Devenu un des grands du champagne 37 ans après la création de sa marque, Bruno Paillard vit à fond sa passion des anciennes. Dernière pièce à sa collection : cette Maserati Ghibli de 1972.
Champagne Bruno Paillard
La passion vous pousse parfois à entamer une nouvelle vie. A Reims, Bruno Paillard, fondateur de la maison de champagne du même nom en est l’exemple. Après avoir passé les rênes à sa fille Alice, le voilà à 66 ans à la tête d’un garage ! « La restauration de mes voitures de collection m’a trop souvent occasionné des mésaventures avec des garagistes malhonnêtes. Comme j’en avais assez de me faire escroquer par des margoulins, j’ai fini par créer mon propre garage en alliant la rigueur de la gestion dans le champagne à l’artisanat automobile avec une équipe de 7 spécialistes.
Ici, de la mécanique à la peinture en passant par la carrosserie et la sellerie, on fait tout. » Voila comment des ateliers de Reims Classic Auto, à Bezannes, vient de sortir flambant neuve sa dernière acquisition, une splendide Maserati Ghibli SS 4,9 l de 1972. Le chef d’oeuvre du jeune styliste Giugiaro qui, après avoir quitté le carrossier Bertone, créa en 1966 chez Ghia cette sublime silhouette allongée pour la marque au trident. Le moteur moins haut grâce à une lubrification par carter sec lui avait permis de dessiner un coupé fastback spectaculaire par sa ligne de toit très basse (1,16 m) pour accentuer ainsi son dynamisme.
Avec une fluidité de la carrosserie renforcée à l’avant par l’absence de phares n’apparaissant qu’en position téléscopique. Avec un tel profil acéré pour fendre l’air, on lui avait donné un nom de vent soufflant dans le désert égyptien, le Ghibli, une tradition chez Maserati après la Mistral pour des voitures balayant tout sur leur passage ! Iconique, cette Maserati Ghibli racée, sera fabriquée à Modène de 1966 à 1973 à 1149 exemplaires en coupé et 100 en spider. Des stars s’enticheront de cette superbe italienne, à l’image de Jean-Paul Belmondo, Peter Sellers ou Claude François.
Et aujourd’hui encore, la Maserati Ghibli reste la plus belle et la plus rapide GT de la marque jamais construite.Sous son capot longiligne un V8 tout alu à 4 arbres à cames en tête 4,7 l de 330 ch, monté en 1970 à 4,9l 335 ch, la propulsait à 275 km/h. Et les 2 réservoirs de 45 L n’étaient pas de trop pour gaver les 4 carburateurs Weber double corps…Mais quelle musique ! Du rugissement rauque grimpant dans les aigus quand l’aiguille du compte tours frise la zone rouge aux borborygmes pétaradants en décélération.
Les vocalises de la diva Maserati Ghibli vous transportent dans un autre monde. Et ses accélérations crescendo sont d’autant plus impressionnantes que la tenue de route, parfois louvoyante, n’est pas celle des voitures d’aujourd’hui avec sa direction moins précise. Et si les roues avant sont indépendantes avec suspension à ressorts hélicoïdaux, l’arrière est plus rudimentaire : un simple essieu rigide avec différentiel Salisbury maintenu par des ressorts à lames. Ici pas de double triangulation comme sur les voitures sport.
Contrairement à sa contemporaine la Ferrari Daytona, la Maserati Ghibli n’était pas conçue pour la course, mais davantage comme une grand tourisme raffinée et confortable. Avec un habitacle, strictement 2 places malgré ses 4,70 m de long, luxueusement tapissé de cuir. Et une planche de bord à la pureté stylistique où rien ne manquait dans l’alignement des cadrans pour suivre les battements de cœur du fauve.
« Je suis avant tout guidé dans mes choix automobiles par l’esthétique » confie Bruno Paillard. Et dans ce domaine les italiennes surpassent les autres. Hormis la DS, incarnation pour moi du génie français dont elle a été la vitrine, tout comme le champagne. » Rien d’étonnant donc, que 3 DS cabriolet, de différentes années pour suivre leur évolution, figurent dans sa collection !
