Ce modèle de prestige de la fameuse Traction n’a été fabriqué dans cette superbe version cabriolet qu’entre 1934 et 1939. Une voiture devenue rarissime qui finit ses vieux jours dans ce vignoble provencal.
Domaine des Peyre à Robion /Patricia Alexandre et Georges Antoun
“C’est par la voiture que je suis arrivé au vin ! Surprenant, non ?” Ce paradoxe, Georges Antoun, volontiers anti conformiste sur les bords, s’en amuse. Et s’en explique : “Le virus de la voiture de collection, je l’ai attrapé durant un voyage professionnel à Los Angeles où j’ai été sidéré de voir le nombre de garages qui en vendaient. Toutes ces belles carrosseries, ces odeurs de mécaniques et de vieux cuirs m’ont rappelé mon enfance. J’étais comme un gamin, et ça été le déclic. Ma première a été en 2009 une Porsche 356 cabriolet ayant appartenu, tenez vous bien, à John Kennedy qui l’avait achetée sous un prête nom ! Mais celle-là, on me l’a volée…”
Puis ont suivi MG A, TR 3, Mercedes 190 SL, Morgan, Jaguar Type E, Corvette… En 2011, en cherchant un hangar pour les abriter près de leur maison de campagne dans le Luberon, Georges Antoun et sa femme Patricia Alexandre tombent sur une ferme en ruine à Robion qui était un domaine viticole à l’abandon. L’endroit les séduit. “Et du coup, pour faire revivre cette propriété, nous nous sommes lancés dans le redémarrage de ces 25 hectares de vignoble en appellation Côte du Ventoux et Côte du Lubéron !” explique –t- elle. La ferme restaurée s’est transformée chambres d’hôtes. Et c’est finalement ailleurs que Georges Antoun s’est trouvé sa caverne d’Ali Baba pour entreposer ses trésors.
4237 exemplaires fabriqués en cinq ans
Une vingtaine de voitures qui ont toutes une histoire lui rappelant des souvenirs de jeunesse. Comme cette Traction 11 BL décapotable de 1938. Un des 4327 exemplaires fabriqués à l’usine parisienne du quai de Javel de 1934 à 1939, et plutôt rares aujourd’hui. Sans oublier une petite centaine supplémentaire qui fut produite en Belgique et en Angleterre. “Mon père avait aussi une Traction. Je me souviens encore du ronronnement de son moteur, de l’odeur spécifique à l’intérieur, et de la barre chromée au dessus du siège avant sur laquelle on s’accrochait debout derrière avec mon frère ! Magique. A l’époque, acheter une nouvelle voiture, c’était un événenement !”
Et dieu sait si la sortie de la Traction en avril 1934 en fut un . Une révolution, oui ! Avec son cortège d’innovations techniques comme la caisse monocoque en acier autoporteuse, et non plus fixée sur un chassis, le moteur flottant, la suspension à 4 roues indépendantes et non plus à lames, les freins hydrauliques, et surtout, la traction avant (d’où son nom) qui permettait d’abaisser la hauteur de la voiture grâce à la suppression de l’arbre de transmission sous le plancher vers les roues arrières. Le tout lui procurait une tenue de route exceptionnelle qui en fit la voiture préférée des gangsters avec sa vitesse de pointe de 135 km/h sur la 15 Six au 6 cylindres de 2,8 l de 77ch en 1938.
Hélas, lancée trop vite pour sortir la firme de ses difficultés financières après la crise de 1929, la Traction souffrant de trop de défauts précipita au contraire la faillite de Citroën qui fut rachetée fin 1934 par son plus gros créancier et fournisseur : Michelin. Les ingénieurs de Clermont-Ferrand remédièrent alors à 600 anomalies répertoriées sur la voiture. Mais André Citroën, décédé l’année suivante, n’assistera pas au succès de sa relance par de nouvelles versions 7 cv, 9 cv, puis 11 cv, avec des augmentations de cylindrées du 1303 cm3 de 32 ch au 1911 cm3 de 60 ch.
