Taquiner l’accélérateur de sa R8 Gordini, ce vigneron adore. Comme les jeunes apprentis pilotes des années soixante pour qui cette voiture de sport bon marché fut un tremplin vers la gloire.
IRANCY Thierry Richoux
Les yeux écarquillés, à l’age de 10 ans, il regardait passer devant chez lui les R8 Gordini qui participaient à la Course de côte d’Irancy près d’Auxerre. Et en rêvait, au point de les dessiner sur ses cahiers en classe. Aujourd’hui, cette voiture mythique, avec ses quatre phares et son fameux “bleu 418” à deux bandes blanches, est dans son garage. Et Thierry Richoux, à 55 ans, vit son rêve en se régalant à son tour de grimper à tombeau ouvert le 1,8 km de la course sur la petite route en lacets au milieu des vignes. A bord de celle qui était à l’époque la première voiture de sport française vendue à un prix abordable d’auto de grande série (12.000 fr). D’où son succès phénoménal avec 11 607 commandes entre 1964 et 1970 qui fit naître des vocations de pilotes.
Championne des dérapages contrôlées
A son volant se révélèrent de futurs grands rallyemen comme Ragnotti, Andruet, Vinatier, Darniche,…“Je me souviens très bien d’avoir vu Jean-Claude Andruet dans notre caveau qui se trouvait juste devant la ligne de départ ! Tous ces rugissements de moteurs, et ces odeurs d’huile de ricin, ça m’a marqué. Dans les montées, on assistait à un festival de dérapages controlés, car la “Gorde”, avec son moteur arrière en porte à faux et ses pneus étroits, glissait bien dans les virages !” Ce poids plume de 770 kg, avec carrosserie allégée en tôles fines, et lesté sur le train avant par un deuxième réservoir d’essence dans le coffre (avec un robinet entre les deux sièges pour basculer de l’un à l’autre !) était dopé par Amédé Gordini. Surnommé “le Sorcier de la mécanique” cet Italien avait transformé des Fiat puis des Simca en voitures de course, et remporté des victoires en Formule 1 et 2 avec ses monoplaces. Avant d’éviter la faillite en passant sous pavillon Renault pour dynamiser l’image de la marque auprès des jeunes. Avec une culasse spéciale hémisphérique pour un meilleur mélange explosif, deux carburateurs Weber double corps à trompettes, des soupapes en V et des échappements “spaghettis”, qui gavaient le moteur et le faisaient mieux respirer, il transforma la R8 de base au 1108 cm3 de 50 ch en une bête de course de 77,5 ch : la bombinette en bleu tombait le 0 à 100 km/h en 12 secondes et montait à 170 km/h. Puis sur la version 1300 cm3/88 ch, à 175 km/h. Décoiffant ! A l’époque les grosses 404 Peugeot n’atteignaient que le 140 km/h et les DS 19 160 km/h.
Plus agile en rallyes que des Porsche plus puissantes
Et un mois seulement après sa sortie, la R 8 Gordini pilotée par Vinatier entrait dans la légende en remportant le très difficile Tour de Corse 1964 grâce à son agilité devant des Porsche et des Alfa Romeo GTA pourtant plus puissantes. Autant d’exploits qui firent rêver le jeune Thierry Richoux qui eut comme première voiture, devinez quoi ? Une R8, bien sûr, mais de base, faute de mieux. Avec laquelle il a dépanné une fois un pilote en lui filant une pièce de sa voiture pour continuer la course de côte d’Irancy ! “C’est en 1988 que j’ai trouvé ma R 8 Gordini 1300 à Auxerre chez un particulier qui l’avait laissée démontée chez lui. Il y a eu du boulot pour la remettre en marche ! Mais aujourd’hui, je n’ai qu’un regret… A l’époque, j’avais vu une autre terreur des rallyes qui me faisait aussi rêver, la Berlinette Alpine qui se négociait alors dans les 60 000 francs. Aujourd’hui, c’est le même chiffre, mais en euros !”Et depuis 2016, après une interruption de 12 ans, la fameuse course de côte d’Irancy contribue à nouveau à faire connaître ce joli village, au creux de son vallon en cirque. Celui-ci protège des intempéries cette petite appellation du bourgogne Auxerrois de seulement 512 ha sur laquelle ne travaillent plus que 12 vignerons au village contre 65 en 1930. Mais elle a gagné en renommée par la typicité de ses rouges. Au point que chez les Richoux, ¾ des bouteilles se vendent sur place.
Son Irancy reste un vin de longue garde
“On a une clientèle de fidèles qui reviennent de génération en génération pour notre Irancy qui reste constant car on n’a pas cédé aux modes comme celle des vins boisés. J’ai un principe : ne pas s’adapter aux goûts changeants des clients. C’est à eux de s’adapter au style du vin d’Irancy si on veut garder son âme.” Et depuis 1610, le vignoble familial de 23,5 ha n’a pas dérogé à cette règle. Mis à part la culture bio démarrée en 2001. Ici, on pratique un minimum de filtration pour garder un maximum de tanin, et donc du caractère à un vin qui mettra du temps à s’exprimer pleinement. “Les vins prêts à boire d’aujourd’hui, c’est pas mon truc » dit il en débouchant de derrière les fagots un Irancy 2000 avec toujours une verdeur minérale prolongée d’une belle allonge fumée qui peut encore s’affiner. Et la cuvée Vaupessiot, aux arômes complexes, issue d’un coteau pauvre en terre au dessus d’une falaise calcaire, bien venté sud/sud ouest, n’est mise en bouteille qu’après 30 mois d’élevage dont 18 en futs de chêne.“De toute façon, un bon vin commence d’abord par de bons raisins, et c’est pour cela qu’on vendange à la main. Je préfère, ne serait ce que parce que ça donne un côté plus humain par les rencontres qu’on peut faire à ce moment là” dit il d’un clin d’oeil entendu. Et pour cause. Sa future femme Corinne était venue faire les vendanges. Elle est restée !
