Dominique et Jacques Juillard / Domaine de la Sorbière
Dans le Beaujolais, cette Ford T centenaire, première voiture bon marché de l’Histoire, simple, robuste et peu couteuse à l’entretien, roule à nouveau après avoir été longtemps mise en sommeil.
SURPRISE DANS LA PÉNOMBRE « Je n’en reviens toujours pas d’avoir découvert cette caverne d’Ali Baba ! Un vrai trésor caché là depuis plus d’un demi siècle… » Ce 10 octobre 1979, Dominique Juillard s’en souviendra toute sa vie. Le jour où sous une maison bourgeoise de Lyon il a pénétré au fond du garage d’une vieille dame qui avait répondu à son annonce « Cherche voiture ancienne ». Soudain, dans la pénombre, lui est apparue la surprenante silhouette haute sur pattes d’une Ford T « Center door » de 1922 ressemblant à un carrosse avec ses portières centrales encadrées de hautes fenêtres.
COMPLIQUÉE A CONDUIRE La fameuse Ford emblématique, première voiture populaire au monde avec 16,4 millions d’exemplaires entre 1908 et 1927, avant que les 21 millions de Coccinelle Volkswagen lui ravissent la vedette. Cette star de l’époque, le mari de la vieille dame se l’était offerte en 1922, puis s‘était ravisé en 1925 en la remplaçant par une plus moderne Citroën B12 aux 4 portières davantage fonctionnelles et à la conduite moins compliquée. Car il ne fallait pas se mélanger les pédales ! Celle de droite (l’accélérateur pour nous) correspondait au frein !
DANS LES FILMS MUETS Celle de gauche servait pour les vitesses : enfoncée pour démarrer en première, en position centrale au point mort et relevée comme une seconde pour rouler jusqu’à 70 km/h. Une sorte d’ancêtre de la boite automatique. Quant à celle du milieu elle permettait de passer instantanément de marche avant en marche arrière en appuyant dessus. Un va et vient source de gags qui seront beaucoup utilisés dans les films muets de Laurel et Hardy ! Et l’accélérateur dans tout ça ? Il s’actionnait en fait par une manette sur le volant. Quant au frein à main, il se trouvait entre les jambes du conducteur !
BELLE AUBAINE On comprends mieux, maintenant, pourquoi depuis 1925, aux tréfonds de cet obscur sous sol, la Ford T, immobilisée sous la poussière, était tombée aux oubliettes pour son manque de praticité. « A l’époque, j’avais 24 ans et pas trop le sou. Et à ma grande surprise, la vieille dame qui était ravie de s’en débarrasser me l’a donnée ! » Une aubaine pour ce fondu d’automobile avec un père carrossier qui lui avait communiqué sa passion. Au point que tout jeune, il avait déjà voulu restaurer une vieille Peugeot 201 à l’abandon. « Mais c’est mon père qui était allé la chercher car je n’avais pas encore mon permis ! »
20 CHEVAUX A RÉVEILLER Restait donc cette fois-ci à redonner vie à la vieille Ford T endormie. La réveiller après un si long sommeil risquait d’être problématique. Alors pour tester, va pour une batterie neuve, plus un décrassage du moteur au mazout pour le dégripper. « A ma grande surprise, les 20 chevaux du quatre cylindres 2896 cm3 ont éternué tout de suite. Et incroyable, le moteur s’est mis à tourner comme une horloge ! La Ford T méritait bien sa renommée de robustesse indestructible. »
VOITURE A TOUT FAIRE Une réputation qui lui a valu son succès planétaire avec une variété de versions allant du coupé à la voiture de pompier, du cabriolet aux ambulances très utilisées durant la première guerre mondiale, de la camionnette aux torpedos. Populaire, la Ford T, voiture à tout faire, l’est surtout devenue par son prix imbattable obtenu par l’ingénieux Henry Ford grâce à la simplicité de sa conception standardisée et à une fabrication industrielle à la chaine d’avant garde en 1913 dans sa nouvelle usine gigantesque de Highland Park près de Detroit.
4000 PAR JOUR Le temps d’assemblage y passe alors de 12h30 à 1heure 30 et abaisse d’autant le prix de revient pour rendre accessible au plus grand nombre la Ford T. A commencer par ses ouvriers dont Henry Ford double les salaires. Pas par générosité. Mais pour qu’ils deviennent eux aussi des acheteurs potentiels de son auto qui sort à la cadence hallucinante de 4000 par jour. Une voiture toutes les 24 secondes !
RIEN NE SE PERD Et tout est bon pour serrer les coûts. « Pourquoi toutes les voitures étaient peintes en noir ? s’amuse Jacques Juillard. Parce c’était la teinte la moins chère. Et comme elle séchait plus rapidement, elle ne ralentissait pas les cadences. D’autant que pour aller plus vite encore, les Ford T étaient peintes avec un balai dont on voit encore les traces sur la carrosserie ! » A la fois génial et diabolique, Henry Ford exige aussi que les livraisons à l’usine arrivent dans des caisses en bois de 2 mètres. Mais pourquoi donc ? Pour les réutiliser ensuite comme plancher de ses voitures !
