Son vignoble acheté en triste état en 1998 est aujourd’hui un des plus grand cru du bordelais. Et cet amoureux de la marque aux chevrons en a aussi un splendide dans son garage, une C6 de 1930 !
Gérard Perse et sa fille Angélique / Château Pavie
André Citroën en avait fait son modèle de prestige lorsque la Citroën C6 sortit en 1928. Sa marque automobile, créée en 1919 après la reconversion de son usine d’obus du quai de Javel à Paris, était devenue la première devant Renault et Peugeot pourtant plus anciens. A grand renfort de publicité, allant même jusqu’à s’offrir la Tour Eiffel sur laquelle son nom scintillait pendant la nuit, il avait déjà vendu près de 300 000 voitures. Mais avec sa Citroën C6, ce constructeur un brin mégalo voulait frapper un grand coup en lançant son premier modèle de luxe propulsé par un moteur 6 cylindres comme les belles américaines de l’époque.
Quatre vingt dix ans plus tard, dans le Bordelais, Gérard Perse, propriétaire de Château Pavie, a fait , lui, de la Citroën C6 son ambassadeur du prestige français qu’incarne aussi son domaine. Acheté en triste état en 1998, Pavie a décroché en 2012 le titre très envié de Premier Grand cru de Saint-Emilion classé “A”, un privilège partagé par l’élite restreinte des Cheval Blanc, Ausone et Angélus. “Je voulais donc une voiture emblématique de la France dont se souviendraient tous nos visiteurs chinois ou américains qu’on doit impressionner.
C’est aussi pour cela qu’on a construit des salles de réception et de dégustations au style monumental. Il faut qu’ils se croient comme dans un décor de film à Hollywood ! Et tous raffolent d’être ainsi transportés pour sillonner notre vignoble. Preuve qu’André Citroën continue aujourd’hui de frapper les esprits !” Mais à quoi tient cet attrait particulier pour la marque aux chevrons chez Gérard Perse qui a été dans une vie antérieure, jockey de 14 à 17 ans, avant de raccrocher suite à une méchante chute de
cheval, peintre-décorateur dans l’entreprise paternelle, vendeur de fruits et légumes, propriétaire à 33 ans d’un supermarché Champion en région parisienne puis de trois autres et d’un hyper au bout de huit ans ? Devenu aussi, par goût des bonnes bouteilles, acheteur pour toutes les foires aux vins en France de ce groupe de grande distribution, c’est par ce biais que Gérard Perse s’est pris au jeu en rencontrant les vignerons du bordelais.
Au point de racheter un jour, sur un coup de foudre en le visitant, Château Monbousquet à Saint-Emilion en 1993. Et de l’apprendre le soir même à sa femme Chantal. “Ca m’a valu une belle scène de ménage !” plaisante –t- il aujourd’hui. Peu à peu, l’homme pressé des linéaires qui parle avec un débit mitraillette a pris goût à ce nouveau métier où la lenteur est une vertu pour faire les meilleurs vins. Et en 1998, fortune faite en revendant tous ces magasins, il rachetait donc Château Pavie et ses 37 ha délaissés malgré un terroir exceptionnel d’une seul tenant sur un coteau et un plateau argilo-calcaire exposés plein sud.
Le grand tournant de sa vie où il a quitté la grisaille parisienne pour s’installer définitivement au coeur des vignes. Et se lancer dans un chantier de réhabilitation pharaonique où il a fini par devenir une star du vignoble. Tout en continuant de pédaler 5000 km par an sur son vélo de course. Et sans oublier ses origines modestes dans une famille de 9 enfants élevés dans un HLM de la région parisienne à Maisons-Laffitte. Ni ses souvenirs et ses premières “émotions” automobiles : “J’ai toujours été émerveillé par les Citroën de mon père, 2CV, Ami 6, DS, CX qui ont bercé ma jeunesse, confie –t- il.
