Cet ex pilote de course devenu vigneron taquine encore l’accélérateur sur son cabriolet de 1976 à la ligne intemporelle dessinée par le grand styliste italien Pininfarina. Un best seller à 198 120 exemplaires !
LePlan-Vermeersch GT-wines /Rhône France
Dirk Vermeersch, à Suze-la-Rousse
“J’ai l’impression d’avoir encore vingt ans quand je suis à au Volant de mon Fiat 124 spider !” confie Dirk Vermeersch, 64 ans, ex pilote de course Belge devenu viticulteur en Provence. Normal. A cet age là, dans les rues d’Anvers, sa ville natale, le passage de cette belle italienne à la ligne élégante et intemporelle, depuis sa sortie en 1966 jusqu’à sa fin de fabrication en 1985, ne laissait pas indifférent le jeune Dirk. Dix neuf ans d’existence pour une voiture, une éternité impensable aujourd’hui ! Ce cabriolet dessiné chez le magicien de la carrosserie Sergio Pininfarina, s’est vendu à 198 120 exemplaires , dont près de 170 000 aux Etats-Unis.
Un moteur développé par le créateur des V12 Ferrari
Un triomphe pour cette “bella machina” qui, dans sa version compétition dopée à 180 ch par le sorcier italien de la mécanique Abarth, remporta même en 1972 la deuxième place du championnat international des rallyes.“Il faut dire, rappelle Dirk Vermeersch, que le Fiat 124 Spider était bien né : son poids plume de 949 kg le rendait très agile ,et son moteur 1438 cm3 de 90 ch à culasse aluminium et double arbre à cames, avait été développé, s’il vous plait , par le créateur des V12 Ferrari, l’ingénieur Aurelio Lampredi. Souple à bas régime, il permettait à ce cabriolet racé d’atteindre 180 km/h, une performance pas si commune à l’époque. »
Au fil de son existence, le Fiat 124 spider a augmenté régulièrement de puissance en passant en 1970 à un 1608 cm 3 à deux carburateurs Weber double corps de 110 ch, puis un 1756 cm3 de 118 ch en 1972 avec version Abarth en 128 ch.Mais en 1974, le Fiat 124 spider connait un étrange et cruel destin : la demande est tellement forte aux Etats-unis que Fiat décide de stopper sa commercialisation en Europe et de ne le produire que pour le marché américain ! En 1979, il est rebaptisé Spider 2000, en référence à son nouveau moteur 1995 cm3 à injection qui développe 105 ch, un peu moins qu’avant en raison des normes anti pollution US. Puis en 1981, nouveau changement : la fabrication est transférée chez Pininfarina qui devient ainsi constructeur. Et la voiture prend le nom de spider Azzura pour les Etats-unis ou de Spider Europa pour le marché européen.
Il a réalisé son rêve en devenant pilote de course
Pendant tout ce temps là, Dirk Vermeerch est devenu , lui, une vedette en Belgique. Le petit mécanicien, chauffeur de taxi rêvait de sport automobile. Il commence à participer à des courses locales sur la Volkswagen Polo empruntée à son frère. Et en 1977, à la surprise générale, ce jeune blanc bec remporte les 24 Heures de Zolder sur une A112 Abarth. Le voila, à 25 ans, admis chez les tenors du Volant. Et la même année, aux côtés du fameux Jean-Claude Andruet, il figure parmi les 3 pilotes de la BMW 530 victorieuse des 24 Heures de Spa-Francorchamp qui sont à la Belgique ce que sont nos 24 Heures du Mans. Sa carrière est lancée : il devient coureur automobile professionnel au gré des contrats d’embauches dans des teams. Et enchaine les podiums. Mais en 1986 fin de partie : un terrible accident en rallye l’oblige à raccrocher son casque.
Dirk Vermeersch se résout alors à racheter une station service à Anvers où il fait aussi un peu de mécanique et de ventes de voitures d’occasion. Mais son palmarès va lui permettre de décrocher une concession Lancia, à l’époque au sommet du sport auto avec les fameuses Delta HF, puis Maserati. Il s’agrandit, les affaires prospèrent et en 1999 nouveau virage : “Mercedes voulait racheter ma concession et m’a proposé une telle somme que je ne pouvais pas refuser !” Et c’est là que va démarrer sa troisième vie, celle de vigneron. “Nous avions l’habitude de venir en vacances en Provence du côté de Suze la Rousse, un joli coin qui nous plaisait bien. J’y avais repéré une bâtisse en ruine sur une belle propriété à l’abandon. Banco !
