Belle revanche ! La petite Dino n’avait pas le droit de s’appeler Ferrari durant sa carrière entre 1967 et 1974. Aujourd’hui, elle vaut plus cher que certaines puissantes V12 marquées du petit cheval cabré !
Domaine des Peyre Patricia Alexandre et Georges Antoun
“Le virus de la voiture de collection, je l’ai attrapé durant un voyage à Los Angeles où j’ai été sidéré de voir le nombre de garages qui en vendaient” se souvient Georges Antoun, à la fois hôtelier à Marseille, Paris, Bruxelles, et vigneron dans le Luberon. Toutes ces belles carrosseries, ces odeurs de mécaniques et de vieux cuirs m’ont rappelé mon enfance. J’étais comme un gamin, et j’ai eu le déclic.” Sa première ancienne a été en 2009 une Porsche 356 cabriolet ayant appartenu, tenez vous bien, à John Kennedy qui l’avait achetée sous un prête nom ! Mais celle-là, hélas, on lui a volée.
La Dino a longtemps été surnommée « la Ferrari du pauvre »
Puis ont suivi MG A, TR 3, Mercedes 190 SL, Jaguar Type E, et une Dino 246 GT de 1970 motorisée par un petit V6 de 2,4 l de cylindrée. Celle qui fut longtemps surnommée la “Ferrari du pauvre” par les puristes bégueules ne jurant que par les gros V 12 de 4 l. “Et alors ? N’empêche qu’elle a une superbe esthétique, unique en son genre. Et elle permettait, il y a encore 6 ans, de rentrer à bon prix dans le mythe Ferrari qui m’a toujours fait rêver, réagit Georges Antoun. Je l’adore, car on a des sensations de conduite qui sortent de l’ordinaire, entre la musique envoutante du moteur, sa tenue de route très joueuse et son odeur à l’intérieur.” De plus, dans l’univers Ferrari, cette Dino a eu une destinée
particulière. Très liée au caractère rugueux d’Enzo Ferrari plutôt rigide sur ses principes. “Mes voitures ne fumeront jamais !” clamait il sur les circuits où il n’était pas question que ses Formule 1 arbore comme d’autres la marque de cigarettes du célèbre cow boy américain pour se financer. Même intransigeance pour ses voitures de sport grand public : elles ne pouvaient s’appeler Ferrari que si leurs chevaux rugissant sortaient, noblesse oblige, d’un V 12. Et encore, le Commendatore resta longtemps hostile à l’idée d’un moteur central arrière. Alors, que s’est il donc passé en 1967 pour qu’une auto sorte pour la première fois de l’usine de Maranello avec un moteur à l’arrière, et en plus, de seulement 6 cylindres ?
Pour être homologué aussi en Formule 2 comme il le souhaitait, Enzo Ferrari devait équiper sa monoplace d’un moteur ayant été vendu sur 500 voitures en 12 mois consécutifs. D’où l’idée de faire du volume en descendant en gamme sur des autos plus accessibles. Et c’est un peu contraint et forcé pour des raisons financières qu’il avait conclu un accord avec son actionnaire Fiat pour que ce V6 de 2 litres propulse un coupé et un cabriolet Fiat. En plus d’un joli bolide, aux lignes galbées et intemporelles, conçu par Pininfarina pour Ferrari.
Enzo Ferrari avait donné à ce bolide le nom de son fils
Mais hors de question de l’appeler Ferrari avec son petit V6 ! D’où son nom de Dino utilisé aussi par Fiat : un hommage rendu à son fils, l’ingénieur Dino Ferrari, decédé à 24 ans d’une maladie, après avoir participé à la mise au point de ce V6 quatre arbres avec lequel la Scuderia avait remporté le championnat du monde de Formule 1 en 1961. Si bien que la première Dino, la 206 GT était en fait propulsée par un dérivé de moteur de course en aluminium, mais “dégonflé” à 165 ch. Une sorte de Ferrarri low cost ! En 1969 sortait donc une version au moteur en fonte, plus musclé et plus souple, de 195 ch, d’où l’appellation Dino 246 GT pour 2,4 l et 6 pour le nombre de cylindres. “Une vraie boule de nerfs avec un 0 à 100 km/h en 7,4 secondes décoiffant à l’époque, et un 235 km/h maxi. Le tout dans un rugissement d’enfer !” savoure Georges Antoun. Son moteur central lui donnait un excellent équilibre et une tenue de route étonnante, permettant à la Dino, vive et agile, d’aller titiller les Porsche 911 au porte à faux arrière périlleux. Jusqu’à la fin de sa carrière en 1974, 3761 exemplaires furent vendus. “La télévision allait aussi la rendre célèbre”, se souvient nostalgiquement Georges Antoun.