Mais cette Citroën C6 de 1930 que j’ai déniché en 2014 dans le Jura à Dôle représente pour moi l’incarnation du luxe à la française des années trente où les automobiles étaient comme des oeuvres d’art. L’esthétique et le confort prévalait alors sur les considérations aérodynamiques d’aujourd’hui où toutes voitures finissent par se ressembler. Regardez sa ligne majestueuse avec son long capot, ses hautes portières vitrées comme dans un carrosse. Rien à voir avec les autos plus basses qui ont suivi dans les années cinquante. La C6, avec son luxe intérieur et le silence de son 6 cylindres 2442 cm3 de 45 ch, était réservée à l’élite. N’oublions pas que c’était à l’époque l’équivalent de nos grosses Mercedes ou BMW d’aujourd’hui !”
De fait, quand on “monte” dans une Citroën C6 (l’expression étant pleinement justifiée après avoir grimpé sur le marche pied !) le moelleux des sièges boudinés surprend agréablement. Ils sont recouverts du même épais tissu en velours qui tapisse tout l’habitacle à l’acoustique très feutrée. Et une douce sensation de confort vous envahit alors, pour peu qu’on effleure du bout des doigts les boiseries de portières en acajou au moment de les refermer. “Les enfants de ma fille Angélique, qui reprend le domaine avec son mari Henrique Da Costa, adorent quand je les emmène faire un tour dedans. Car c’est pour eux un environnement complètement insolite par rapport aux intérieurs de voitures actuelles. Rien qu’en entendant le beuglement du klaxon d’époque, ils éclatent de rire !”
Une voiture américanisée
Nouvel agrément au démarrage du moteur : son ronronnement se fait très discret. Normal. L’audacieux André Citroën toujours à l’affût des dernières nouveautés techniques, en particulier chez les constructeurs américains, en avait adapté quelques unes sur sa berline de prestige. Comme des glaces en securit plus épaisses que d’habitude pour mieux insonoriser l’habitacle. Et à partir du 1 er avril 1932 les C6 seront encore plus cosy avec l’innovation du “moteur flottant”.
Par opposition aux moteurs qui étaient alors directement boulonnés sur le chassis, le principe du brevet “Floating power” de Chrysler consistait à les faire reposer sur des blocs de caoutchouc pour filtrer leurs vibrations et éviter leur propagation à travers la carrosserie. Il en résultait un confort jusqu’alors inconnu sur des automobiles. “L’essayer c’est l’adopter” déclaraient à leurs clients les concessionnaires qui mettaient des voitures de démonstration à leur disposition.Et André Citroën en fera un argument publicitaire en utilisant l’emblème d’un cygne pour évoquer son glissement doux et silencieux sur l’eau. Comme celui d’une C6 sur la route !
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
Citroën C3 Aircross
Picasso retourne au musée ! Remercié par Citroën après 8 ans de bons et loyaux services en prêtant la renommée de son nom au petit monospace C3. Sorti en 2009, le voila rebaptisé aujourd’hui C3 “Aircross”, comme “traverser l’air”. Une bouffée d’oxygène très tendance “outdoor”, reflet de la mode actuelle où les monospaces se transforment en SUV plus branchés. Après l’Espace, le 3008, c’est au tour du petit Citroën de faire sa mue. Et s’il n’est pas le premier sur ce nouveau créneau en plein boom depuis l’apparition du petit Renault Captur, le C3 Aircross fait la différence en multipliant les “plus” sur la compacité, l’habitabilité et la modularité…lire la suite
OENOTOURISME
Dégustation
Tout le monde ne peut pas s’offrir le plaisir de déboucher un Château Pavie 2012 à 375 euros, dont les bouteilles sont d’ailleurs vendues à 95% à l’étranger, en particulier en Chine et aux Etats-Unis. De toute façon, ce sublime vin de très longue garde, aux arômes et aux tanins puissants, et à l’extraction très concentrée, peut encore s’affiner quelques années avant d’atteindre son summum. Pour une tablée plus immédiate, reste un joli lot de consolation plus accessible : Arômes de Pavie à 60 € la bouteille. Comme son nom l’indique, ce vin vous emmène olfactivement dans l’univers raffiné de Pavie et de son élaboration minutieuse, mais ici à partir de vignes plus jeunes. Sa robe d’un rubis foncé très dense habille une belle puissance aromatique constante du terroir sur le fruit noir, avec une finale de velours tout en rondeur.