PRIX DIVISÉ PAR DEUX Avec ce taylorisme poussé à l’extrême, la Ford T vendue 850 dollars en 1908, ne vaudra plus que 375 dollars en 1926. Et quand les prix chutent, les ventes explosent : en 1924 où elle atteint les 10 millions d’exemplaires produits depuis ses débuts, la Ford T représente plus de la moitié des voitures en circulation dans le monde ! Avec des usines au Mexique, en Australie, au Japon en Allemagne, en Angleterre. En France, la petite unité de montage créée en 1913 par l’importateur à Bordeaux est rachetée en 1916 par la marque américaine.
USINE À BORDEAUX Henry Ford va carrément construire une usine et mettre en faillite les petits constructeurs locaux comme Motobloc ou Georges Roy qui ne peuvent rivaliser avec ses cadences intenables de 135 voitures par jour contre une chez eux. De Bordeaux, les Ford T inondent aussi l’Algérie, le Maroc, la Tunisie. Mais aveuglé par son succès, l’autoritaire Henry Ford va commettre une erreur. En se contentant d’engranger commandes et bénéfices, il n’a pas fait évoluer sa voiture.
AUTO DÉPASSÉE Après 19 ans d’existence, la Ford T est devenue archaïque et de conception obsolète. Alors que ses concurrents Cadillac, Chevrolet, Chrysler sortent des modèles plus modernes. Du coup, les ventes ne cessent de baisser. Après l’année record en 1922 avec 2,1 millions de voitures, la production chute à 1,6 million en 1926. Ford n’est plus le Number one. Les comptes virent au rouge. La Ford T est arrêtée l’année suivante.
PANTHÉON DE L’AUTOMOBILE Et il faudra trente ans pour que Ford revienne à l’équilibre. Edsel Ford qui a remplacé son père à la présidence meurt en 1943 d’un cancer à 49 ans. Du coup, le vieil Henry Ford reprend les rênes. Las, en 1947, à 83 ans, l’homme qui a révolutionné l’industrie pour démocratiser la voiture lâchera définitivement le volant. Mais restera immortel au Panthéon de l’Histoire automobile.
LA MÊME MARQUE AUJOURD’HUI
FORD KUGA FHEV FLEXIFUEL E85, LE SUV QUI FAIT LE PLEIN À MOITIÉ PRIX
Ford est le seul constructeur à offrir une alternative à la flambée du prix des carburants. Sa solution miracle : le bioéthanol. Mais rouler à l’alcool , très corrosif, a nécessité des changements sur le moteur. Résultat : plus on roule, plus on fait des économies grâce à ce carburant 50% moins cher que l’essence super. Avec en plus une légère hybridation en électrique qui peut se substituer au moteur thermique en ville…lire la suite
OENOTOURISME
LE VIGNOBLE
« Pour nos vins, 2023 aura été une année extraordinaire. On a jamais vu ça ! Les vendanges ont été menées rapidement pour éviter un degré d’alcool trop haut qui dénature ensuite le fruité des raisins. C’est mûr, et magnifique en qualité comme en quantité reconnait Jacques Juillard qui a repris en 1991 les destinées du vignoble familial à Saint Lager, avec l’aide de son frère Dominique. En tout 8 hectares convertis en bio pour des vins naturels sans sulfites très intéressants pour leur originalité. Avec des Brouilly, des Morgon et des Régnié en Crus AOP (9€) ou élevés en jarre (18 €). 
« Cela donne un fruité plus franc avec davantage de richesse d’arômes, par la forme arrondie de la jarre qui fait naturellement remonter le vin dans un mouvement circulaire et permet une micro oxygénation » explique Jacques Juillard. A côté de sa maison à Quincié qui fut celle du père de Bernard Pivot, il a replanté 5 hectares en Chardonnay, Gamay, Pinot noir, et Gamaret un cépage hybride suisse plus tardif et structurant pour le vin qui a la particularité par sa peau plus épaisse d’être résistant aux risques de pourriture et de pouvoir se passer de traitements phytosanitaires. Ainsi qu’un autre cépage hybride récent qui se défend tout seul contre le mildiou et l’oïdium, le Floréal. Après vinification et macération d’un mois, les jus passent une phase d’élevage en futs ou en jarre entre 6 et 12 mois selon les vins, juste pour arrondir les tanins avant la mise en bouteille. Et sous le label Terre de Roche, les Juillard produisent aussi à leur façon en jarre des vins de cépage en Gamay, Pinot et Gamaret frais et gouleyant (10 €).
jacques.juillard.1@cegetel.net / 06 86 92 44 42
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-SAINTE PAULE, de Oingt, grimpez par la petite route escarpée jusqu’à ce petit village d’où l’on a une vue spectaculaire sur les multitudes collines verdoyantes de vignes, de prés et de villages perchés qui donnent l’impression d’être en Toscane. Tentez votre chance, si il n’est pas dans ses vignes centenaires, de frapper à la porte du truculent Alain Chatout dont le caveau recèle des trésors à tomber par terre !
-CHARNAY, figure aussi parmi plus beaux villages aux maisons en pierres dorées dont l’emblématique château est devenu la mairie. Intéressant aussi dans les parages le château du Sou, de Bagnols et de Rapetour à Theizé avec sa galerie italienne
-TERNAND, cet ancien village fortifié du XIIIème, opposé en contrebas à Oingt, vous fait agréablement remonter le temps avec son chemin de ronde et ses ruelles en pente