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
Maserati Ghibli SQ 4, une diva qui dévore le bitume
Quarante ans plus tard, la Ghibli revient. Mais avec deux portes de plus, et 100 ch de plus ! Mais deux cylindres en moins ! Tout en dégageant une bande son à faire frémir de plaisir. C’est que son 3 litres V6 biturbo a été mis au point chez Ferrari, propriétaire de Maserati avec Fiat depuis 1993. Et cette berline à la ligne époustouflante garde les gênes sportifs de la marque au Trident. Tout en offrant un écrin luxueux et confortables avec des aides à la conduite électroniques qui permettent de jouer les pilotes de course sans risque…lire la suite
OENOTOURISME
LE VIGNOBLE
En 1981, ce courtier en raisin issu d’une famille de vignerons vendait 50 000 francs ses deux voitures de collection, une Traction Citroën et une Jaguar MKII, pour financer le lancement de sa propre marque marque de champagne. Aujourd’hui Bruno Paillard représente un vignoble de 34,4 ha, dont 10 dans les Grands Crus, soit 70 % des approvisionnement pour ses 400 000 bouteilles annuelles. Outre le rapprochement avec Boizel en 1994, le groupe qu’il a constitué en tandem avec Philippe Baijot a racheté les champagnes Philipponat, de Vénoge, Alexandre Bonnet aux Riceys, puis Lanson en 2006.
Mais pour les différentes cuvées haut de gamme de sa marque, Bruno Paillard a toujours mis la priorité, non pas à la course aux volumes, mais à la qualité des raisins pour mettre en valeur la richesse de la minéralité crayeuse des terroirs champenois les plus prestigieux. Et il a franchi un nouveau pas avec une nouvelle cuvée DZ : traduisez dosage zéro en sucre au moment du classique complément en liqueur d’expédition après le dégorgement du dépôt des levures (les lies) qui ont créé les bulles.
Un exercice d’équilibre délicat ce DZ, qui a le mérite de faire ressortir la finesse et la pureté des arômes. A condition qu’au départ il n’y ait pas besoin de masquer par un ajout de sucre l’acidité du vin, grâce à des raisins récoltés au bon moment pour avoir une maturité idéale, et contenir donc suffisamment de sucres naturels. Ce qui est le cas ici en première presse des pinots meuniers majoritaires sur les Chardonnay et Pinot noir à 5www.brunopaillard.com0-50, et vinifiés en petits fûts, dans cette cuvée DZ composée, cas rarissime, à moitié de vins de réserve conservés pour certains plus de 10 ans en bouteille sur lies. Avec un élevage supplémentaire de 3-4 ans, bien au-delà de la durée légale, en bouteilles sur lies, et 6 mois de repos après dégorgement. Résultat : une surprenante attaque aromatique au nez fraichement fruité blanc qui se retrouve en bouche sur une minéralité frugale et une finale saline, relevée d’une légère pointe d’acidité diffuse. (46 €) www.brunopaillard.com
PROFITEZ EN POUR VISITER…
REIMS
*La cathédrale, célèbre chef d’oeuvre de l’art gothique depuis 1211, où furent couronnés 25 rois de France après le baptême de Clovis en 498. La plus longue de toutes avec ses 149 m, elle a été miraculeusement rescapée après les destructions des bombardements de 14. Le fameux « Ange au sourire », statue emblématique du porche, peut en effet afficher son soulagement !
*Les caves à champagne dans les anciennes carrières de craie, Pommery, Veuve Cliquot et son dédale de 20 km de galeries, Taittinger sous l’ancienne abbaye Ste Nicaise, et celles de Lanson dont les galeries voutées servirent de logements pendant les bombardements de la guerre de 14, et même de chapelle avec un vestige qui subsiste aujourd’hui, une statue de la Vierge toujours accrochée sur la paroi.
*Le festival de façades Art déco, symboles de la reconstruction de la ville détruite à 80 % pendant la guerre de 14
*L’Hotel musée Le Vergeur XIII éme et Renaissance construit par un riche marchand grainetier
*L’abbaye St Remi, du nom de l’évêque qui baptisa Clovis, ses parties romanes, XVII ème et son grand cloître
*L’impressionnante porte gallo-romaine de Mars du temps où Reims s’appelait Durocortorum et dépassait en importance Lutèce qui deviendra Paris
*Le palais épiscopal du Tau et sa grande salle à voûte de bois en carène de navire renversée où se tenait le festin des rois après leur sacre. Le palais abrite aujourd’hui un musée sur la cathédrale où l’on réalise, en les voyant, que les statues d’origine sur sa façade mesuraient près de 5 mètres de hauteur !
*Hôtel Jean-Baptiste de La Salle édifié à partir de 1545. Belle cour Renaissance avec avec une tour à escalier à vis ajouré
*La demeure XIIIème des comtes de Champagne
*La villa Demoiselle, splendide témoin de l’Art Nouveau construit entre 1904 et 1908 sur la butte Ste Nicaise par Louis Majorelle pour le directeur des Caves Pommery
*Le musée des Beaux-arts, un des plus beaux de province avec ses collections de tableaux et de sculptures du XVI ème au XX ème : Le Nain, Boucher, Corot, Monet, Pissaro, Renoir, Gauguin, Maillo, Marquet, Foujita, Rouault, Manessier,…
*Le phare de Verzenay, un vrai phare au milieu d’une mer de vignes construit en 1909 par le négociant en champagne Joseph Goulet pour faire la promotion de sa maison. Le rez de chaussée faisait guingette, et en 1940 les Anglais placèrent sur le phare une batterie anti-aérienne. Après restauration en 1999 le Musée de la Vigne y a ouvert ses portes.