Profitez en pour visiter…
*SAINT-EMILION
Le plus beau, et le plus réputé village du Bordelais.
*Accroché sur sa colline, au milieu d’un océan de vignes, tel un fier navire dont le mat domine l’horizon : la flèche du clocher de 4500 tonnes bâti au dessus de l’ église monolithe la plus vaste d’Europe. Avec ses 38 m de long et 20 m de large, elle a été taillée dans le rocher pendant 40 ans au XI ème siècle . Mais ses voutes de 11 m de hauteur sont moins élevées que celles de l’église souterraine d’Aubeterre-sur-Dronne (20 m) en Charente. Grimper les 196 marches du clocher offre en récompense des efforts un magnifique panorama sur la cité et son vignoble.
*La tour du Roy , donjon carré du XIII ème qui offre aussi en complément une belle vue sur le village dans le sens opposé de celle du clocher
*L’ancienne église des Cordeliers et son cloitre . Le troisième beau point de vue sur St-Emilion où l’on voit à la fois le donjon et le clocher de l’église troglodyte
*La porte de la Cadène, spectaculaire avec sa voute en ogive entre une immense tour carrée et un bâtiment gothique. Elle jouxte la dernière maison à pans de bois du village. La porte de la Cadène, qui n’a rien à voir avec celles des fortifications, était inclue dans la cité. Son nom viendrait du gascon “cadena” signifiant la chaine qui la fermait en séparant la population noble de la ville haute de celle plus modeste de la ville basse.
*L’église collégiale et son cloître. Bâtie entre le XII ème et le XV ème elle est une des plus imposantes de Gironde. Styles roman et gothique cohabitent jusque dans le magnifique cloître à double colonnades torsadées.
*Les anciennes halles au grain sur la place du marché où convergent toutes les ruelles de Saint- Emilion dont la fameuse en pente, le Tertre de la tente, avec son pavage chaotique.
*Les catacombes et leur nécropole avec à l’entrée une étrange coupole à double paroi dans laquelle grimpait un escalier . Autre curiosité : la grotte ermitage où vécut au VIII ème siècle St Emilion, le moine breton fondateur de la cité, et connu pour ses miracles. Un culte se développa autour de sa vénération avec la création de nombreux monastères qui accueillaient aussi les pèlerins de St Jacques de Compostelle.
*Dans les environs de Saint-Emilion :
*Les deux châteaux forts de Puisseguin
*L’imposant château de Castegens à Belvès-de-Castillon où se joue chaque année le spectacle remémorant la bataille de Castillon qui marqua la fin de la guerre de Cent Ans contre les Anglais.
*L’église Notre-Dame de Tayac, bel exemple d’architecture romane qui surplombe les étendues de vignes.
*Montagne et ses moulins
*Saint Hippolyte Sur le plateau de Ferrand dominant les vignes se trouve un château du XVII ème et des grottes aménagées dans des anciennes carrières monumentales.
*Saint-Sulpice-de-Faleyrens, témoin d’un lointain passé, en plus de son église romane, c’est là que se trouvait en bord de Dordogne le port de St-Emilion, dit de pierrefitte, du nom d’un menhir de 5 mètres de haut qui s’y dresse encore.