Thierry Richoux
irancy.richoux@orange.fr
OENOTOURISME
MON VIN PRÉFÉRÉ
Irancy 2013, ce pinot noir vendangé très tard cette année là bénéficiait d’une plus grande maturité. Un vin libéré et mineral avec une fraicheur aérienne d’aromes de griottes.(11 €) Irancy 2012, avec de petits rendements sur ce millésime après un printemps humide et un bel été, un vin puissant et riche à l’allonge tendue, encore sur la réserve, et qu’il faut laisser encore vieillir deux ans avant sa plénitude d’ici 10 ans (11 €)
PROFITEZ EN POUR VISITER…
*Auxerre et ses vieilles rues à maisons à pans de bois:
-Cathedrale St Etienne
-Abbaye St Germain
-Places St Nicolas, du coche d’eau
-Quartier de la Marine
-Tour de l’Horloge
*Pour rejoinder Irancy, prenez la petite route bucolique D 362 au sud d’Auxerre en passant par les charmants villages de Champs sur Yonne, Bailly et Vincelottes
*Carrière souterraine d’Aubigny d’où était extraite, dés l’époque gallo romaine, une pierre calcaire tendre qui une fois à l’air libre, se durcissait en surface, et fut utilisée à Paris pour la construction de l’Opera, de l’Hotel de ville, de la Bourse. Une visite insolite et instructive sur la vie de ces anciens « découpeurs » en sous sol.
*Chablis :
-Collégiale St martin
-Porte Noel
-Circuit en velo electrique à travers les chemins de vignerons et leurs panoramas époustouflants sur les côteaux www.bourgogne-(decouverte.fr
*L’abbatiale cistercienne de Pontigny impressionnante par sa longueur
*Le château Renaissance de Tanlay, très intéressant par sa richesse architecturale, ses fresques de peintres italiens et son mobilier
*Montréal, enfermé dans ses remparts, ce bourg du Moyen age vaut le détour pour ses vieilles maisons, les stalles incroyablement sculptées de son église et le panorama circulaire sur la vallée du Serein, et au loin les monts du Morvan
*La vallée du Cousin, une route bucolique à souhait dans les bois où on longe cette rivière, ses rapides, ses moulins et qui débouche tout à coup au pied de la falaise fortifiée d’Avallon. Pour ne pas manquer cette balade magique, en venant d’Auxerre sur la N6, prenez avant Avallon à droite à Valloux, direction Vault -de- Lugny, Pontaubert
*Avallon, ville fortifiée sur un promontoire rocheux au dessus de la vallée du Cousin, ses remparts, ses portes, sa tour de l’Horloge, ses façades, son église romane St Lazare
*Noyers sur Serein, petite cité médiévale avec ses remparts, ses places, et ses rues à maisons à colombages en bois qui en font un vrai décor de film de cape et d’épée. Une séquence de la Grande vadrouille (celle de la nuit mouvementée à l’hôtel restaurant !) y fut tournée.
*Joigny, petite ville pentue aux rues anciennes dominée par l’église St Jean, près du château Renaissance des Gondi
*Le prieuré de Vausse, son charmant cloître et son église transformée en bibliothèque
*Vezelay,”la colline inspirée” dominée par la magnifique basilique romane Ste Madeleine sauvée de la ruine par le grand Viollet –le- Duc
*Santigny, charmant village avec son surprenant lavoir XVIII ème siècle à plusieurs bassins sous un toit soutenu par des colonnes doriques
*Le musée du tire bouchon à Beines
*Les grottes d’Arcy sur Cure
*Mailly- le-Château, ancien bourg fortifié sur une colline aux rues pittoresques offrant une belle vue sur le canal du Nivernais
*Le musée d’automobiles du château de Montjalin, à Sauvigny-le-Bois
*Le château de Beru
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Dépositaire d’un héritage qu’il tient de sa grand-mère puis de ses parents, le Chef doublement étoilé Jean-Michel Lorain orchestre la cuisine avec brio et vous propose une carte créative, toute en poésie et en gourmandise, qui évolue au fil des saisons. Vous craquerez volontiers pour l’Ile flottante au caviar, gelée d’ail noir et crème légère au raifort, la noix de ris de veau au gingembre, rhubarbe et radis roses, la libre interprétation de la poire “Belle Hélène” mais aussi pour quelques grands classiques issus de l’imagination et du savoir-faire de Michel Lorain précieusement conservés sur la carte, comme la Poularde de Bresse à la vapeur de Champagne ou le fameux Boudin noir agrémenté d’une magnifique purée mousseline à l’ancienne…Avec le raffinement d’un service aux petits soins, le confort des chambres Relais & Châteaux****, et un espace Spa et Bien-Etre d’exception de 800 m², tous les ingrédients sont réunis pour composer un séjour de rêve !
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