Cette bête de course a donné naissance à un mythe, la Cobra. Aujourd’hui, elle est bichonnée en Provence par ce businessman-driver qui s’est pris aussi de passion pour son vignoble, et voit la vie en rosé !
Jean-Marie Paul/Château Réal Martin
Les gentlemen driver britanniques en raffolaient. Et dans les très créatives années 50 de l’automobile anglaise, l’ultra lègère AC Bristol de 885 kg propulsée à près de 200 km/h jouait les vedettes en courses. Cinquante ans plus tard en France, un autre gentleman driver, mâtiné d’un “gentleman wine grower” sur son vignoble de Réal Martin en Provence, a aussi craqué pour une AC Bristol de 1958. Déjà amateur de belles anciennes Jaguar, Jean-Marie Paul se souvient très bien de cette rencontre sur un stand de vente à Rétromobile en 2011 : “J’ai eu un coup de foudre pour sa plasticité, sa ligne élégante et son équilibre. Et je ne regrette pas cette acquisition car on y trouve un plaisir de conduite unique en son genre avec des sensations qui ont disparu dans les voitures d’aujourd’hui.”
Preuve s’il en est que la magie autour de cette auto mythique, fabriquée jusqu’en 1963 à seulement 1053 exemplaires dans ses différentes versions, fascine toujours autant. A la fois par son histoire et par le prodigieux destin qu’elle a ensuite connu dans une seconde vie entre les mains d’un sorcier américain de la mécanique, un certain Caroll Shelby …mais ceci est une autre histoire. Au départ, A.C Cars, pour Auto Carrier, petite marque artisanale créée en 1901 dans la banlieue de Londres par les frères Weller s’était lancée dans les “Three Wheelers”, ces micros autos à trois roues, puis en 1913 dans les voitures de sport biplaces. La crise de 1929 met en faillite AC qui est alors racheté par Charles et Derek Hurlock, (encore des frères !) propriétaires d’une entreprise de transport.
Mais après la seconde guerre mondiale où ses vieux modèles n’attiraient plus guère les clients, le petit constructeur moribond allait rebondir en 1953 en commercialisant ce roadster AC Ace conçu au départ à ses heures perdues par un ingénieur extérieur à AC qui rêvait de se construire une voiture de course. Cet inventif John Tojeiro avait retenu l’attention des frères Hurlock par les victoires en course de son prototype. Un accord d’embauche est alors signé pour fabriquer cette auto aux galbes élégants très inspirés de la Ferrari 166 M, et de conception originale avec une carrosserie aluminium sur un chassis tubulaire, 4 roues indépendantes à ressorts transversaux, mais toujours le moteur AC maison datant de 1919 !
Néanmoins ce bon vieux 6 cylindres 1991 cm3 à arbre à câmes en tête de 103 ch propulsait tout de même cette auto de seulement 765 kg à ses débuts à 170 km/h. Sa légèreté et son agilité attire alors très vite l’attention de pilotes amateurs qui enfourchent avec enthousiasme cette nouvelle monture, et raflent les victoires. Mais les préparateurs les plus astucieux ont beau gonfler la puissance du moteur, il y a des limites, et AC se rend bien compte qu’il faut offrir une alternative pour faire face à la concurrence qui pointe son nez avec les Triumph et les Austin Healey .En 1956, le constructeur se tourne alors vers un autre motoriste anglais. Bristol lui fournit un 6 cylindres en ligne 1971 cm3 à 3 carburateurs SU/Weber de 105 ch puis 128 ch qui va métamorphoser la voiture appelée dorénavant AC Bristol, comme celle de Jean-Marie Paul. Vive et nerveuse l’AC Bristol vrombit alors comme un avion. Normal.
Car son moteur est en fait une prise de guerre par l’armée anglaise chez un constructeur automobile qui a aussi motorisé nombre d’avions de chasse, d’où son logo rond bleu et blanc symbolisant la rotation d’une hélice… Eh oui, vous avez deviné : cette anglaise parle allemand car son moteur est un BMW ! Et pas des moindres. Car il est dérivé du 6 cylindres, en avance sur son temps en puissance, en souplesse et en fiabilité, qui a fait gagner les légendaires roadsters BMW 328 à la fin des années trente dans des courses aussi prestigieuses que les Mille miglia en Italie. En 1957, une AC Bristol va faire le spectacle aux 24 Heures du Mans. Elle termine deuxième dans sa catégorie derrière une Ferrari 500 TRC, et dixième au classement général, faisant jeu égal avec les grandes écuries Porsche, Maserati, ou Lotus.
Parmi les spectateurs dans les tribunes, un pilote texan a suivi avec grand intérêt les performances de ce petit bolide et ses pointes à 209 km/h dans la grande ligne droite des Hunaudières. Il s’appelle Caroll Shelby, et rêve de lancer sa propre écurie de course. Légère et rapide, voila l’auto qui lui faut ! Contact est pris avec le constructeur britannique. Et en 1962 va naitre ainsi une nouvelle légende automobile : l’ AC Cobra, dans laquelle Caroll Shelby s’échinera à faire entrer de gros V8 Ford de plus en plus puissants jusqu’à un 7 litres de 415 chevaux ! Transformant l’ex petit roadster anglais en une Cobra très venimeuse. La terreur des circuits !