*St Michel-de-Montaigne, à 20 km de St-Emilion. Du château du célèbre philosophe reste la tour du XIV ème où il trouvait l’inspiration pour écrire. Reconstruit au XIX ème le château, très marqué Viollet-Le-Duc, possède une architecture originale avec un mélange de styles médiéval, Renaissance et néo-gothique
LIBOURNE et environs
*Construite comme toutes les bastides du Moyen-Age sur le modèle à l’équerre des camps romains, l’ancienne place Royale de Libourne bordée d’arcades est le point central de la ville où se tient depuis 600 ans le marché le plus prestigieux de la région le mardi, le vendredi, et le dimanche.
*L’Hôtel de ville, et son beffroi du XV ème, remanié dans un style néo-gothique. Belle cour intérieure
*Le musée des Beaux-Arts avec ses collections de Rodin, Princeteau ou Jordaens au deuxième étage de l’Hôtel de ville
*La tour Richard et la tour Barrée, vestige des anciennes fortifications en bordure des quais
*La chapelle Notre-Dame-de-Condat. Seul vestige du château de Condat, sa nef unique gothique présente une particularité : la présence à Bordeaux de Viollet-Le-Duc a permis de la revêtir des mêmes peintures que celles de la Sainte Chapelle à Paris !
*La caserne Proteau, ex école de gendarmerie, et son splendide grand escalier de pierre. Les bâtiments vont être transformés en hôtel de luxe.
*Abzac, son château XVII ème à l’imposante cour carrée entourée de cinq bâtiments à toiture périgourdine s’ouvre sur son vignoble. Et la terrasse du château domine la rivière avec à ses pieds un imposant moulin barrage du XVIIIème.
*Le château de Vayres, un des plus beaux monuments d’Aquitaine, est un balcon sur la Dordogne avec ses jardins à la française, qui descendent jusqu’au bord du fleuve. Son architecture conjugue harmonieusement Moyen Age, Renaissance et classicisme du XVII ème.
*Le Moulin de Porchères Construit en pierres de taille en 1850 dans un cadre bucolique sur l’Isle qui se jette à Libourne dans la Dordogne, il est un des derniers moulins à avoir conservé toutes ses machines de minoterie.
*Guitres A voir, l’abbatiale romane Notre-Dame , perchée sur son rocher surplombant la vallée de l’Isle, est une des plus grandes de Gironde. Elle surprend par ses dimensions et sa charpente du XV ème en forme de coque de bateau renversée. Autre détour qui vaut la peine : la gare-musée construite en 1875 d’où part encore pour une promenade en forêt un vieux train à
vapeur avec des wagons de 1900 aux banquettes en bois.
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POUR UNE HALTE UN CHOIX S’IMPOSE
Envie d’une escapade en tout quiétude au cœur d’un domaine viticole confidentiel ? FAGE est le country break idéal. A deux pas de Bordeaux et de Saint-Émilion, l’hôtel 4* affilié « Les Collectionneurs », propose de rêver dans l’une de ses 26 chambres très cosy, en pleine nature. La tranquillité et la douceur de vivre sont assurées dans cette maison de famille vigneronne. Jouxtant l’établissement, le parking accueille votre automobile en toute sécurité (parking non fermé mais veilleur de nuit sur site).
Le restaurant, bistronomique au déjeuner et gastronomique au dîner, et sa terrasse valent également le détour, où avec audace, l’ultra saisonnalité et les produits locaux sont mis à l’honneur par le Chef Clément COSTES. Au fil des heures, la maison se transforme selon vos envies et vous invite à plonger dans le monde du vin et de la belle cuisine à travers des moments de vie quotidiens immanquables : explorer une collection de dégustations haute en couleurs avec Gustavo, vivre l’instant FAGE, un apéro convivial et gourmand proposé tous les jours à nos clients de l’hôtel, ou encore suivre les pas du vigneron et découvrir ce métier passion. FAGE marie avec élégance le confort et les services d’un hôtel 4 étoiles, et l’esprit authentique d’une maison de famille vigneronne. Au plaisir de vous recevoir.
05 56 68 56 16