Le même styliste a dessiné la Traction et la DS
Au total, 760 000 Traction seront produites jusqu’en 1957, après l’éclatement d’une deuxième révolution Citroën. Celle qui allait marquer l’histoire de l’automobile avec le lancement en 1955 d’une voiture d’avant garde ressemblant à aucune autre : la DS à suspension hydropneumatique fabriquée pendant 20 ans à 1,4 million exemplaires. Mais ce que l’on sait moins, est que derrière ces deux voitures françaises emblématiques se cachait un même génie, le sculpteur-styliste maison, Flaminio Bertoni à qui l’on doit aussi la 2CV.
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
CITROËN C3
La nouvelle C3 change complètement, et se dévergonde pour devenir un SUV qui ne manque pas de piquant en reprenant le look de la Cactus ! Citroën persiste dans le style décalé, et se démarque aussi avec une voiture high tech équipée d’une caméra connectée qui envoie films ou photos via un smartphone (lire la suite)
OENOTOURISME
Mon vin préféré
Au total, 13 cépages sont cultivés sur le domaine des Peyre. Pour les vins rouges et rosés : syrah, cinsault, mourvèdre, grenache noir et carigan avec certaines vignes plantées depuis plus de 100 ans, merlot et l’espagnol tempranillo qui enrichit la palette aromatique avec des notes de myrtille, cerise et tabac . Pour les blancs : viognier, clairette, Grenache blanc, sauvignon blanc, roussane et vermentino. “Les sols calcaires à dominante argileuse, plus lourds et plus humides, nous permettent d’obtenir des vins plus vifs sur les blancs et les rosés, détaille Patricia Alexandre. Ceux à dominante sableuse, plus filtrants, ont été choisis pour y planter les cépages rouges qui ont ainsi les meilleures conditions pour donner davantage de finesse à nos vins.”Ici, pas de désherbants ou de pesticides, et un enherbement permanent afin que l’herbe absorbe l’eau et oblige les racines de la vigne à chercher l’humidité plus en profondeur. Quant aux vendanges, elle s’effectuent la nuit pour les rosés ou les blancs afin de préserver au maximum leur fraicheur et éviter l’oxydation des grappes.
-La Gazette 2014 : Ce rouge gourmand, au nez légèrement poivré par la syrah, dégage des saveurs de fruits rouges, de cerise et de réglisse sur des tanins fondus donnant une allonge soyeuse, après une partie en élevage de 4 à 6 mois en barriques neuves (12,50 €)
-L’Apostrophe 2015 : Un blanc onctueux 100% viognier d’une surprenante rondeur fruitée aux notes de miel et de fruits secs (13 €)
Profitez en pour visiter….
*L’isle sur-la- Sorgue : Ce bourg riant, capitale des brocanteurs, est entouré comme une île par les bras de la Sorgue qui fait tourner des roues à aubes autrefois utilisées pour les usines de soie et les moulins à huile. L’église du XVIIème très richement décorée donne un petit air italien à la place principale sur laquelle débouchent toutes les ruelles.
*Gordes, et son site extraordinaire avec le château Renaissance qui domine le village en haut de ce piton rocheux d’où l’on a une vue splendide sur la Montagne du Luberon. Devenu célèbre aussi pour son musée Vasarely.
*La cour des sens, à Lagnes : au pied de Gordes, un havre de paix pour fuire la foule estivale, dans cette ancienne propriété viticole transformée en maison d’hôtes de standing décorée avec raffinement à la fois en ancien et en moderne. Jardin de lavandes, piscine chauffée, hammam, jacuzi, fitness. Et le maitre des lieux, Jacques Chevalier est aussi un passionné de voitures ! (04 90 24 50 45)
*Le charmant village perché de Bonnieux et son dédale de vieilles maisons dont la vue est splendide depuis le promontoire en face, sur la terrasse de l’hôtel- restaurant du domaine de Capelongue .
