour le directeur des Caves Pommery
*Le musée des Beaux-arts, un des plus beaux de province avec ses collections de tableaux et de sculptures du XVI ème au XX ème : Le Nain, Boucher, Corot, Monet, Pissaro, Renoir, Gauguin, Maillo, Marquet, Foujita, Rouault, Manessier,…
*Le phare de Verzenay, un vrai phare au milieu d’une mer de vignes construit en 1909 par le négociant en champagne Joseph Goulet pour faire la promotion de sa maison. Le rez de chaussée faisait guingette, et en 1940 les Anglais placèrent sur le phare une batterie anti-aérienne. Après restauration en 1999 le Musée de la Vigne y a ouvert ses portes.
*Les Halles du Boulingrin et leur spectaculaire voute en béton de 19,85 m de haut et seulement 7 cm d’épaisseur construite en 1927.
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POUR UNE HALTE UN CHOIX S’IMPOSE
Le Château de Sacy, appartenant à la collection Millésime, se dresse sur la montagne de Reims dans le charmant village de Sacy. Cette Maison de Maître peut accueillir tous les voyageurs passionnés d’automobiles avec un parking loin des tumultes citadins.
En plein cœur des vignes, ce joyau intimiste offre 12 chambres et suites, un restaurant avec une cuisine raffinée mettant en avant les produits du Terroir et un espace bien-être Ec(h)o en collaboration avec la marque française de cosmétique naturelle minérale Gemology.
Tout rappelle dans cet écrin l’histoire du et de la Champagne. Une parenthèse pour vous faire vivre une expérience pétillante et unique…
Château de Sacy, rue des Croisettes, 51500 Sacy.
Informations et réservations : +33 (0) 26 07 60 38 – contact@chateaudesacy-reims.fr https://www.chateaudesacy-reims.fr/
*Le fort de la Pompelle . Symbole de la résistance rémoise pendant la deuxième guerre mondiale, il fut le seul de la région à rester aux mains des Français jusqu’en 1918 au prix de 12 000 morts. Aménagé en musée des tranchées on y trouve une étonnante (et unique!) collection de 500 couvre chefs de l’armée allemande.
*La bibliothèque Carnegie, chef d’oeuvre de l’Art Déco avec son entrée en mosaïque et son gigantesque lustre suspendu en vitrail.
*Le musée automobile de Reims-Champagne, 230 autos et motos de 1908 à nos jours, un festival de Delahaye, Delage, Panhard, et de voitures à pédales ! (84 Avue Georges Clemenceau/ 03 26 82 83 84/musee-automobile-reims-champagne.com)
EPERNAY et alentours
*Flanez le long des 1500 m de l’avenue de Champagne pour admirer tous les hôtels particuliers où se sont installées les grandes marques champenoises au dessus de leurs 110 km de caves. « The most drinkable avenue of the world » comme l’avait surnommé Churchill qui était un connaisseur !
*La tour de Castellane, construite entre 1903 et 1905 comme emblème publicitaire de la marque de champagne. Gravir ses 237 marches vaut la peine pour contempler du haut de ses 65 m la ville d’Epernay et la vallée de la Marne. A voir aussi son musée sur l’élaboration du champagne.
*Le château Perrier, construit au XIX ème dans le style Louis XIII pour Charles Perrier propriétaire de la marque de champagne Perrier-Jouet. En 1940 il abrita le QG des armées britanniques, puis allemandes de 1942 à 1944. Après la libération de la ville par Patton, les Américains s’y établirent à leur tour !
*Le théâtre Gabrielle Dorziat, du nom d’une comédienne née à Epernay. Inauguré en 1902, il est un des rares théâtre à l’italienne dont la machinerie est encore dans son état d’origine. Mais on n’est pas au coeur du champagne pour rien : les nudités allégoriques des peintures du plafond du foyer chantent l’amour au milieu de guirlandes de raisins. Et sur la façade une sculpture évoque la vigne inspirant l’art théâtral !
*L’abbaye de Hautvillers, fondée en 650, et célèbre par son moine Dom Pérignon (1639-1715) pour ses trouvailles novatrices dans l’élaboration du champagne par assemblage de crus différents.
*Le château de La Marquetterie à Pierry. Ce pur joyau Louis XV a été construit en 1734 par un neveu du grand architecte Gabriel. Pendant la Grande guerre, le maréchal Foch en fit son quartier général. Et son énorme Renault à 6 roues, avec laquelle il sillonnait les champs de bataille, y est d’ailleurs exposée. Tombé sous le charme du château alors qu’il y était en service à l’état major en 1915, Pierre Taittinger le racheta en 1932.
*L’abbatiale St Pierre d’Orbais . Avec son architecture monumentale et sa flèche gothique qui se voit de loin, elle a été élevée au XII ème par Jean d’Orbais. Celui-ci en aurait fait le prototype de la cathédrale de Reims dont il sera le premier maitre d’oeuvre.
*Le mémorial de Dormans, sa grande tour et son ossuaire rassemblent les restes de 1500 soldats de toutes nationalités (dont seuls 11 furent identifiés) qui furent tués pendant les combats sur le front de la Marne.