Voiture vedette dans la série « Amicalement votre »
Dans la fameuse série “Amicalement votre”, Tony Curtiss, alias le fantaisiste Danny Wilde, se pavanait dans une Dino 246 GT jaune alors que son comparse Roger Moore, alias Brett Sinclair, roulait aux couleurs de sa Royale Majesté au volant d’une très chic Aston Martin DB 5. Mais les Ferraristes inconditionels considérèrent longtemps ce “bas de gamme” comme étranger à la famille. Sauf qu’aujourd’hui, les collectionneurs ont redécouvert ses vertus, et la Dino a pris sa revanche avec une côte qui a presque triplé en 5 ans pour atteindre les 350 000 €…plus chère que certaines Ferrari V12 ! De quoi faire hésiter la femme de Georges Antoun de prendre le Volant.
“Déjà qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver avec une ancienne… là, je préfère ne pas prendre de risque ! Mais j’adore quand on se balade ensemble, avec ce plaisir d’être dans un autre monde privilégié.” Ancienne journaliste gastronomie et vin, directrice du guide Gault et Millau, c’est elle qui s’implique au quotidien dans la bonne marche du domaine des Peyre (pierres en Occitan) pendant que son mari s’occupe des dix établissements de sa chaine New Hotel. Mais à 73 ans, il délègue un peu à ses deux filles car la vie de vigneron l’apaise, et retrouver ses autos est un plaisir : “Le vin, c’est comme les voitures anciennes. Entre les caprices de la nature ou ceux de la mécanique, on ne maitrise pas tout. Et ça vous forme à la patience.”
13 cépages différents sur les 25 hectares du vignoble
Et il en a fallu pour remonter ce vignoble de 25 hectares déniché en 2011 entre Gordes et l’Isle-sur-la Sorgue dans le Luberon. Deux ans de travaux entre la restauration de la ferme transformée en chambres d’hôtes et salle de dégustation, la construction d’un chai de vinification avec 17 cuves inox thermo régulées, et la replantation de certaines parcelles en suivant les avis du conseiller du domaine, Philippe Cambie sacré “Meilleur oenologue de l’année 2010” par Robert Parker. Au total, 13 cépages sont cultivés sur le domaine des Peyre : pour les vins rouges et rosés, syrah, cinsault, mourvèdre, carigan (avec certaines vignes plantées depuis plus de 100 ans), merlot, grenache noir, et l’espagnol tempranillo qui enrichit la palette arômatique avec des nôtes de myrtille, cerise et tabac . Pour les blancs, viognier, clairette, Grenache blanc, sauvignon blanc, roussane et vermentino.
Ici, pas de désherbants ou de pesticides, et un enherbement permanent afin que l’herbe absorbe l’eau et oblige les racines de la vigne à chercher l’humidité plus en profondeur. Quant aux vendanges, elle s’effectuent la nuit pour les rosés ou les blancs afin de préserver au maximum leur fraicheur et empêcher l’oxydation des grappes. Si la culture, et l’élevage en barriques sont respectueux des traditions locales, ce n’est pas le cas en revanche des étiquettes de bouteilles. Elles ressemblent davantage à des unes de journaux aux titres allant de l’Equipe au Méridional en passant par La Gazette, Scoop et même Paparazzi ! C’est qu’après trente ans dans le métier, le naturel reprend parfois le dessus sous forme d’un clin d’oeil, confesse l’ex journaliste : “Je suis passé du “wine-writing” au “wine-making” !
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
Ferrari 488 GTB Spider, la diva qui décoiffe
Un moteur plus petit mais avec 100 ch de plus ! Les sorciers de Maranello ont fait très fort sur cette nouvelle Ferrari qui réussit à tenir ses 670 chevaux sur la route grâce à une incroyable aérodynamique qui la plaque au bitume. Même à 330 km/h…lire la suite
OENOTOURISME
Mon vin préféré
-La Gazette 2014 : Ce côtes du Ventoux rouge, gourmand, au nez légèrement poivré par la syrah, dégage des saveurs de fruits rouges, de cerise et de réglisse sur des tanins fondus donnant une allonge soyeuse, après une partie en élevage de 4 à 6 mois en barriques neuves (12,50 €)
-L’Apostrophe 2015 : Un blanc onctueux 100% viognier d’une surprenante rondeur fruitée aux notes de miel et de fruits secs (13 €)
Profitez en pour visiter….