A 50 ans, il a démarré sa troisième vie, celle de vigneron
Toute la famille part s’installer là-bas, il crée une entreprise de construction, rebâtit la maison transformée en chambres d’hôtes de luxe et lorgne juste à côté une parcelle de vignes d’un demi hectare planté en 1961 sur un lieu dit “LePlan” qu’il achète en 1999. “Comme dans le sport automobile, on forme un team, où chacun se complète avec notre oenologue conseil Thomas Oui. Pour gagner une course ou faire un bon vin, chaque détail compte, estime Dirk Vermeersch. Et au final, piloter une voiture ou un vignoble, revient au même : dans les deux cas, il faut savoir mesurer avec précision les risques et prendre vite les bonnes décisions pour ne pas sortir de la route ou rater une cuvée.”
Restait à savoir quel type de vin produire. “Il fallait qu’on se différencie pour ne pas être un énième Côte du Rhône générique. Et comme les Américains, on a pris l’option des vins de cépages. “Quand on vend 90% de notre production à l’export, “Rhône France” c’est plus simple à comprendre et à situer pour la clientèle étrangère qui se perd dans toutes vos appellations. Aux Etats-unis, la dénomination “vin français” ,synonyme de vin de prestige, est bien plus parlante que toutes les subdivisions qui existent chez vous.”
Des appellations qui ressemblent à des noms de voitures
Et pour se démarquer encore plus, Dirk Vermeersch a habillé ses bouteilles d’une façon pour le moins surprenante. En jouant sur l’image du vin de pilote, à fond, avec étiquettes au logo composé de petits carrés noir et blanc, rappelant le drapeau à damiers des courses automobiles, et une appellation décapante : GT-wine ! Encore un clin d’oeil en trompe l’oeil : GT comme les voitures de sport GT (grand tourisme), sauf que le terme sous entend aussi GT comme grand terroir ! Plutôt ravi de son effet, l’iconoclaste wine maker Dirk Vermeersch se justifie : “Au départ, ma notoriété de pilote m’a aidé à vendre mon vin en Belgique qui est mon plus gros debouché devant les Pays Bas, l’Allemagne, la Grande Bretagne, le Canada, et les USA. On peut dire que je touche aujourd’hui le bonus de ma carrière automobile ! “
Un de ses vins a été noté 95/100 par Robert Parker
Et dès ses premiers vins en 2003, la chance lui a encore souri avec deux étoiles au guide Hachette, et son premier GT-1 Châteauneuf-du-Pape obtient un 95 sur 100 du grand dégustateur américain Robert Parker. « En 2003 au Japon, un jury international a déclaré “Meilleur vin rouge français” mon GT-X 2011 qui est un assemblage de tous nos cépages, mais pas dans les proportions réglementaires permettant de s’appeler Côtes du Rhône.” Bref, une histoire belge qui ne fait pas rire tout le monde ! Mais qui marche. Car sur le terrain, Dirk Vermeersch est intraitable : culture biologique, rendement faibles ne dépassant pas 25 hl/ha (au lieu des 45 hl autorisés) par une taille rigoureuse. “Nos vendanges sont manuelles, et nous pratiquons un élevage de 12 mois en barriques de chêne américain ou français selon les cépages, avec panachage entre barriques neuves pour les syrah et anciennes pour les Grenache dont l’équilibre aromatique résiste moins au neuf.”
Mais le démon de la vitesse et ses décharges d’adrénaline n’ont pas complètement disparu chez lui. Car il aime bien encore taquiner le volant et l’accélérateur. “Juste pour me faire plaisir. C’est pourquoi j’ai acheté il y a deux ans ce Fiat 124 spider 1800 de 118 ch de 1976 . Et je l’ai reconditionné en version compétition, en gonflant le moteur à 150 ch !” Même s’il se contente aujourd’hui de rallyes plus sages ressemblant davantage à des promenades gastronomiques en historiques qu’il sponsorise aussi. “Pas de problème, pour le business c’est super ! A raison de deux acheteurs potentiels par voiture, l’automobile me sert encore, et toujours, pour la promotion de mon vin. » On ne se refait pas !