AVEC LA MÊME MARQUE DE MOTEUR AUJOURD’HUI…
Le BMW X2
La faute à la peur de la pollution ? La mode n’est plus aujourd’hui aux balades cheveux au vent en cabriolet pour humer l’air ambiant, mais aux virées campagnardes enfermé dans un SUV en respirant l’air de la clim ! Surfant sur cette tendance représentant 40% des ventes, BMW, sort donc son sixième SUV, le X2, version « coupé » en plus stylisé du X1 qui fait davantage break surélevé. Et sous le capot,dans la plus pure tradition de la marque présente sur l’AC Bristol, les motoristes de BMW offrent un plaisir de conduite qui est un régal à la fois de puissance et de silence impressionnant sur la version essence 2 litres de 192 chevaux. Avec une tenue de route et un confort à bord au top. Mais une addition salée…lire la suite
LE VIGNOBLE
Jean-Marie Paul rêvait de s’acheter un vignoble dans le bordelais. Mais son épouse originaire du sud de la France s’y opposait, préférant le soleil méridional aux brumes de la Gironde. C’est donc en Provence qu’il orienta ses recherches, et finit par tomber en 2001 sur une perle, le château Réal Martin : “J’ai eu le coup de foudre pour ce vignoble vallonné de 40 hectares au milieu des bois, magnifique par son terroir en coteau et en terrasses sur un sol argilo calcaire rocailleux, son exposition privilégiée plein sud, et son altitude à 350 m qui donne de la fraicheur au fruit la nuit.” Un domaine de 230 hectares au total avec plantations d’oliviers qui, du temps des Comtes de Provence, faisait 1500 hectares, englobant aussi le vignoble de Miraval. Celui de ses célèbres voisins, Brad Pitt et Angelina Jolie. Il réveille alors cette belle endormie, replante en cinsault, Grenache, syrah et rolle, crée une cuverie thermo régulée pour mieux maitriser la qualité, et des chais pour l’élevage en barriques. Une deuxième passion est née chez lui : ”Faire son vin procure une énorme satisfaction, confie -t- il. Un bon vin et ses assemblages de cépages ressemble à une oeuvre d’art. Comme pour un peintre qui avec ses tubes de couleur réalise une belle composition. Et ça m’a aussi apporté un complément à mon activité.” Car une partie des 200 000 bouteilles par an se retrouvent aujourd’hui dans les réceptions professionnelles données par Jean-Marie Paul : son entreprise familiale Butard Enescot s’est en effet propulsée parmi les plus grands traiteurs Le Nôtre, Potel et Chabot. “Et je suis ravi quand après une dégustation à l’aveugle entre plusieurs vins, nos clients commandent au final nos rouges ou rosés. Hélas, en 2017 on a perdu 50% de la récolte entre les grêlons, la sécheresse et les sangliers ! Mais ce sera un millésime exceptionnel en qualité.” Où son étiquette Optimum pour ce rouge, élevé 1 an en cuve et 12 mois en futs de chêne, méritera bien son nom pour son fruité dense et velouté. Au côté des blancs et de ses rosés à la fraicheur minérale (60% de la production) qui font un tabac aux Etats-unis. Ce qui lui fait dire, “je m’autoproclame ambassadeur des rosés de Provence !”
Optimum rouge 2006: syrah, grenache, cabernet de 30 ans. Bouche ample et fruitée, tanins soyeux sur une palette d’arômes nuancés 21 €
Château Réal martin rouge 2013 : 60% syrah et 40% cabernet d’age moyen 35 ans.Tanins soyeux, fruité griotte et notes poivrées 14 €
Cheval Martin rouge 2016 : 80% syrah, 10% cabernet, 10% cinsault vignes de 15 ans Nez puissant poivré, arômes de fruits noirs de cacao et d’épices 10 €
Grande cuvée rosé 2016 : 50% Grenache, 20% cinsault, 10% syrah, 20% mourvèdre, age moyen 25 ans. Fraicheur fruitée et minérale sur une bouche soyeuse 13 €
Perle de rosé 2016 : 40% Grenache, 30% cinsault, 20% syrah, 10% rolle age moyen 25 ans.Plus croquant en bouche et un zeste citronné 9,50 €
Blanc de blancs 2016 : 100% rolle de 35ans. Fruité pêche-abricot légèrement épicé sur une finale tout en rondeur 14 €
OENOTOURISME
PROFITEZ EN POUR VISITER …
-L’ancien Brignoles et son dédales de ruelles médiévales qui grimpent jusqu’au splendide palais comtal, l’actuel musée
-Le vieux village colline de Barjols où l’eau coule à flot dans les rues escarpés jalonnées de 28 fontaines et 14 lavoirs, splendide place en pente ombragée sous les platanes , vue splendide sur le vallon depuis le haut
-Cotignac, village escarpé, aussi charmant que Barjols, au pied d’une falaise creusée d’habitations troglodytes et surmonté de deux tours de guêt médiévales
-La célèbre abbaye du Thoronet au pur style roman très dépouillé
-L’imposante Chartreuse de La Verne à Collobrières fondée en 1170 sur un éperon rocheux au Coeur de la forêt des Maures
-Saint Maximin la sainte Baume et la plus belle basilique en gothique provençal, ses rues en arcades, ses vieilles maisons à colombages, son beffroi, le couvent royal et son cloître
-Collobrières, pittoresque village ombragé dont la spécialité est le marron glacé et l’exploitation du liège des forêts environnantes