*Les Halles du Boulingrin et leur spectaculaire voute en béton de 19,85 m de haut et seulement 7 cm d’épaisseur construite en 1927.
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POUR UNE HALTE UN CHOIX S’IMPOSE
Le Château de Sacy, appartenant à la collection Millésime, se dresse sur la montagne de Reims dans le charmant village de Sacy. Cette Maison de Maître peut accueillir tous les voyageurs passionnés d’automobiles avec un parking loin des tumultes citadins.
En plein cœur des vignes, ce joyau intimiste offre 12 chambres et suites, un restaurant avec une cuisine raffinée mettant en avant les produits du Terroir et un espace bien-être Ec(h)o en collaboration avec la marque française de cosmétique naturelle minérale Gemology.
Tout rappelle dans cet écrin l’histoire du et de la Champagne. Une parenthèse pour vous faire vivre une expérience pétillante et unique…
Château de Sacy, rue des Croisettes, 51500 Sacy.
Informations et réservations : +33 (0) 26 07 60 38 – contact@chateaudesacy-reims.fr https://www.chateaudesacy-reims.fr/
*Le fort de la Pompelle . Symbole de la résistance rémoise pendant la deuxième guerre mondiale, il fut le seul de la région à rester aux mains des Français jusqu’en 1918 au prix de 12 000 morts. Aménagé en musée des tranchées on y trouve une étonnante (et unique!) collection de 500 couvre chefs de l’armée allemande.
*La bibliothèque Carnegie, chef d’oeuvre de l’Art Déco avec son entrée en mosaïque et son gigantesque lustre suspendu en vitrail.
*Le musée automobile de Reims-Champagne, 230 autos et motos de 1908 à nos jours, un festival de Delahaye, Delage, Panhard, et de voitures à pédales ! (84 Avue Georges Clemenceau/ 03 26 82 83 84/musee-automobile-reims-champagne.com)
EPERNAY et alentours
*Flanez le long des 1500 m de l’avenue de Champagne pour admirer tous les hôtels particuliers où se sont installées les grandes marques champenoises au dessus de leurs 110 km de caves. « The most drinkable avenue of the world » comme l’avait surnommé Churchill qui était un connaisseur !
*La tour de Castellane, construite entre 1903 et 1905 comme emblème publicitaire de la marque de champagne. Gravir ses 237 marches vaut la peine pour contempler du haut de ses 65 m la ville d’Epernay et la vallée de la Marne. A voir aussi son musée sur l’élaboration du champagne.
*Le château Perrier, construit au XIX ème dans le style Louis XIII pour Charles Perrier propriétaire de la marque de champagne Perrier-Jouet. En 1940 il abrita le QG des armées britanniques, puis allemandes de 1942 à 1944. Après la libération de la ville par Patton, les Américains s’y établirent à leur tour !
*Le théâtre Gabrielle Dorziat, du nom d’une comédienne née à Epernay. Inauguré en 1902, il est un des rares théâtre à l’italienne dont la machinerie est encore dans son état d’origine. Mais on n’est pas au coeur du champagne pour rien : les nudités allégoriques des peintures du plafond du foyer chantent l’amour au milieu de guirlandes de raisins. Et sur la façade une sculpture évoque la vigne inspirant l’art théâtral !
*L’abbaye de Hautvillers, fondée en 650, et célèbre par son moine Dom Pérignon (1639-1715) pour ses trouvailles novatrices dans l’élaboration du champagne par assemblage de crus différents.
*Le château de La Marquetterie à Pierry. Ce pur joyau Louis XV a été construit en 1734 par un neveu du grand architecte Gabriel. Pendant la Grande guerre, le maréchal Foch en fit son quartier général. Et son énorme Renault à 6 roues, avec laquelle il sillonnait les champs de bataille, y est d’ailleurs exposée. Tombé sous le charme du château alors qu’il y était en service à l’état major en 1915, Pierre Taittinger le racheta en 1932.
*L’abbatiale St Pierre d’Orbais . Avec son architecture monumentale et sa flèche gothique qui se voit de loin, elle a été élevée au XII ème par Jean d’Orbais. Celui-ci en aurait fait le prototype de la cathédrale de Reims dont il sera le premier maitre d’oeuvre.
*Le mémorial de Dormans, sa grande tour et son ossuaire rassemblent les restes de 1500 soldats de toutes nationalités (dont seuls 11 furent identifiés) qui furent tués pendant les combats sur le front de la Marne.