www.leplanGT.wine
LA MÊME AUJOURD’HUI
Le nouveau Fiat 124 spider
Une italienne aux yeux bridés. Pour son premier spider 124 en 1966, Fiat avait eu recours a l’élégant coup de crayon de Pininfarina. Cinquante ans plus tard, pour le deuxième, son design est japonais. Car ce joli cabriolet italien est en fait un Mazda X5 rhabillé d’une « robe » très différente à l’avant, et avec un moteur plus puissant…lire la suite
OENOTOURISME
Mon vin préféré
*GT-C 2014 D’un rubis profond, ce 100% carignan, concentré et riche en nuances de fruits rouges est rond et équilibré avec des notes épicées et boisées. Sa complexité aromatique se prolonge dans une allonge en bouche soyeuse qui tapisse délicieusement le palais.(13,50 €)
*GT-X 2014 Toute la puissance aromatique réunie de l’ensemble des cépages du domaine, mais pas dans les règles et les proportions lui autorisant l’appellation Côtes du Rhône : carignan, grenache, syrah, mourvèdre, alicante, et viognier. Ce vin bien charpenté, a une complexité aromatique au nez qui se retrouve dans une bouche longue et charnue. Une bouteille qui entretient son mystère avec une étiquette noire lisible que par ses lettres en relief. (24,25 €)
Profitez en pour visiter…
*Le château de Suze la Rousse en haut de son promontoire rocheux au dessus des toits du village. Cette forteresse avec ses grosses tours du Moyen age a été réaménagée à la Renaissance avec une jolie cour d’honneur intérieure. La bâtisse abrite aujourd’hui l’Université du vin.
*Rochegude : son château fort, surplombant les vignes face au mont Ventoux, et transformé à la Renaissance, puis restauré au XIX ème par Viollet le duc, est devenu un superbe Relais & Chateaux. Cet hôtel vaut d’autant plus le détour qu’il est dirigé par un passionné de voitures anciennes ! A voir aussi la petite église fortifiée NTD des Aubagnans, reste d’un prieuré du XIIème. Sa chapelle St Denis, est un des plus anciens témoignage de l’art roman de la région.
*L’abbaye médiévale de Bouchet
* Grignan : son château renaissance où se rendait fréquemment chez sa fille madame de Sévigné dont on visite la chambre. La terrasse, avec vue panoramique sur le Ventoux, les dentelles de Montmirail, et les Alpilles, recouvre curieusement l’église St Sauveur accolée en contrebas du château. Une dalle de marbre au pied du maître autel et de son retable y indique l’emplacement de la tombe de Mme de Sévigné décédée à Grignan le 18 avril 1696
*Avignon, entourée de ses remparts, et surplombée par le Rocher des Doms et sa cathédrale du XII ème à côté du gigantesque Palais des Papes fortifié du XIV ème, témoin de l’exil provençal de la cour pontificale romaine durant un siècle, le petit palais épiscopal du XV ème, la place de l’Horloge et son beffroi , seul vestige de l’époque gothique, l’extraordinaire musée Calvet et ses toiles de Corot , Manet, Toulouse-Lautrec, Mignard, Daumier, David, Géricault,… dans un hôtel particulier du XVIII ème,
la très pittoresque rue des Teinturiers pave de galets le long de la Sorgue avec ses grandes roues à aubes qui faisaient fonctionner les usines textiles jusqu’ à la fin du XIX ème, le couvent des Célestins et son cloître, les belles façades à l’entrée de la rue du Roi René, le pont Bénézet et sa chapelle, édifié en 8 ans, qui menait à Villeneuve-lès-Avignon, l’ancienne ville des cardinaux, au pied de la tour Philippe le Bel et des tours rondes du fort St André d’où la vue sur Avignon au soleil couchant est fabuleuse.
*Orange avec son célèbre theâtre romain, le mieux conservé de tout le monde antique, et son arc de triomphe sur l’ancienne voie Agrippa qui reliait Arles à Lyon.
*Vaison-la-Romaine, plus connue pour son amphitheâtre et ses ruines que les ruelles de sa vieille ville en hauteur, couronnée par un château abandonné, et accessible par un spectaculaire pont romain en pierre à une seule arche au dessus de l’Ouvèze.
*Crestet, au sud de Vaison-la-Romaine, est un des plus typiques villages du Vaucluse avec ses maisons Renaissance escaladant une colline dominée par un château du XII ème avec vue imprenable sur le Ventoux.
*Séguret, pittoresque village provencal avec son dédale de ruelles accrochées à une colline escarpée d’où l’on peut contempler les dentelles de Montmirail et la plaine du comtat Venaissin.
*Le musée de la soie au village médiéval de Taulignan, ancien haut lieu de l’industrie de la soierie au XIX ème
*Ferme aux crocodiles à Pierrelatte, unique en Europe avec ses 400 animaux et ses 10 espèces de croco dans une serre paysagée de 9500 m2 et 4000 m2 en plein air
*Distillerie d’huiles essentielles Bleu de Provence à Nyons et sa savonnerie