*Lacoste, son petit beffroi du XVII ème et sa ruelle moyenageuse qui grimpe jusqu’au massif château du marquis de Sade restauré par Pierre Cardin.
*Ménerbes, accrochée sur un promontoire du versant nord de la Montagne du Luberon, ce fut la dernière place forte des calvinistes de la région qui tomba pendant les guerres de religion après un siège de 15 mois. Mais la citadelle est toujours là, avec sa vue imprenable sur Gordes, les falaises de Roussillon et le mont Ventoux.
*Oppède le vieux Cette ville fantôme pittoresque revit dans ses ruines restaurées le long d’une rue pavée qui tournicote au milieu de la verdure jusqu’à la terrasse de l’église du XI ème et aux vestiges du château.
*L’abbaye romane de Sénanque fondée en 1148 au milieu des champs de lavande. Une des trois cisterciennes de Provence avec celle du Thoronet et de Silvacane, et qui, rarissime, possède encore toutes ses pièces monastiques d’origine. Outre les moines, elle abrite un centre culturel où se déroule un festival de musique renommé.
*Ansouis et la façade Louis XIII de son château, les armures de sa salle des gardes, ses cuisines provencales aux cuivres étincelants et ses jardins suspendus.
*Les mines d’ocre de Bruoux près de Gargas, un spectacle sous terre extraordinaire avec 40 km de galeries exploitées jusque dans les années 50 puis transformées en champignonières.
*Le village de Saignon, spectaculaire sur sa crête quand il est vu du dessus depuis la route panoramique D 232 rejoignant Bonnieux.
*Lourmarin, ses ruelles, son château et le souvenir d’Albert Camus qui vécut ici.
*Cucuron, allez sirotez un pastis sous les platanes centenaires qui bordent le grand bassin de la plus charmante place du Luberon toujours baignée d’une douce fraicheur.
*L’étang de la Bonde, à l’est de Cucuron, immense retenue d’eau construite au XVII ème pour alimenter les douves du gigantesque château renaissance de la Tour-d’Aigues dont il reste des ruines impressionnantes .
*Le Colorado de Rustrel et ses cheminées de fées, formé par une succession de carrières d’ocres en canyons.
*Les Baux-de-Provence Sur un éperon dénudé de 900 m de long sur 200 de large avec vue panoramique sur Arles et la Camargue se dresse l’impressionnante silhouette des ruines du château fort et de “la ville morte”. A voir, la rue du Trencat creusée dans la roche, la place ombragée St Vincent et l’église du même nom avec son campanile appelé la “lanterne des morts”, l’ancien Hôtel de ville et ses salles voutée en ogives, l’Hôtel des Porcelets du XVI ème et son musée d’art contemporain. A ne pas manquer : le son et lumière dans les immenses carrières souterraines au décor colossal à l’égyptienne.
*Avignon, entourée de ses remparts, et surplombée par le Rocher des Doms et sa cathédrale du XII ème à côté du gigantesque Palais des Papes fortifié du XIV ème, témoin de l’exil provencal de la cour pontificale romaine durant un siècle, le petit palais épiscopal du XV ème, la place de l’Horloge et son beffroi , seul vestige de l’époque gothique, l’extraordinaire musée Calvet et ses toiles de Corot , Manet, Toulouse-Lautrec, Mignard, Daumier, David, Géricault,… dans un hotel particulier du XVIII ème, la très pittoresque rue des Teinturiers pavée de galets le long de la Sorgue avec ses grandes roues à aubes qui faisaient fonctionner les usines textiles jusqu’ à la fin du XIX ème, le couvent des Celestins et son cloître, les belles façades à l’entrée de la rue du Roi René, le pont Benezet et sa chapelle, édifié en 8 ans, qui menait à Villeneuve-lès-Avignon, l’ancienne ville des cardinaux, au pied de la tour Philippe le Bel et des tours rondes du fort St André d’où la vue sur Avignon au soleil couchant est fabuleuse.