*L’isle-sur-la-Sorgue : Ce bourg riant, capitale des brocanteurs, est entouré comme une île par les bras de la Sorgue qui fait tourner des roues à aubes autrefois utilisées pour les usines de soie et les moulins à huile. L’église du XVIIème très richement décorée donne un petit air italien à la place principale sur laquelle débouchent toutes les ruelles.
*Gordes, et son site extraordinaire avec le château Renaissance qui domine le village en haut de ce piton rocheux d’où l’on a une vue splendide sur la Montagne du Luberon. Devenu célèbre aussi pour son musée Vasarely.
Gordes en haut de son éperon rocheux dominé par le château.
*Ménerbes, accrochée sur un promontoire du versant nord de la Montagne du Luberon, ce fut la dernière place forte des calvinistes de la région qui tomba pendant les guerres de religion après un siège de 15 mois. Mais la citadelle est toujours là, avec sa vue imprenable sur Gordes, les falaises de Roussillon et le mont Ventoux.
*Oppède le vieux Cette ville fantôme pittoresque revit dans ses ruines restaurées le long d’une rue pavée qui tournicote au milieu de la verdure jusqu’à la terrasse de l’église du XI ème et les vestiges du château.
*Cucuron, allez sirotez un pastis sous les platanes centenaires qui bordent le grand bassin de la plus charmante place du Luberon toujours baignée d’une douce fraicheur.
*L’abbaye romane de Sénanque fondée en 1148 au milieu des champs de lavande. Une des trois cisterciennes de Provence avec celle du Thoronet et de Silvacane, et qui, rarissime, possède encore toutes ses pièces monastiques d’origine. Outre les moines, elle abrite un centre culturel où se déroule un festival de musique renommé.
* Bonnieux Charmant village perché avec son dédale de vieilles maisons dont la vue est splendide depuis le promontoire en face, sur la terrasse de l’hôtel-restaurant du domaine de Capelongue.
* Saignon, village spectaculaire sur sa crête quand il est vu du dessus depuis la route panoramique D 232 rejoignant Bonnieux.
*Ansouis et la façade Louis XIII de son château, les armures de sa salle des gardes, ses cuisines provencales aux cuivres étincelants et ses jardins suspendus.
*Lacoste, son petit beffroi du XVII ème et sa ruelle moyennageuse qui grimpe jusqu’au massif château du marquis de Sade restauré par Pierre Cardin.
*Les Baux-de-Provence Sur un éperon dénudé de 900 m de long sur 200 de large avec vue panoramique sur Arles et la Camargue se dresse l’impressionnante silhouette des ruines du château fort et de “la ville morte”. A voir, la rue du Trencat creusée dans la roche, la place ombragée St Vincent et l’église du même nom avec son campanile appelé la “lanterne des morts”, l’ancien Hôtel de ville et ses salles voutée en ogives, l’Hôtel des Porcelets du XVI ème et son musée d’art contemporain. A ne pas manquer : le son et lumière dans les immenses carrières souterraines au décor colossal à l’égyptienne.
*Les mines d’ocre de Bruoux près de Gargas, un spectacle sous terre extraordinaire avec 40 km de galeries exploitées jusque dans les années 50 puis transformées en champignonnières.
*Lourmarin, ses ruelles, son château et le souvenir d’Albert Camus qui vécut ici.
*L’étang de la Bonde, à l’est de Cucuron, immense retenue d’eau construite au XVII ème pour alimenter les douves du gigantesque château renaissance de la Tour-d’Aigues dont il reste des ruines impressionnantes .
*Le Colorado de Rustrel et ses cheminées de fées, formé par une succession de carrières d’ocre en canyons.
*Avignon, entourée de ses remparts, et surplombée par le Rocher des Doms et sa cathédrale du XII ème à côté du gigantesque Palais des Papes fortifié du XIV ème, témoin de l’exil provencal de la cour pontificale romaine durant un siècle, le petit palais épiscopal du XV ème, la place de l’Horloge et son beffroi , seul vestige de l’époque gothique, l’extraordinaire musée Calvet et ses toiles de Corot , Manet, Toulouse-Lautrec, Mignard, Daumier, David, Géricault,… dans un hotel particulier du XVIII ème, la très pittoresque rue des Teinturiers pavée de galets le long de la Sorgue avec ses grandes roues à aubes qui faisaient fonctionner les usines textiles jusqu’ à la fin du XIX ème, le couvent des Celestins et son cloître, les belles façades à l’entrée de la rue du Roi René, le pont Benezet et sa chapelle, édifié en 8 ans, qui menait à Villeneuve-lès-Avignon, l’ancienne ville des cardinaux, au pied de la tour Philippe le Bel et des tours rondes du fort St André d’où la vue sur Avignon au soleil couchant est fabuleuse.